Les amateurs de cinéma
d'horreur et d'épouvante connaissent bien le réalisateur Kevin
Connor. Il débuta en effet sa carrière en réalisant l'anthologie
Frissons d'outre-tombe (From Beyond the Grave)
en 1974 dans lequel nous retrouvions notamment les acteurs Vincent
Price et Donald Pleasence mais fut surtout l'auteur de Nuits de
cauchemar (Motel Hell) en 1980 dans lequel un
fermier et sa sœur kidnappaient des touristes afin de les
transformer en viande fumée particulièrement appréciée dans la
région. L'année de ses débuts en tant que réalisateur, Kevin
Connor ne se contenta pas de tourner son premier film d'horreur mais
s'attaqua au premier volet d'une trilogie de films d'aventures
fantastiques dans l'esprit d'un certain Jules Verne. En effet, Le
sixième continent (dont le titre original The Land
That Time Forgot éclaire très largement sur son contenu)
nous transporte dans un monde qui se veut merveilleux où le temps
semble s'être figé à l'époque de la Préhistoire. C'est ainsi
donc que des sous-mariniers Allemands et des touristes anglais vont
être contraints de collaborer une fois arrivés sur une île habitée
par toutes sortes de créatures préhistoriques : ptérodactyles,
tricératops, tyrannosaures et même, une peuplade d'hommes
(homo-erectus ? Homme de Neandertal ? Homo sapiens
sapiens?), toute forme de crédibilité historique étant ici bannie
puisque nos plus anciens congénères n'apparurent sur Terre que
soixante-cinq millions d'années après la disparition des
dinosaures. De toute manière, en terme de réalisme, le film de
Kevin Connor n'étant jamais pourvu de la moindre technologie récente
en matière d'effets-spéciaux (on est encore loin, très loin des
formidables visuel de Jurassic Park
de Steven Spielberg), ses dinosaures sont à peine dignes des Kaijū
japonais façon Godzilla, Mothra, King Kong ou Rodan !
Le
film démarre par une longue séquence d'exposition située en mer,
lieu de confrontations entre un sous-marin de l'armée allemande et
l'équipage d'un bateau constitué de civils britanniques. Après
avoir réussi à monter à bord du sous-marin, les anglais en
prennent le contrôle, avant de le perdre au profit des allemands,
pour ensuite en redevenir les maîtres ! Contraints de
collaborer, allemands et britanniques se retrouvent donc sur une île
hostiles Il faut dire que les dangers sont en nombre car outre les
dinosaures et la peuplade de sauvages, l'anglais Doug McClure, le
capitaine Von Schoenvorts et leurs hommes respectifs vont devoir
faire face à une éruption volcanique. Financé à hauteur de un
million et cinq-cent mille dollars, Le sixième
continent fait
peine à voire. Sur un scénario de James Cawthorn et Michael
Moorcock librement inspiré de la nouvelle The
Land That Time Forgot
du romancier américain Edgar Rice Burroughs, le long-métrage de
Kevin Connor fut notamment produit par le célèbre Samuel Z. Arkoff
auquel on doit hormis la production de dizaines de série B, celles
de Amityville, la maison du Diable
(The Amityville Horror)
de Stuart Rosenberg en 1979, celle de Pulsions
(Dressed to Kill)
de Brian De Palma l'année suivante ou encore de Hantise
(The Haunting)
de Jan de Bont en 1999. Il est à noter également que le film fut en
partie distribué par la société de production cinématographique
britannique Amicus
qui fut la principale concurrente de la célèbre Hammer...
Principale
vedette de ce
Sixième continent,
l'acteur Doug McClure, l'un des principaux interprètes des séries
Échec et mat
et Le Virginien
participera
également aux deux autres volets de la trilogie complétée ainsi
par Centre Terre : 7ᵉ Continent
(At the Earth's Core)
en 1976 et Le Continent oublié
(The People That Time Forgot)
l'année suivante. Mais jusque là, et aux côtés de John McEnery,
de Susan Penhaligon ou de Keith Barron, l'acteur traîne sa célèbre
trogne dans des décors touffus, habités par des créatures de
caoutchouc peu crédibles, communiquant avec de lointains ancêtres
qui eux demeurent encore les plus réussis en matière
d'effets-spéciaux. Bloqués par manque de carburant, voici que nos
allemands et nos anglais découvrent qu'en raffinant un gisement de
pétrole brut présent sur l'île (quelle chance), ils pourront
s'échapper de l'île. S'ensuit une éruption, la découverte que les
habitants de l'île évoluent grâce à la migration vers le nord de
l'île à la surface de laquelle nos britanniques seront abandonnés
lors d'une mutinerie, devenant ainsi les seuls survivants. Le film se
concluant ainsi, c'est avec circonspection que l'on détaillera cette
œuvre à laquelle manque sans doute en partie tout le génie d'un
Ray Harryhausen qui bien avant l'existence du
sixième continent était
en mesure de proposer des animations en stop-motion absolument
remarquables (Les Voyages de Gulliver
de Jack Sher en 1960, Jason et les Argonautes
de Don Chaffey en 1963, et bien plus tard, Le
Septième Voyage de Sinbad
de Nathan Juran en 1977 et Le Choc des Titans
de Desmond Davis en 1981). Le sixième continent
est,
lui, le film d'aventures fantastiques du pauvre. Visuellement laid et
nanti d'un scénario vraiment mince, il s'agit surtout d'un objet de
curiosité que l'on conseillera d'abord et avant tout aux fans fous
furieux de récits merveilleux auxquels Jules Verne et Edgar Rice
Burroughs offrirent notamment leurs lettres de noblesse. Pour le
reste, le long-métrage de Kevin Connor fleure bon la série Z... !
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