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mercredi 20 avril 2022

The Card Player de Dario Argento (2004) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Pour commencer, je voudrais tout d'abord préciser que la version que j'ai eue entre les mains est l'édition ''Morpheus'' de The Card Player. Soit une durée de cinq heures. Une version qui de part chez nous est aussi connue sous le nom de ''Space-Time Loop Edition''................................................
Meuh non, je rigooOoole. Pour être plus sérieux, et sur une échelle qui n'a pas de nom me semble-t-il, il doit bien exister un barème prenant en compte le nombre de fois que l'on s'endort devant un film. Dans le cas présent, j'ai arrêté de compter après la quatrième. D'où les concepts vaguement drôles, je le concède, évoquant boucle spatio-temporelle et Morphée, divinité dont Dario Argento semble avoir involontairement adopté le mode de fonctionnement en cette année 2004. Car comme le signifiait très justement Jonathan Charpigny dans son excellent article consacré au seizième long-métrage du cinéaste italien, on pourra comparer la chose à un téléfilm allemand, ou même l'une des plus célèbres séries de chez nos voisins germaniques parmi lesquelles, sans vouloir enfoncer des portes ouvertes, je citerai Derrick. Mais de mon côté, je n'irai pas jusqu'à passer la frontière allemande mais évoquerai plutôt deux exemples bien de chez nous. Non, sérieux, on a du mal à croire que le film a été tourné à Rome, la ''Ville éternelle'', la ''Sérénissime'', tant les locaux de la police où fut tournée la majorité des séquences ressemblent à ceux qui servirent de décors au séries françaises Navarro (situés à Bezons dans le Val-d'Oise) ou Julie Lescaut (localisés quant à eux à Vanves dans les Hauts-de-Seine). On s'attendrait presque à voir débarquer le premier, suivi de ses ''Mulets'', ou la seconde, précédée des officiers du Commissariat des Clairières...


Passé ce drôle de sentiment que The Card Player a dormi dans des cartons durant vingt ans après avoir été tourné dans le courant des années quatre-vingt, l'ensemble s'avère plutôt digeste pour celui qui parvient à faire abstraction des chefs-d’œuvre accumulés dans le passé par Dario Argento. Car s'il est vrai que le film fait partie de ce que l'italien a engendré de moins bon, on connaît parmi nombre de réalisateurs de la Botte, certains dont les fins de carrière furent terriblement plus rudes. L'héroïne de ce film plus policier que ''giallesque'', c'est Anna Mari qu'interprète la délicieuse Stefania Rocca. Et non, pas d'Asia Argento à l'horizon, laquelle réalisait la même année le surestimé Le livre de Jérémie et qui sans doute, devait se préparer psychologiquement à entrer dans la légende du cycle des zombies de l'immense George Romero en intégrant le casting du Territoire des morts l'année suivante. D'emblée, The Card Player évoque que l'on veuille ou non, un certain Silence des agneaux visible sur grand écran treize ans auparavant. Malheureusement, et malgré tout le bien que l'on peut penser de l'actrice originaire de Turin, Stefania Rocca n'est pas Jodie Foster, Dario Argento (dans le cas présent, du moins) n'est pas Jonathan Demme, Claudio Simonetti (l'un des fondateurs de l'immense groupe de rock progressif italien Goblin) n'est pas Howard Shore, tout comme le réalisateur et son scénariste Franco Ferrini ne sont ni Ted Tally, ni l'auteur du roman original The Silence of the Lambs, Thomas harris...


Effectivement, The Card Player évoque tout d'abord le classique de Jonathan Demme. Ses cadavres repêchés dont les corps conçus à l'ancienne, au latex, laissent envisager leur état de décomposition et dont l'une des autopsies renvoie directement à celle effectuée par Clarice Starling dans Le Silence des agneaux. Jusqu'à même évoquer un objet obstruant les voies respiratoires de la victime (une graine retrouvée dans une narine remplaçant cette fois-ci un cocon d'insecte prélevée à l'époque dans la gorge). Assez répétitif, le film oppose Anna Mari et toute son équipe de policier à un dingue qui menace de démembrer des jeunes femmes qu'il kidnappe au cours de parties de poker en réseau. Mission difficile confiée au flic qui aura la lourde responsabilité de le confronter puisque à chaque défaite, c'est un bras ou une jambe que la victime se verra prélever ! Inutile d'espérer voir des hectolitres de sang. Car si le commissariat se retrouve face à un serial killer d'abord nettement supérieur à ses adversaires, c'est pour mieux évoquer ses horribles agissements dont nous ne verrons rien de plus que les pleurs et les cris de ses victimes. Il est d'ailleurs amusant de noter que les technologies informatiques de l'époque ne permettaient pas encore d'afficher de belles images au format HD sur de beaux moniteurs incurvés de 27 pouces ! D'où une architecture bien laide (fenêtres et couleurs façon Windows95) ! Accompagnant l'héroïne dans son aventure, l'acteur Liam Cunningham incarne John Brennan, un flic alcoolique assez peu crédible. Nous noterons la présence de l'acteur Luis Molteni dans le rôle du pathologiste/ténor, sosie presque parfait du dingue bien glauque et craspec de The Human Centipede II (Fulls Sequence) qu'interprétera sept ans plus tard l'acteur anglais Laurence R. Harvey. Claudio Simonetti compose une bande originaire loin d'atteindre les chefs-d’œuvre du temps passé (On est loin, très loin des Goblin de l'époque Zombie, Profondo Rosso ou Buio Omega...). En fait, The Card Player semble curieusement daté. Bien davantage que son année de sortie. Au final, sans être une purge, le film se conçoit comme une déception de la part du maître du Giallo, mais qui en terme de somnifère s'avère plutôt efficace...

 

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