Le premier long-métrage
réalisé par Hugo Gélin, petit-fils de l'acteur Daniel Gélin et
fils du producteur, réalisateur et assistant-réalisateur Xavier
Gélin réunit trois interprètes dont les carrières se sont
envolées après des débuts parfois fort convaincants. Après avoir
incarné le rôle de l'humoriste français Coluche dans le biopic
Coluche : l'histoire d'un mec d'Antoine
de Caunes, François-Xavier Demaison interprète dans Comme
des frères
le rôle de Boris. Avant d'avoir dernièrement endossé le costume
d'Edmond Dantès dans la récente adaptation du Comte
de Monte-Cristo d'Alexandre
Dumas qu'ont transposé sur grand écran Alexandre de La Patellière
et Matthieu Delaporte, Pierre Niney matérialise celui de Maxime.
Quant à Nicolas Duvauchelle, quatorze ans après interprété le
rôle principal de l'excellent Le petit voleur
d'Erick Zonca, le voici portant le costume du troisième larron de
cette fameuse comédie dramatique, Élie. Une jolie, très jolie
surprise pour une œuvre qui aborde les sujets de l'amitié, de
l'amour, de la séparation et du deuil sans pour autant verser dans
le misérabilisme. Un brillant trio d'acteurs dont les personnages
vont se lancer sur la route, à destination d'un charmant petit coin
de Corse afin d'honorer une promesse faite à Charlie, l'ex compagne
du premier, meilleure amie du second et ''grande sœur'' du troisième
qui rêvait de les emmener tous les trois découvrir une maison où
elle aimait se réfugier. Sur fond de tragédie puisque celle-ci se
savait condamnée, Comme des frères
débute au moment même où la jeune femme décède, bouleversant les
trois garçons. Dévastés et bien que ne partageant en réalité pas
grand chose d'autre entre eux que cette relation qu'ils eurent tous
les trois avec elle, Boris, Élie et Maxime partent sur la route à
bord du véhicule du premier avec, à l'arrière, un sac à dos
contenant les cendres de leur amie tout juste dérobées par le
troisième à la famille de leur amie disparue...
Trois interprètes, trois personnalités
Le titre du long-métrage
réalisé par Hugo Gélin et co-écrit en collaboration avec Hervé
Mimran et Romain Protat est presque mensonger. Surtout si l'on s'en
réfère à cette étrange relation qui unit quasiment dans la
contrainte les trois hommes. Fils d'un grand comédien de théâtre
relativement méprisant et castrateur envers son fils (Jacques Frantz
dans le rôle de Pierre Naillac), Boris a du mal à refaire surface
depuis sa récente séparation. François-Xavier Demaison endosse
ainsi le rôle le plus ingrat du récit. Personnage austère, réservé
et parfois prudent lorsqu'il s'agit de s'exprimer, les bons mots,
ceux qui sortent le long-métrage du seul statut d’œuvre
dramatique auquel il n'aurait pu échapper sans une bonne dose
d'humour, sont plutôt l'apanage de ses deux compagnons. L'une des
grandes force de Comme des frères
est justement d'avoir mêlé les différents types d'état d'esprit
de nos trois héros. Car aux côtés de Boris, Pierre Niney incarne
le plus jeune des trois. Un optimiste parfois immature et ce,
quasiment en toutes circonstances. Lunaire, comme le rappelait très
justement ma compagne lors de la projection. Quant à Nicolas
Duvauchelle, dans la peau d’Élie, l'acteur vient juste
s'interposer entre la rigueur parfois étouffante du premier et la
naïveté ou la trop grande liberté d'âme du second. Pour des
individus que le titre du long-métrage voudrait considérer comme
pouvant hypothétiquement appartenir à une fratrie, le voyage ne va
pas s'avérer de tout repos. Pour le bonheur des spectateurs qui
assisteront alors à des joutes verbales entre les trois hommes qui
fonctionnent à merveille.
Des sourires et des larmes
Malgré des débuts
relativement délicats qui laissent augurer d'une comédie très
légère, et même peut-être un peu trop d'ailleurs (la séquence du
parking), on sent bien que les dialoguistes se sont fait plaisir pour
concocter à l'adresse de leur futur public des échanges entre les
trois hommes particulièrement bien écrits. La bataille des mots
fait rage entre Boris, Maxime et Élie, chacun opposant des traits de
caractère et une vision des choses qui théoriquement devraient
aller à l'encontre de leur amitié. Très drôle, Comme des
frères
est aussi très touchant. De manière à ce que le spectateur ne
s'attende pas à ce que l'événement se produise à ce moment là,
après que Hugo Gélin et ses scénaristes se soient amusés à
confronter tour à tour les trois hommes lors d'une partie de
football virtuelle, voilà que l'annonce leur tombe sur la tête
comme un coup de massue : Charlie est morte ! Depuis
l’hôpital, sa mère annonce au téléphone que tout est finit.
Dire que le changement de ton est brutal est alors un euphémisme et
l'on est sidéré par cette séquence qui nous fait passer du rire
aux larmes. Ces mêmes larmes que garde en lui Boris, que laisse tout
naturellement couler Maxime et qu’Élie cache derrière ses mains
avant de prendre la fuite...
Le noyau dur d'une drôle d'émulsion
Charlie, justement.
Formidablement incarnée à l'image par Mélanie Thierry. Une jeune
femme cash ! Entière, naturelle, ciment de cette improbable
relation entre ses trois amis. On se dit qu'une fois passée sa
timide découverte à l'image et ainsi consommée la disparition
hors-champ de la caméra du personnage, nous ne la reverrons plus.
Sauf que Hugo Gélin a la brillante idée d'intercaler entre les
différentes scènes de ce road-movie que devient par la suite Comme
des frères,
diverses séquences en forme de flash-back remontant peu à peu le
fil du temps. Ces trente derniers mois, environ, qui sous la forme
d'une antéchronologie part des faits les plus récents jusqu'à la
toute première rencontre entre les trois hommes qui interviendra
donc dans les derniers instants du récit. Mélanie Thierry est
magnifique. Entre gravité, retenue, éclat, son personnage porte le
récit vers quelque chose de beaucoup plus profond que la simple
comédie. Emportant avec elle ses trois compagnons. Modeste dans sa
mise en scène puisqu'une large partie du récit se déroule à bord
d'une voiture (et même deux, pour être précis) tout en offrant
quelques extérieurs et intérieurs de toute beauté, Comme
des frères
est une complète réussite. Le carré d'interprètes principaux est
irréprochable. Tout comme les seconds rôles parmi lesquels les
grands-parents d’Élie sont interprétés par Micheline Presle et
Philippe Laudenbach qui, triste hasard du calendrier, nous ont quitté
en 2024 à seulement deux mois d'intervalle. Notons enfin la superbe
bande musicale presque exclusivement composée par le groupe de
pop-rock français Revolver
qui nous offre quelques pépites folk remarquablement belles... A
voir ou revoir, sans modération...
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