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vendredi 3 janvier 2025

Street Trash de Ryan Kruger (2024) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Il y a trente-sept ans sortait sur les écrans de cinéma, Street Trash de Jim Muro. Et pour celles et ceux qui eurent la chance de le découvrir dès sa sortie dans les salles obscures, le film est demeuré comme l'une des plus jouissives expériences en matière d'horreur. Créant ainsi le gore multicolore, son auteur n'allait pourtant malheureusement pas persévérer puisque à ce jour, Street Trash est le seul long-métrage qu'a réalisé Jim Muro. Comme la quasi totalité des grands classiques du genre, c'est donc à son tour d'être remis au goût du jour à travers non pas un remake, mais une suite. Aussi tardive qu'elle puisse être, Street Trash cuvée 2024 a retenu de l’œuvre originale ses séquences gore, son univers tournant autour d'une ''communauté'' de clochards, sa fameuse boisson Viper même si dans le cas présent elle n'apparaît sous sa forme originelle qu'à une seule occasion, son humour décapant, tout en constituant une nouvelle approche du récit dans un contexte où la pauvreté s'est ici généralisée. Visage honteux d'une communauté de nantis qui cherche par tous les moyens à s'en débarrasser, le récit est transposé sur le continent africain et dans un quart de siècle, soit, en 2025. Street Trash n'est plus simplement le film gore rigolo et délicieusement irrévérencieux que connurent les adolescents d'alors mais a muté vers une œuvre de science-dystopique cradingue rappelant même certaines des heures les plus sombres de l'humanité (la chambre à gaz). Mais contrairement à la plupart des dystopies récentes qui évoquent des univers aseptisés d'où aucune émotion n'échappe au regard de leurs dirigeants, Street Trash se complaît à décrire un monde dévasté par le chômage et dont l'unique solution apportée par le maire est d'éradiquer la présence des sans domicile fixe en usant d'une solution gazeuse produite à partir de la boisson Viper qui quarante ans plus tôt fit des ravages sur l'organisme de celles et ceux qui eurent le malheur d'en boire ne serait-ce qu'une gorgée. Cette transformation de la fameuse boisson en un gaz acide symbolise toute la différence qui existe entre la version de 2024 et celle de 1987. À dire vrai, sans ses clochards, l'évocation du Viper et sans ses effets-spéciaux colorés, le long-métrage de Ryan Kruger aurait pu être davantage comparé à une production ou une réalisation estampillée Troma Entertainment et Lloyd Kaufman. Street Trash version 2024 ne se distingue donc pas tant que cela de la série des Class of Nuke'Em High, de Terror Firmer, de Poultrygeist: Night of the Chicken Dead ou du récent Shakespeare's Sh*tstorm. Repoussant ainsi les limites du mauvais goût comme pour la célèbre société de production américaine fondée par Kaufman et son ami Michael Herz voilà cinquante ans tout rond ! Se distinguant par un message très appuyé faisant la part belle aux inégalités sociales et économiques, ce nouveau Street Trash accumule pourtant certains problèmes qui le condamnent à ne jamais pouvoir se hisser à la hauteur de l'original.


Le réalisateur et le scénariste James C. Williamson prennent trop régulièrement le spectateur par la main. Comme si certains actes perpétrés devaient être systématiquement décrits à travers le langage des personnages pour leur pleine compréhension. C'est faire mépris d'un public qui ne sera pas strictement constitué de demeurés ivres d'assister à un spectacle gore décérébré ! Sous certains aspects, le film renvoie également à l'excellent Invasion Los Angeles de John Carpenter même si les sujets traités les éloignent drastiquement l'un de l'autre. L'on pourra ensuite reprocher l'image trop propre de cette version 2024 quand le grain de la version de 1987 participait de cet univers cradingue dans lequel vivaient Fred, Kevin ou le psychopathe Bronson (Vic Noto); Ryan Kruger tente de corréler son long-métrage à celui de Jim Muro à travers le personnage de Chef (Joe Vaz), lequel rappelle ostensiblement celui de Burt qu'incarnait à son époque Clarence Jarmon. Le réalisateur apporte à son tour une touche de féminité à travers le personnage d'Alex qu'interprète l'actrice Donna Cormack-Thomson quand en 1987, les deux seules représentantes de sexe féminin étaient Jane Arakawa dans le rôle de Wendy et Nicole Potter dans celui de Winette, la partenaire de Bronson ! Trente-sept ans après que Jim Muro ait mis en scène la fameuse séquence du ''match de rugby'' dans une décharge et dont le ballon était remplacé par le pénis d'un clochard fraîchement coupé au couteau par Bronson, Ryan Kruger tente de son côté de faire accepter la présence aux côtés de l'un des personnages du groupe de clochards (Gary Green dans le rôle de 2-Bit), un drôle de petit gnome entièrement bleu. Une créature hideuse, véritable obsédée sexuelle qui se frotte continuellement contre la jambe de son propriétaire qui, en outre, est le seul à le voir. Tout ce petit monde orbite autour de Ronald (Sean Cameron Michael) et va devoir survivre face au maire de la ville (Warrick Grier dans le rôle de l'infâme Mostert) mais aussi face aux hommes d'une certaine Rat King (Suraya Rose Santos), la cheffe d'un gang reliée en permanence à un système respiratoire. Vulgaire mais aussi très gore, les scènes d'horreur sont plus nombreuses que dans l'original mais aussi, largement moins inventives. Si les premières morts sont relativement efficaces, par la suite l'on se rend compte du manque d'imagination des spécialistes des effets-spéciaux qui ne font que répéter inlassablement le même type d'effet prosthétique! Bref, les petits jeunes risquent de s'éclater. Les anciens, un peu moins. Cette séquelle du film culte de Jim Muro est donc un sympathique film gore mais qui en comparaison de l'original ne fait malheureusement pas le poids...

 

1 commentaire:

  1. La deuxième image n'est pas issue du film, c'est un "gilet jaune" (d'ailleurs, il est accroché derrière) qui rentre d'une manif... :-)
    Bonne année et longue vie au blog, cher Cinemart !

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