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vendredi 18 février 2022

Nuits de cauchemar (Motel Hell) de Kevin Connor (1980) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Dans un univers parallèle, sans doute que Kevin Connor n'aurait pas fait partie du projet Motel Hell. Sans doute William Friedkin n'aurait-il pas obtenu pour Tobe Hooper un contrat avec la Universal. Et sans doute que ce dernier aurait pu réaliser lui-même cette variante du chef-d’œuvre dont il accoucha en 1974. Le fameux Massacre à la tronçonneuse (Texas Chainsaw Massacre), avec sa famille de dégénérés travaillant dans la production de viande.... humaine ! Une thématique qui va faire beaucoup de petits dont ce Motel Hell justement qui sortira chez nous sous le titre de Nuits de cauchemar. Objet de culte sur son territoire mais aussi chez nous, dans l'hexagone. Qui connut diverses éditions au format VHS dont celle éditée dans la collection Les nuits fantastiques chez Warner Bros est demeurée mythique. Mais pourquoi donc évoquer tout d'abord l'auteur du Crocodile de la mort, de Lifeforce ou de L'Invasion vient de Mars ? Parce qu'à l'origine, Tobe Hooper était bien prévu à la mise en scène. Sous contrat avec la Universal et sans doute aussi parce que sa vision risquait d'être beaucoup plus sombre que celle de Kevin Connor, c'est finalement ce dernier qui se verra confier la réalisation de Motel Hell. Le ton y est nettement moins morbide et désespéré que celui de Massacre à la tronçonneuse. Voire même, humoristique comme le sera la séquelle du classique de Tobe Hooper que le texan réalisera lui-même en 1986. Un Massacre à la tronçonneuse 2 qui sonnera d'ailleurs comme une revanche puisque la suite des aventures de Leatherface et de sa famille de timbrés sera tout comme le film de Kevin Connor abordé sous un angle humoristique avec, en sus, un duel à la tronçonneuse similaire à celui qui sera visible à la fin de Motel Hell...


Ce dernier met en scène Vincent Smith et son obèse de sœur, Ida. Le premier est incarné par l'acteur Rory Calhoun que l'on pu notamment voir dans un certain nombre de western durant sa carrière et la seconde par Nancy Parsons qui dans la série de longs-métrages Porky's interpréta le rôle de Balbricker et apparu même dans le quatrième volet des aventures de l'inspecteur Harry, Sudden Impact. Vincent et Ida vivent ensemble en frère et sœur dans un motel isolé du fin fonde de l'Amérique où les clients se bousculent moins pour louer une chambre que pour leur acheter la viande fumée qu'ils produisent eux-même et dont la réputation à fait le tour de la région ainsi que leur renommée. Une viande dont la préparation reste secrète et à laquelle Vincent et Ida ajoutent un ingrédient qui fait sa particularité. Un soir, lors d'un accident qui coûte la vie à un jeune homme, Vincent sauve celle de la jeune et jolie Terry qu'il emporte jusque dans la ferme familiale où il va la soigner et l'abriter contre l'avis d'Ida qui malgré tout fera contre fortune bon cœur. La jeune femme est interprétée par l'actrice Nina Axelrod dont la courte carrière d'une dizaine d'années constituée d'une douzaine d'apparitions fut majoritairement télévisuelle puisqu'on pu la découvrir dans les séries Drôles de dames, L'île fantastique ou encore Chips... Quant à l'acteur Paul Linke, il interprète le rôle du Shérif Bruce Smith, un membre de la famille qui va tomber amoureux de la jeune femme qui elle-même va s'éprendre de Vincent. Si l'histoire semble somme toute très classique, ce qui fait sa particularité se cache non loin de la ferme des Smith. Là où Vincent et Ida enterrent des touristes de passage et de pauvres victimes accidentées qu'ils gavent comme des oies après leur avoir coupé les cordes vocales.


Car en effet, la viande fumée si populaire de ce couple de rednecks est en partie constituée de chair humaine. Voici donc que Motel Hell rejoint la famille des détraqués vivant sur le dos de victimes dont ils exploitent la viande afin de survivre. Mais ici, point question de dévorer eux-même de la chair humaine. Non, Vincent et Ida n'en font que le commerce. Comparé à son modèle, le long-métrage de Kevin Connor ne fait évidemment pas le poids. Pourtant, le film est parcouru de séquences cultes. À commencer par ce jardin potager d'un genre nouveau où les légumes portent des coiffes mouvantes cachant des hommes et des femmes ''plantés'' jusqu'au cou et gémissant, les cordes vocales prélevées. Il y a dans ce récit un relent d'inceste à travers le portrait de la ventripotente Nancy Parsons qui interprète donc la sœur Ida, laquelle apprécie faussement la jolie Terry dont elle tentera de se débarrasser. Avec ses couettes, cette grosse bêta partage son existence avec son frère Vincent, portant chemise à carreaux rouges et salopette de travail. Le couple de ploucs américains rêvé ! Si la première moitié du long-métrage s'avère on ne peut plus classique, Kevin Connor l'emmène vers une voie de plus en plus délirante. En témoignent des séquences surréalistes parmi lesquelles l'exécution et le déracinement des victimes des Smith n'est pas des moindres. Ne parlons même pas du duel à la tronçonneuse lors de laquelle le shérif combat un Vincent affublé d'une tête de cochon. Sympathique sans être inoubliable, Motel Hell fera d'abord le bonheur des complétistes, amateurs de familles dégénérées...

 

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