Dans un univers
parallèle, une idiocratie vers laquelle semblent d'ailleurs se
diriger nos générations futures, il y a de fortes chances pour que
le troisième opus de la franchise Qu'est-ce qu'on a fait au
Bon Dieu ?
fasse partie de la sélection officielle de l'année 2022. Il y a
même, pourquoi pas, des raisons de croire qu'il pourrait remporter
le Grand Prix,
le Prix du Jury,
Les Prix
d'interprétation masculine et féminine,
celui de la Mise
en scène,
du Scénario et,
allons jusqu'au bout, la tant enviée Palme
d'Or.
Oui mais voilà... Nous ne vivons pas dans ce monde là mais dans
celui qui dans quelques jours va couronner au titre de président(e)
de la République, une femme ou un homme qui aura été
majoritairement élu par dépit. Ce soir, certains ont choisi de les
regarder tous les deux s'écharper à grands coups de vocables plus
ou moins bien sentis durant plus de deux heures et trente minutes.
D'autres auront sans doute préféré voir vingt-deux
multi-millionnaires en short et baskets à crampons courir après un
ballon sur une pelouse, se tacler, s'engueuler ou mieux, se taper sur
la gueule pour le plaisir des fans de ''foutreball''.
En tant que cinéphage, j'ai choisi de m'évader un peu, loin de ces
sujets dont certaines chaînes martèlent leurs programmes. Racisme,
communautarisme, immigration... en choisissant pourtant, tel un
serpent se mordant la queue, d'aller voir Qu'est-ce
qu'on a tous fait au Bon Dieu ?
Qui est donc le troisième volet de la trilogie comique de Philippe de
Chauveron, l'un des chantres de la comédie populaire comme la
conçoivent désormais certains. Ou Sociologie du pauvre comme l'on
pourrait la définir. De celles qui se servent de certains thèmes
très à la mode pour nous faire croire qu'elle abordent leur sujet
sous un angle osé, trash, voire irrévérencieux. Forcément, la
chose se doit d'être caricaturale. Reprenant la recette des deux
premiers épisodes, ce troisième volet est la partie visible d'une
saga gigogne qui ne fait qu'ajouter à chaque nouvelle apparition du
couple Verneuil (Chantal Lauby et Christian Clavier) et de leur
foisonnante famille Benetton,
des personnages en plus. Des ''immigrés'' temporaires originaires du
Maghreb, de Chine, d’Israël ou d'Afrique Noire venus fêter les
quarante ans de mariage d'un couple dont l'époux ressemble de plus
en plus à l'un des plus célèbres borgnes du vingtième siècle.
Non, je ne parle pas de Peter ''Columbo''
Falk mais bien de Jean-Marie Le Pen dont la fille va peut-être
bientôt nous gouverner...
Il
ne faudra pas avoir honte de reconnaître les quelques rires qui dans
la salle auront propagé devant, derrière et sur les côtés, un
virus donnant lieu à des hoquets de satisfaction de la part même du
spectateur le plus enclin à vomir le concept. De la comédie
rabâchée à en avoir des maux de tête et des crampes d'estomac.
Imaginez : un couple, leur quatre filles et leurs conjoints
ainsi que les parents de ces derniers. Additionnez le tout, offrez à
chacun sa part de répliques et il y a bien un moment où, comme un
sphincter se relâchant sous la pression d'un gaz, un rire vous
échappera. Le visage figé au point de m'être demandé si je
n'avais pas été victime d'une paralysie faciale due à un arrêt
vasculaire cérébral durant les premières minutes de projection,
celui-ci s'est pourtant peu à peu décontracté. Comme une
éructation libérée de son entrave labiale après que l'on se soit
assuré qu'il n'y avait personne alentour. On retrouve les
interprètes de toujours. Le français de ''souche'', blanc et
forcément xénophobe (Christian Clavier, donc), le noir fulminant
tel un buffle dans la savane (Pascal Nzonzi), le chinois que l'on
sent prêt à dégainer les poings tel un Bruce Lee de Prisunic (Bing
Yin), l'arabe qui, ironie du sort, est moins caricatural que prévu
puisque amateur exclusif de rock (Abbes Zahmani), mais aussi le juif,
radin comme de bien entendu (Daniel Russo). Et puis les couples Ary
Abittan/Alice David, Medi Sadoun/Frédérique Bel, Noom
Diawara/Élodie Fontan et Frédéric Chau/Émilie Caen. L'ensemble
sent quant même bien le réchauffé et même cette odeur rance que
sentent les vieux vêtements humides trop longtemps enfermés dans
les tiroirs. Il y a d'ailleurs dans les salles, un détail
particulièrement significatif : le fait que le public le plus
réactif aux gags soient justement les personnes du troisième âge !
Et dire qu'un quatrième volet est envisagé en cas d'excellentes
recettes ; Alors, ne faites pas comme moi. Défendez le cinéma,
le vrai, en n'allant surtout pas voir celui-ci. Vous économiserez
ainsi votre argent pour, je ne sais pas moi, par exemple le prochain
Quentin Dupieux...
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