La question que je me
suis posé à la fin de la projection de cette Conquête
signée par le cinéaste, dramaturge et scénariste français, Xavier
Durringer est celle-ci : faut-il s’apitoyer pour cet homme
d'état que fut Nicolas Sarkozy lors des quelques mois qui
précédèrent son élection au poste de président de la République
ou bien demeurer insensible devant cet étalage quelque peu impudique
mais ô combien instructif d'un exercice de l''état qui ressemble
finalement en tous points à un bac à sable pour adultes ? La
question reste posée. Elle et beaucoup d'autres d'ailleurs. Surtout
si l'on se positionne en tant qu'inculte en la matière, portrait
auquel je me référerai sans honte puisque la politique et moi, ça
ne fait pas deux, ni trois, ni dix, mais mille ! Voir tous ces
costards-cravates jouer avec les deniers publics, se moquer avec
cynisme et désinvolture les uns des autres a toujours eu de quoi me
dégoûter. Ça n'est donc certes pas pour le personnage de Nicolas
Sarkozy, le nabot, le nain,
décrit par certains (et avec virulence et une certaine idée du
mépris et de la rancœur par un Dominique de Villepin plus vrai que
nature (incarné par l'acteur Samuel Labarthe) que ma compagne et moi
avons jeté notre dévolu (parmi tant d'autres) sur La
Conquête, mais bien parce
que l'homme politique déjà cité deux fois dans cet article est
interprété par l'immense Denis Podalydès.
Pathétique !
Non pas l’œuvre de Xavier Durringer, mais cette vision qu'il nous
offre des grands dirigeants de notre pays. Des gamins qui avant de
penser à leurs concitoyens, n'ont d'intérêt que pour leur propre
personne. Mais le cinéaste nous apprenait-il là une information que
nous ignorions ? Non, bien entendu. Que les hommes politiques se
déchirent à grands coups de phrases assassines ne nous étonne
plus. C'est peut-être la raison pour laquelle Xavier Durringer s'est
penché, au delà de la lente montée vers la plus grande marche de
l’État de Nicolas Sarkozy, sur son histoire personnelle avec
Cécilia, son ex-épouse.
A
lire le synopsis, La Conquête avait
tout de la comédie loufoque inscrite dans un semblant de biopic
faisant une large place à la farce. Pourtant, il semblerait bien que
la vérité ait été scrupuleusement respectée. Le film
outrepassant donc les sphères publiques, on se retrouve devant un
spectacle « digne »
de
la presse people à scandale relatant la destruction du couple
Nicolas-Cécilia. A-t-on vraiment envie d'assister à tel spectacle ?
Quelque part, la situation vécue par Nicolas Sarkozy, comme
d'ailleurs il le fera fort intelligemment lors d'une émission
télévisée, montre combien il est d'abord un homme. Comme n'importe
lequel d'entre nous. Tiraillé entre sa vie privée et la scène
politique.
Une
scène que la plupart des interprètes a su s'approprier. A commencer
par Denis Podalydès bien entendu. Dans la peau d'un Nicolas Sarkozy
pas forcément attachant mais dont on conviendra qu'il avait lui
aussi ses faiblesses. Un gamin, en somme. L'acteur de la Comédie
Française s’approprie avec aisance cet homme politique dont il a
repris le timbre de la voix et les mimiques. A ses côtés, un
Bernard Le Coq en Jacques Chirac parfois saisissant. Hippolyte
Girardot dans le rôle de Claude Guéant et bien sûr, Florence
Pernel dans celui de de Cécilia. En entourant le personnage incarné
par Denis Podalydès, chacun a mis en valeur un homme que l'on s'est
acharné à montrer comme un être froid, cynique, mais qui devant la
caméra de Xavier Durringer nous révèle toute sa maladroite
humanité. Pas sûr que La Conquête permette
à tout un chacun de changer d'opinion sur celui qui fit si peu pour
son pays durant ses deux mandats, mais l’œuvre du cinéaste, en
tant que telle, demeure un excellent divertissement qui de plus, ne
demande aucun travail de concentration particulier pour en comprendre
les ficelles. Sympa...
Petite erreur, ce triste sire n'a heureusement pas fait deux mandats mais un seul. Même si ses successeurs n'ont pas fait mieux, voire pire...
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