Dans un univers
parallèle, sans doute que Kevin Connor n'aurait pas fait partie du
projet Motel Hell.
Sans doute William Friedkin n'aurait-il pas obtenu pour Tobe Hooper
un contrat avec la Universal.
Et sans doute que ce dernier aurait pu réaliser lui-même cette
variante du chef-d’œuvre dont il accoucha en 1974. Le fameux
Massacre à la tronçonneuse
(Texas Chainsaw Massacre),
avec sa famille de dégénérés travaillant dans la production de
viande.... humaine ! Une thématique qui va faire beaucoup de
petits dont ce Motel Hell
justement qui sortira chez nous sous le titre de Nuits
de cauchemar.
Objet de culte sur son territoire mais aussi chez nous, dans
l'hexagone. Qui connut diverses éditions au format VHS
dont celle éditée dans la collection Les
nuits fantastiques
chez Warner Bros
est demeurée mythique. Mais pourquoi donc évoquer tout d'abord
l'auteur du Crocodile de la mort,
de Lifeforce
ou de L'Invasion vient de Mars ?
Parce qu'à l'origine, Tobe Hooper était bien prévu à la mise en
scène. Sous contrat avec la Universal et sans doute aussi parce que
sa vision risquait d'être beaucoup plus sombre que celle de Kevin
Connor, c'est finalement ce dernier qui se verra confier la
réalisation de Motel Hell.
Le ton y est nettement moins morbide et désespéré que celui de
Massacre à la tronçonneuse.
Voire même, humoristique comme le sera la séquelle du classique de
Tobe Hooper que le texan réalisera lui-même en 1986. Un Massacre
à la tronçonneuse 2 qui
sonnera d'ailleurs comme une revanche puisque la suite des aventures
de Leatherface et de sa famille de timbrés sera tout comme le film
de Kevin Connor abordé sous un angle humoristique avec, en sus, un
duel à la tronçonneuse similaire à celui qui sera visible à la
fin de Motel Hell...
Ce
dernier met en scène Vincent Smith et son obèse de sœur, Ida. Le
premier est incarné par l'acteur Rory Calhoun que l'on pu notamment
voir dans un certain nombre de western durant sa carrière et la
seconde par Nancy Parsons qui dans la série de longs-métrages
Porky's
interpréta le rôle de Balbricker et apparu même dans le quatrième
volet des aventures de l'inspecteur Harry, Sudden
Impact.
Vincent et Ida vivent ensemble en frère et sœur dans un motel isolé
du fin fonde de l'Amérique où les clients se bousculent moins pour
louer une chambre que pour leur acheter la viande fumée qu'ils
produisent eux-même et dont la réputation à fait le tour de la
région ainsi que leur renommée. Une viande dont la préparation
reste secrète et à laquelle Vincent et Ida ajoutent un ingrédient
qui fait sa particularité. Un soir, lors d'un accident qui coûte la
vie à un jeune homme, Vincent sauve celle de la jeune et jolie Terry
qu'il emporte jusque dans la ferme familiale où il va la soigner et
l'abriter contre l'avis d'Ida qui malgré tout fera contre fortune
bon cœur. La jeune femme est interprétée par l'actrice Nina
Axelrod dont la courte carrière d'une dizaine d'années constituée
d'une douzaine d'apparitions fut majoritairement télévisuelle
puisqu'on pu la découvrir dans les séries Drôles
de dames,
L'île fantastique
ou encore Chips...
Quant à l'acteur Paul Linke, il interprète le rôle
du Shérif Bruce Smith, un membre de la famille qui va tomber
amoureux de la jeune femme qui elle-même va s'éprendre de Vincent.
Si l'histoire semble somme toute très classique, ce qui fait sa
particularité se cache non loin de la ferme des Smith. Là où
Vincent et Ida enterrent des touristes de passage et de pauvres
victimes accidentées qu'ils gavent comme des oies après leur avoir
coupé les cordes vocales.
Car en effet, la viande
fumée si populaire de ce couple de rednecks est en partie constituée
de chair humaine. Voici donc que Motel Hell
rejoint la famille des détraqués vivant sur le dos de victimes dont
ils exploitent la viande afin de survivre. Mais ici, point question
de dévorer eux-même de la chair humaine. Non, Vincent et Ida n'en
font que le commerce. Comparé à son modèle, le long-métrage de
Kevin Connor ne fait évidemment pas le poids. Pourtant, le film est
parcouru de séquences cultes. À commencer par ce jardin potager
d'un genre nouveau où les légumes portent des coiffes mouvantes
cachant des hommes et des femmes ''plantés'' jusqu'au cou et
gémissant, les cordes vocales prélevées. Il y a dans ce récit un
relent d'inceste à travers le portrait de la ventripotente Nancy
Parsons qui interprète donc la sœur Ida, laquelle apprécie
faussement la jolie Terry dont elle tentera de se débarrasser. Avec
ses couettes, cette grosse bêta partage son existence avec son frère
Vincent, portant chemise à carreaux rouges et salopette de travail.
Le couple de ploucs américains rêvé ! Si la première moitié
du long-métrage s'avère on ne peut plus classique, Kevin Connor
l'emmène vers une voie de plus en plus délirante. En témoignent
des séquences surréalistes parmi lesquelles l'exécution et le
déracinement des victimes des Smith n'est pas des moindres. Ne
parlons même pas du duel à la tronçonneuse lors de laquelle le
shérif combat un Vincent affublé d'une tête de cochon. Sympathique
sans être inoubliable, Motel Hell
fera d'abord le bonheur des complétistes, amateurs de familles dégénérées...
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