Après avoir
majoritairement œuvré dans le domaine de la comédie, après les
gialli horrifiques Una lucertola con la Pelle di Donna
en 1971 et Non si Sevizia un
Paperino l'année
suivante, après deux westerns très brutaux (Tempo
di Massacro
en 1966 et I Quattro dell'Apocalisse en
1975) et seulement quelques années avant qu'il ne corrèle plusieurs
de ses œuvres à venir au domaine de l'enfer et au purgatoire duquel
de temps en temps des zombies décharnés tenteront de s'échapper,
le réalisateur italien Lucio Fulci testa une première approche dans
l'univers du surnaturel en 1975. Avec son titre à rallonge, l
cav. Costante Nicosia demoniaco ovvero: Dracula in Brianza (que
l'on peut traduire ainsi : Le
démoniaque chevalier Constant Nicosia ou : Dracula en Brianza)
s'intéresse moins à ces créatures généralement extraites de leur
tombe par des scientifiques fous ou à l'issue de catastrophes
écologiques d'ampleur mondiale qu'aux suceurs de sang. D'autres
avant lui se penchèrent sur le cas de ces créatures nocturnes ne se
reflétant généralement pas dans les miroirs et apeurées lorsqu'on
présente devant elles, gousses d'ail, crucifix et autres eaux
bénites ! Du meilleur avec Le bal des
vampires
de Roman Polanski en 1967 au pire avec Tendre
Dracula
de Pierre Grunstein dans lequel le réalisateur français réunissait
un improbable casting autour duquel l'on retrouvait notamment Bernard
Menez, Miou-Miou, Julien Guiomar et le britannique Peter Cushing.
Notons que Bernard Menez réapparaîtra deux ans plus tard dans
Dracula père et fils
d'Edouard Molinaro, cette fois-ci aux côtés du plus grand
interprète du célèbre vampire, Christopher Lee ! Des
parodies, il y en eut un nombre relativement important. Parmi
lesquelles, Dracula, mort et heureux de l'être
de Mel Brooks en 1995 ou toujours plus près de nous, Les
Charlots contre Dracula
quinze ans auparavant. l cav. Costante Nicosia
demoniaco ovvero: Dracula in Brianza
se distingue cependant d'une grande partie d'entre elles (dont un
certain nombre n'est évidemment pas cité dans cet article) par ses
qualités et son approche humoristico-érotico-fantastique. Ne
ménageant pas ses efforts pour mettre en scène son héros
superstitieux et victime d'une malédiction depuis qu'il est revenu
d'un voyage en Roumanie, Lucio Fulci parsème en effet ça et là
quelques plans de culs et de nichons qui demeurent encore cinquante
ans après leur première apparition, plutôt agréables à regarder.
D'où l'avantage du cinéma dont la mémoire est seule à pouvoir se
flétrir, contrairement à ses jeunes donzelles qui gardent, elles,
leur jeunesse éternelle.
De
la beauté à la laideur, il n'y a qu'un pas que franchit allégrement
le cinéaste. Le long-métrage passe ainsi des délicieuses Christa
Linder ou Sylva Koscina à des créatures hautement disgracieuses
comme peuvent l'être Anastasia ou le servant du descendant du
célébrissime Dracula prénommé Battai (Ugo Fangareggi). l
cav. Costante Nicosia demoniaco ovvero: Dracula in Brianza met
en scène l'acteur sicilien Lando Buzzanca dans le rôle du chevalier
Costante Nicosia. PDG d'une grande entreprise de dentifrice et
président d'une équipe de basket qui accumule les défaites. Marié
à Mariù et très superstitieux, il démarre chaque journée de
travail en caressant la bosse de Peppino (Antonio Allocca) et suit
les recommandations de son médecin généraliste et de son
psychiatre qui lui répètent sans cesse que tout va bien. Un jour,
Costante est contraint de se rendre en Roumanie. Sur place, il
apprend que la réunion à laquelle il doit assister est repoussée
de quelques jours. Il en profite pour se rendre jusqu'au château
d'un Comte qu'il a côtoyé à bord d'un avion et qui l'a
généreusement invité à lui rendre visite. Après avoir été
accueilli par le domestique Battai, Costant est convié à un dîner,
entouré de jeunes femmes aussi nues que le seront le comte
Dragulescu et l'un de ses proches. Forcé à boire plus que de
raison, Costant tombe dans le coma et se réveille le lendemain matin
aux côtés de son hôte ! Terrifié à l'idée d'avoir couché
avec un homme, le PDG fuit et repart pour l'Italie où il lui semble
être désormais attiré par les hommes ! ¨Pire : le voici
surtout poussé à boire du sang humain. Ce qui le poussera à
prendre de nouveau rendez-vous avec son psy et même à aller voir un
certain Salvatore (Ciccio Ingrassia), un magicien capable en théorie
de le guérir de sa malédiction... Loin des œuvres crépusculaires
qu'il signera à seulement quelques années d'intervalle, Lucio Fulci
signe une savoureuse comédie fantastique, parodique et érotique
dont les dialogues se révèlent parfois étonnamment crus. Un
long-métrage sans filtre où la nudité côtoie le mythe du vampire
dans un cadre social (celui de l'usine de dentifrice où la
syndicaliste Bestia Assatanata (Moira Orfei) mène les négociations
avec une main de fer) plus ou moins élaboré. En résulte une œuvre
divertissante où Lando Buzzanca se joue des responsabilités de son
personnage pour mieux grossir le trait de ses obsessions sexuelles et
chimériques. Bref, une réussite...
Affiche... intéressante... 8-D
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