Pour commencer, je
voudrais tout d'abord préciser que la version que j'ai eue entre les
mains est l'édition ''Morpheus''
de The Card Player.
Soit une durée de cinq heures. Une version qui de part chez nous
est aussi connue sous le nom de ''Space-Time
Loop Edition''................................................
Meuh
non, je rigooOoole. Pour être plus sérieux, et sur une échelle qui
n'a pas de nom me semble-t-il, il doit bien exister un barème
prenant en compte le nombre de fois que l'on s'endort devant un film.
Dans le cas présent, j'ai arrêté de compter après la quatrième.
D'où les concepts vaguement drôles, je le concède, évoquant
boucle spatio-temporelle et Morphée, divinité dont Dario Argento
semble avoir involontairement adopté le mode de fonctionnement en
cette année 2004. Car comme le signifiait très justement Jonathan
Charpigny dans son excellent article consacré au seizième
long-métrage du cinéaste italien, on pourra comparer la chose à un
téléfilm allemand, ou même l'une des plus célèbres séries de
chez nos voisins germaniques parmi lesquelles, sans vouloir enfoncer
des portes ouvertes, je citerai Derrick.
Mais de mon côté, je n'irai pas jusqu'à passer la frontière
allemande mais évoquerai plutôt deux exemples bien de chez nous.
Non, sérieux, on a du mal à croire que le film a été tourné à
Rome, la ''Ville
éternelle'',
la ''Sérénissime'',
tant les locaux de la police où fut tournée la majorité des
séquences ressemblent à ceux qui servirent de décors au séries
françaises Navarro
(situés à Bezons dans le Val-d'Oise) ou Julie
Lescaut (localisés
quant à eux à Vanves dans les Hauts-de-Seine). On s'attendrait
presque à voir débarquer le premier, suivi de ses ''Mulets'',
ou la seconde, précédée des officiers du Commissariat des
Clairières...
Passé
ce drôle de sentiment que The Card Player
a dormi dans des cartons durant vingt ans après avoir été tourné
dans le courant des années quatre-vingt, l'ensemble s'avère plutôt
digeste pour celui qui parvient à faire abstraction des
chefs-d’œuvre accumulés dans le passé par Dario Argento. Car
s'il est vrai que le film fait partie de ce que l'italien a engendré
de moins bon, on connaît parmi nombre de réalisateurs de la Botte,
certains dont les fins de carrière furent terriblement plus rudes.
L'héroïne de ce film plus policier que ''giallesque'',
c'est Anna Mari qu'interprète la délicieuse Stefania Rocca. Et
non, pas d'Asia Argento à l'horizon, laquelle réalisait la même
année le surestimé Le livre de Jérémie
et qui sans
doute, devait se préparer psychologiquement à entrer dans la
légende du cycle des zombies de l'immense George Romero en intégrant
le casting du Territoire des morts
l'année suivante. D'emblée, The Card Player
évoque
que l'on veuille ou non, un certain Silence des
agneaux
visible sur grand écran treize ans auparavant. Malheureusement, et
malgré tout le bien que l'on peut penser de l'actrice originaire de
Turin, Stefania Rocca n'est pas Jodie Foster, Dario Argento (dans le
cas présent, du moins) n'est pas Jonathan Demme, Claudio Simonetti
(l'un des fondateurs de l'immense groupe de rock progressif italien
Goblin)
n'est pas Howard Shore, tout comme le réalisateur et son scénariste
Franco Ferrini ne sont ni Ted Tally, ni l'auteur du roman original
The Silence of the
Lambs,
Thomas harris...
Effectivement,
The Card Player
évoque tout d'abord le classique de Jonathan Demme. Ses cadavres
repêchés dont les corps conçus à l'ancienne, au latex, laissent
envisager leur état de décomposition et dont l'une des autopsies
renvoie directement à celle effectuée par Clarice Starling dans Le
Silence des agneaux.
Jusqu'à même évoquer un objet obstruant les voies respiratoires de
la victime (une graine retrouvée dans une narine remplaçant cette
fois-ci un cocon d'insecte prélevée à l'époque dans la gorge).
Assez répétitif, le film oppose Anna Mari et toute son équipe de
policier à un dingue qui menace de démembrer des jeunes femmes
qu'il kidnappe au cours de parties de poker en réseau. Mission
difficile confiée au flic qui aura la lourde responsabilité de le
confronter puisque à chaque défaite, c'est un bras ou une jambe que
la victime se verra prélever ! Inutile d'espérer voir des
hectolitres de sang. Car si le commissariat se retrouve face à un
serial killer d'abord nettement supérieur à ses adversaires, c'est
pour mieux évoquer ses horribles agissements dont nous ne verrons
rien de plus que les pleurs et les cris de ses victimes. Il est
d'ailleurs amusant de noter que les technologies informatiques de
l'époque ne permettaient pas encore d'afficher de belles images au
format HD
sur de beaux moniteurs incurvés de 27 pouces ! D'où une
architecture bien laide (fenêtres et couleurs façon Windows95) !
Accompagnant l'héroïne dans son aventure, l'acteur Liam Cunningham
incarne John Brennan, un flic alcoolique assez peu crédible. Nous
noterons la présence de l'acteur Luis Molteni dans le rôle du
pathologiste/ténor, sosie presque parfait du dingue bien glauque et
craspec de The
Human Centipede II (Fulls Sequence)
qu'interprétera sept ans plus tard l'acteur anglais Laurence R.
Harvey.
Claudio Simonetti compose une bande originaire loin d'atteindre les
chefs-d’œuvre du temps passé (On est loin, très loin des Goblin
de l'époque Zombie,
Profondo Rosso
ou Buio Omega...).
En fait, The Card Player
semble curieusement daté. Bien davantage que son année de sortie.
Au final, sans être une purge, le film se conçoit comme une
déception de la part du maître du Giallo,
mais qui en terme de somnifère s'avère plutôt efficace...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire