La sortie d'un nouveau
long-métrage signé du réalisateur italien Dario Argento est
toujours un événement. Même lorsqu'il s'inscrit dix ans après le
médiocre Dracula 3D
sorti en 2012. L'auteur de la plupart des plus grands gialli des
années soixante-dix et quatre-vingt revenait donc il y a deux ans
avec Occhiali neri,
œuvre qui signe également le retour de l'auteur de Suspiria,
de Profondo Rosso
ou de Tenebrae
dans un genre qui le rendit célèbre et auquel il donna ses lettres
de noblesse. Il y a, dans ce retour au cinéma de Dario Argento, une
bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne, c'est que le cinéaste ne
signe là, pas son plus mauvais film. La mauvaise, c'est qu'il ne
s'agit pas non plus d'une œuvre qui marquera les esprits des fans de
la première heure ni même ceux qui découvrirent la filmographie de
l'italien sur le tard ! Pourtant, en dépit d'un nombre
relativement important de critiques négatives, Occhiali
neri
est loin d'être l'infamie à laquelle nous aurions pu nous attendre.
Surtout si l'on prend en considération les dernières productions du
réalisateur et scénariste transalpin qui au sein d'une
filmographie jusque là, plutôt brillante, avaient terminé de
ternir une réputation et une carrière auxquelles il aurait sans
doute dû mettre un terme il y a environ un quart de siècle. C'est
donc à l'âge de quatre-vingt deux ans que Dario Argento est revenu
hanter l'esprit des amateurs de gialli en proposant le dernier opus
d'une série de longs-métrages presque tous remarquables. Le rôle
principal, le réalisateur l'a offert à la splendide actrice
italienne Ilenia Pastorelli dont la carrière débuta à l'âge de
vingt ans avec On l'appelle Jeeg Robot
de Gabriele Mainetti et qui jusqu'à maintenant s'est montrée plutôt
éparse. Dans Occhiali neri,
elle incarne le rôle de Diana, jeune et jolie call-girl qui perd la
vue après avoir été poursuivie en voiture par un tueur en série.
Une agression à l'issue de laquelle la jeune femme a causé un grave
accident ayant causé la mort d'un couple d'asiatiques dont le fils
fut le seul rescapé. Pour ne rien arranger, Diana a perdu la vue.
Une cécité causée par une hémorragie.
Ne
sachant comment se faire pardonner la mort de ses deux parents, elle
rend visite à Chin (Andrea Zhang) et lui offre un jouet avant de
laisser sa carte à la directrice de l'orphelinat en cas de besoin.
Le garçon s'empare alors de la dite carte et rend visite à Diana
qu'il supplie de l'héberger. La jeune aveugle accepte au risque
d'avoir des problèmes avec la justice ainsi qu'avec les inspecteurs
sociaux Bajani et Baldacci. Contre toute attente, Chin et Diana vont
s'épauler et s'entraider afin de mettre un terme aux agissements du
tueur en série qui jusqu'à maintenant à fait huit victimes... Si
dans le genre Giallo la découverte de l'identité du tueur est l'un
des intérêt essentiels de ce genre de production, celle du tueur en
question risque de décevoir les amateurs de ''Whodunit''. En effet,
ce qui semble au demeurant évident l'est effectivement en
définitive. Rien de surprenant donc de ce côté là de l'intrigue.
L'atout principal tient donc moins dans l'identité de l'assassin que
dans le portrait de la victime qu'il traque tout au long du récit.
Et ce, même si la présence d'un protagoniste aveugle n'est pas
toute neuve au cinéma (Seule dans la nuit de
Terence Young en 1967, Terreur aveugle
de Richard Fleischer en 1971 ou encore Don't
Breathe de
Fede Álvarez en 2016). Plus qu'un simple thriller horrifique, le
dernier long-métrage de Dario Argento met en scène un personnage
central relativement touchant. À ce titre, Ilenia Pastorelli est
particulièrement convaincante et accompagnée par un jeune Andrea
Zhang lui-même attachant. Le problème de Occhiali
neri
demeure dans son approche quelque peu passéiste qui ne lui octroie
malgré tout pas le même charme que les premiers gialli signés par
l'italien au début de sa carrière. Il va donc falloir se montrer
particulièrement indulgent et faire la part des choses. Car si le
plaisir de retrouver Dario Argento reste intacte, son dernier film se
montre franchement peu encourageant quand à l'éventuelle suite de
sa carrière. Nous accorderons malgré tout à Occhiali
neri une
ambiance parfois intimidante due à la troublante et minimale
partition musicale du compositeur Arnaud Rebotini, laquelle accentue
une œuvre qui sans elle n'aurait sans doute pas dépassé le stade
de l'acceptable. Au final, avec ses quelques meurtres sanglants, sa
principale interprètes et quelques idées visuellement
intéressantes, Occhiali neri échappe
au pire mais ne restera de mémoire que comme l'une des œuvres les
plus faibles de leur auteur...
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