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mercredi 1 janvier 2025

Comme des frères de Hugo Gélin (2011) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Le premier long-métrage réalisé par Hugo Gélin, petit-fils de l'acteur Daniel Gélin et fils du producteur, réalisateur et assistant-réalisateur Xavier Gélin réunit trois interprètes dont les carrières se sont envolées après des débuts parfois fort convaincants. Après avoir incarné le rôle de l'humoriste français Coluche dans le biopic Coluche : l'histoire d'un mec d'Antoine de Caunes, François-Xavier Demaison interprète dans Comme des frères le rôle de Boris. Avant d'avoir dernièrement endossé le costume d'Edmond Dantès dans la récente adaptation du Comte de Monte-Cristo d'Alexandre Dumas qu'ont transposé sur grand écran Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte, Pierre Niney matérialise celui de Maxime. Quant à Nicolas Duvauchelle, quatorze ans après interprété le rôle principal de l'excellent Le petit voleur d'Erick Zonca, le voici portant le costume du troisième larron de cette fameuse comédie dramatique, Élie. Une jolie, très jolie surprise pour une œuvre qui aborde les sujets de l'amitié, de l'amour, de la séparation et du deuil sans pour autant verser dans le misérabilisme. Un brillant trio d'acteurs dont les personnages vont se lancer sur la route, à destination d'un charmant petit coin de Corse afin d'honorer une promesse faite à Charlie, l'ex compagne du premier, meilleure amie du second et ''grande sœur'' du troisième qui rêvait de les emmener tous les trois découvrir une maison où elle aimait se réfugier. Sur fond de tragédie puisque celle-ci se savait condamnée, Comme des frères débute au moment même où la jeune femme décède, bouleversant les trois garçons. Dévastés et bien que ne partageant en réalité pas grand chose d'autre entre eux que cette relation qu'ils eurent tous les trois avec elle, Boris, Élie et Maxime partent sur la route à bord du véhicule du premier avec, à l'arrière, un sac à dos contenant les cendres de leur amie tout juste dérobées par le troisième à la famille de leur amie disparue...


Trois interprètes, trois personnalités


Le titre du long-métrage réalisé par Hugo Gélin et co-écrit en collaboration avec Hervé Mimran et Romain Protat est presque mensonger. Surtout si l'on s'en réfère à cette étrange relation qui unit quasiment dans la contrainte les trois hommes. Fils d'un grand comédien de théâtre relativement méprisant et castrateur envers son fils (Jacques Frantz dans le rôle de Pierre Naillac), Boris a du mal à refaire surface depuis sa récente séparation. François-Xavier Demaison endosse ainsi le rôle le plus ingrat du récit. Personnage austère, réservé et parfois prudent lorsqu'il s'agit de s'exprimer, les bons mots, ceux qui sortent le long-métrage du seul statut d’œuvre dramatique auquel il n'aurait pu échapper sans une bonne dose d'humour, sont plutôt l'apanage de ses deux compagnons. L'une des grandes force de Comme des frères est justement d'avoir mêlé les différents types d'état d'esprit de nos trois héros. Car aux côtés de Boris, Pierre Niney incarne le plus jeune des trois. Un optimiste parfois immature et ce, quasiment en toutes circonstances. Lunaire, comme le rappelait très justement ma compagne lors de la projection. Quant à Nicolas Duvauchelle, dans la peau d’Élie, l'acteur vient juste s'interposer entre la rigueur parfois étouffante du premier et la naïveté ou la trop grande liberté d'âme du second. Pour des individus que le titre du long-métrage voudrait considérer comme pouvant hypothétiquement appartenir à une fratrie, le voyage ne va pas s'avérer de tout repos. Pour le bonheur des spectateurs qui assisteront alors à des joutes verbales entre les trois hommes qui fonctionnent à merveille.


Des sourires et des larmes


Malgré des débuts relativement délicats qui laissent augurer d'une comédie très légère, et même peut-être un peu trop d'ailleurs (la séquence du parking), on sent bien que les dialoguistes se sont fait plaisir pour concocter à l'adresse de leur futur public des échanges entre les trois hommes particulièrement bien écrits. La bataille des mots fait rage entre Boris, Maxime et Élie, chacun opposant des traits de caractère et une vision des choses qui théoriquement devraient aller à l'encontre de leur amitié. Très drôle, Comme des frères est aussi très touchant. De manière à ce que le spectateur ne s'attende pas à ce que l'événement se produise à ce moment là, après que Hugo Gélin et ses scénaristes se soient amusés à confronter tour à tour les trois hommes lors d'une partie de football virtuelle, voilà que l'annonce leur tombe sur la tête comme un coup de massue : Charlie est morte ! Depuis l’hôpital, sa mère annonce au téléphone que tout est finit. Dire que le changement de ton est brutal est alors un euphémisme et l'on est sidéré par cette séquence qui nous fait passer du rire aux larmes. Ces mêmes larmes que garde en lui Boris, que laisse tout naturellement couler Maxime et qu’Élie cache derrière ses mains avant de prendre la fuite...


Le noyau dur d'une drôle d'émulsion


Charlie, justement. Formidablement incarnée à l'image par Mélanie Thierry. Une jeune femme cash ! Entière, naturelle, ciment de cette improbable relation entre ses trois amis. On se dit qu'une fois passée sa timide découverte à l'image et ainsi consommée la disparition hors-champ de la caméra du personnage, nous ne la reverrons plus. Sauf que Hugo Gélin a la brillante idée d'intercaler entre les différentes scènes de ce road-movie que devient par la suite Comme des frères, diverses séquences en forme de flash-back remontant peu à peu le fil du temps. Ces trente derniers mois, environ, qui sous la forme d'une antéchronologie part des faits les plus récents jusqu'à la toute première rencontre entre les trois hommes qui interviendra donc dans les derniers instants du récit. Mélanie Thierry est magnifique. Entre gravité, retenue, éclat, son personnage porte le récit vers quelque chose de beaucoup plus profond que la simple comédie. Emportant avec elle ses trois compagnons. Modeste dans sa mise en scène puisqu'une large partie du récit se déroule à bord d'une voiture (et même deux, pour être précis) tout en offrant quelques extérieurs et intérieurs de toute beauté, Comme des frères est une complète réussite. Le carré d'interprètes principaux est irréprochable. Tout comme les seconds rôles parmi lesquels les grands-parents d’Élie sont interprétés par Micheline Presle et Philippe Laudenbach qui, triste hasard du calendrier, nous ont quitté en 2024 à seulement deux mois d'intervalle. Notons enfin la superbe bande musicale presque exclusivement composée par le groupe de pop-rock français Revolver qui nous offre quelques pépites folk remarquablement belles... A voir ou revoir, sans modération...

 

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