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mardi 26 septembre 2023

Une nuit en enfer (From Dusk till Dawn) de Robert Rodriguez (1996) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Habitué des films cultes, auteur de El Mariachi, de ses suites Desperado et Once Upon a Time in Mexico, de la tétralogie Spy Kids, de Sin City, du diptyque Machete (que l'on désespère toujours de voir devenir une trilogie) ou de Planet Terror et de The Faculty, le réalisateur, scénariste, producteur et musicien mexicano-américain Robert Rodriguez signe en 1995 From Dusk till Dawn connu chez nous sous le titre Une nuit en enfer. Un long-métrage constitué de deux parties parfaitement distinctes. Dans la première, qui s'inscrit dans les genres thriller et action, nous faisons la connaissance de Seth Gecko et de son psychopathe de frère Richie. Deux truands qui ont les flics de tout le pays aux trousses. Leur objectif est de se rendre jusqu'au Titty Twister, un bar situé au Mexique et exclusivement réservé aux routiers afin de prendre contact avec un certain Carlos (l'acteur Cheech Marin connu pour le duo de comiques Cheech & Chong qu'il forma aux côtés de Tommy Chong dès 1971). Pour cela, ils doivent passer la frontière des États-Unis. C'est en prenant en otage l'ancien pasteur Jacob Fuller et ses deux enfants à bord de leur camping-car que les deux hommes y parviendront. À leur arrivée au Ttty Twister, le ton change radicalement puisque Une nuit en enfer se mue en film fantastique et d'horreur gore. En effet, coincés dans le bar, les cinq protagonistes vont devoir combattre une armée de vampires assoiffés de sang ! Heureusement pour eux, ils ne seront pas seuls. Ils pourront notamment compter sur Sex Machine, un biker doté d'un flingue en lieu et place de ses attributs sexuels ainsi qu'un certain Frost. Le long-métrage de Robert Rodriguez est un pur régal non seulement pour les amateurs de cinéma d'horreur et d'action mais aussi et surtout pour les amoureux de cinéma bis qui y dénicheront toute une série d'hommages au septième art le plus populaire qui soit. À commencer par la présence à l'image de Fred Williamson, l'un des artistes majeurs de la Blaxploitation dans le courant des années soixante-dix qui se tourna ensuite vers le cinéma européen et enchaîna quelques films devenus cultes auprès d'une certaine catégorie de spectateurs tels que


Les guerrier du Bronx de l'italien Enzo G. Castellari ou Vigilante de William Lustig qui ne fut autre que le réalisateur du cultissime et très glauque Maniac. Sex Machine est quant à lui interprété par le maquilleur Tom Savini, grand spécialiste des effets-spéciaux gore qui travailla notamment sur Maniac, justement, ainsi que sur Zombie, Creepshow et Le jour des morts-vivants tout trois signés de George Romero ou encore sur les slashers The Prowler et Vendredi 13 : Chapitre final signés en 1981 et 1984 par Joseph Zito. L'on retrouve également au générique, Harvey Keitel dans le rôle de Jacob Fuller quatre ans après sa phénoménale performance dans le traumatisant Bad Lieutenant d'Abel Ferrara, l'adorable Juliette Lewis qui à l'époque enchaîne les succès (Kalifornia de Dominic Sena, Tueurs nés d'Oliver Stone ou Strange Days de Kathryn Bigelow). La vedette de Une nuit en enfer, si tant est que l'acteur se détache réellement de ses partenaires, demeure George Clooney qui depuis la série Urgences a prouvé qu'il était capable de tout jouer (on l'a notamment découvert à plusieurs reprises chez les frères Joel et Ethan Coen). Écrit par le réalisateur Quentin Tarantino qui adapte ici une histoire de Robert Kurtzman, Robert Rodriguez lui offre le rôle de Richie Gecko, véritable allumé qui tire souvent sans raisons sur tout ce qui bouge. Le réalisateur attache une grande importance à la bande-son et c'est la raison pour laquelle le film est en permanence noyé de saturations électriques propres au rock. L'on trouve parmi les interprètes, le célèbre groupe ZZ Top ainsi que Stevie Ray Vaughan, Tito and Tarantula (groupe qui apparaît à l'image sur la scène musicale du bar) ou encore The Mavericks. Au départ, Quentin Tarantino devait réaliser lui-même Une nuit en enfer. Mais préférant se concentrer sur son rôle, la mise en scène échoue entre les mains de son ami Robert Rodriguez après que d'autres noms de réalisateurs aient été envisagés. Ce dernier réalise un hybride parfaitement assumé, survolté, bruitiste et parfois très gore dont le défaut majeur reste cependant la conception des effets-spéciaux numériques qui sonnent véritablement faux. Contrairement aux maquillages qui eux sont plutôt convaincants ! Robert Rodriguez signe avec Une nuit en enfer un authentique classique du cinéma fantastique et horrifique, porté par des interprètes qui n'ont pas peur de se salir les mains et accessoirement leur réputation. Un bon gros délire inusable, à voir et à revoir à de multiples reprises...

 

mercredi 12 avril 2023

Taxi Driver de Martin Scorsese (1976) - ★★★★★★★★★★

 


 

Il arrive, parfois, que les astres s'alignent de telle manière qu'un véritable miracle éclose devant nos yeux. Imaginez : un scénario écrit en un peu moins d'une semaine. Et pas par n'importe qui. Pas un petit scribouillard qui voudrait percer dans le cinéma. Non, plutôt un cinéaste en devenir, écrivant ses propres scripts, quand il n'adaptera pas simplement un classique de l'épouvante (Cat people). Retenez bien ce titre : Hardcore. Et retenez également le nom de celui qui en fut l'auteur : Paul Schrader. C'est donc grâce à lui qu'est né Taxi Driver de Martin Scorsese dans la forme qu'on lui connaît. Car avant que ce dernier ne se planque derrière sa caméra pour filmer les turpitudes d'un chauffeur de Taxi dans la moiteur nocturne de New York, les immenses Robert Mulligan (s'il le faut, je n'en retiendrai qu'un : The Other qu'il réalisa en 1972) et Brian De Palma (Phantom of the Paradise forever...!) faillirent lui voler sa place. Paul Schrader eut finalement le dernier mot. Bernard Herrmann, l'auteur de la prodigieuse bande musicale pour cordes de Psychose allait signer pour Martin Scorsese un thème si célèbre que même celles et ceux qui n'ont jamais vu le film connaissent l'air (Taxi Driver - Main title). Le pauvre n'aura malheureusement pas eu le temps de découvrir son œuvre sur grand écran puisqu'il s'éteindra le 24 décembre 1975, soit un peu plus d'un mois avant que ne sorte Taxi Driver sur les écrans américains. Aux effets-spéciaux : Dick Smith. Immense maquilleur, spécialisé dans le vieillissement (Max Von Sydow était âgé de quarante-quatre lors du tournage de L'exorciste de William Friedkin en 1973 alors même qu'à l'écran il en paraissait trente de plus). Ensuite, bien sûr, il y a les interprètes. À commencer par Robert de Niro, qui avant de rencontrer Martin Scorsese se fit la main chez Marcel Carné, Brian De Palma (déjà lui), Roger Corman ou chez Francis Ford Coppola. Des portes d'entrée que l'on pourrait considérer de royales...


À ses côtés, la sublime Jodie Foster. Cette actrice américaine cultivée, intelligente et qui parle mieux notre langue que la plupart de nos compatriotes ! Elle débarque toute menue, toute fraîche sur le tournage de Taxi Driver comme si elle faisait son entrée dans le monde merveilleux du cinéma. C'est oublier un peu vite qu'elle débuta à l'âge de sept ans dans la série télévisée The Doris Day Show en 1969 et qu'avant de rencontrer Martin Scorsese et ses partenaires de Taxi driver, elle enchaîna trente-cinq rôles dans diverses séries, téléfilms et longs-métrages cinéma. Ensuite, qui oserait demander qui est Harvey Keitel ? Acteur dont l'importance est égale à celle de Robert de Niro auquel il se frottera dans l’œuvre de Martin Scorsese. Là encore, retenez son nom et ce film monstrueux que réalisa Abel Ferrara en 1992, Bad Lieutenant. Ah ! Et tant qu'à faire, gardez également en mémoire Joe Spinell et son visage grêlé. Lui et le personnage de Frank Zito qu'il incarna véritablement dans le glauquissime Maniac de William Lustig. Si maintenant vous rejoignez les trois longs-métrages que je vous ai demandé de retenir et que vous y ajoutez celui de Martin Scorsese, nous tenons là le carré d'as du cinéma new-yorkais underground ''grand public''. Ouais, bon, pour être tout à fait honnête, je ne suis pas certains que Hardcore ait été tourné dans les rue de la Grande Pomme. Mais les siennes y ressemblent parfois terriblement). Au pire l'on remplacera ce dernier par un quelconque outsider. Comme le très glauque Combat Shock de Buddy Giovinazzo qui d'ailleurs, sorti chez nous chez l'éditeur Haxan Films au début des années 90 avec cette très sympathique accroche : La version ''sale'' de Taxi Driver. La boucle étant bouclée, passons aux choses sérieuses...


Le cinéma n'étant plus ce qu'il était, on n'imagine pas aujourd'hui un tel parterre de célébrités réunies autour d'un film au budget s'élevant à seulement un million et trois-cent mille dollars. Afin que celui-ci n'excède d'ailleurs pas la somme mise dans le panier, Robert de Niro et Martin Scorsese recalculèrent leur salaire à la baisse... On reconnaît déjà d'emblée cette ''gueule'' incroyable que traînera durant toute sa carrière l'acteur ou les longs travelling que Scorsese expérimenta déjà sur un précédant long-métrage bien connu des cinéphiles, Mean Streets trois ans auparavant. Tiens, à propos du bonhomme. Saviez-vous (moi pas en tout cas) qu'il faillit être l'auteur de ce qui devint en 1970 l'un des portraits les plus saisissant (et authentique) de couple de tueurs en série, The Honneymoon Killers de Leonard Castle ? Et ouais. Mais lorsque d'un point de vue artistique l'on n'est pas très en accord avec certaines attentes, c'est la porte de sortie qui se profile à l'horizon. Et pour Martin Scorsese, la chose survint après une semaine de tournage seulement ! Passant à côté du mythe, le bonhomme s'est heureusement très vite rattrapé... Travelling nocturne dans les rues de New-York : '' Y'a toute une faune qui sort la nuit. Putes,chattes en chaleur, enculés, folles,pédés, pourvoyeurs, camés... Le vice et le fric''. En l'espace de deux phrases seulement, le ton est donné. Tout l'esprit du personnage et du monde dans lequel il va désormais évoluer sont ainsi réunis. D'une certaine manière, Travis Bickle (Robert De Niro) allait ouvrir la voie à une longue série de personnages à l'extrémité desquels l'on retrouverait plus de trente ans après le boucher de Carne et Seul contre tous de Gaspar Noé ! Ancien marine, le jeune chauffeur de taxi déclame de longs monologues intérieurs. Pour cet ancien soldat, la guerre n'a pas pris fin et s'inscrit désormais dans les rues d'un New-york aux mains des proxénètes et autres marchands de sexe. Martin Scorsese et Paul Schrader développent un personnage relativement complexe et parfois presque illogique dans son mode de pensée et certains de ses agissements. Crachant son dégoût de la société dans laquelle il vit, le voilà qui se détend dans une salle de cinéma miteuse projetant... un film porno.


Il y a donc un peu du boucher de Noé chez Travis. De grandes et muettes paroles qui ne dépassent tout d'abord pas sa pensée (un état dans lequel demeurera d'ailleurs jusqu'au bout le personnage formidablement incarné par Philippe Nahon dans Seul contre tous). Et pourtant, on le découvre sous son meilleur jour. Cherchant à communiquer avec autrui mais se retrouvant face à un mur. Et même, DES murs... Du moins jusqu'à sa rencontre avec la jolie assistante du candidat à l’élection Charles Palantine, Betsy qu'interprète Cybill Sheperd. Une relation éphémère dont les conséquences seront terribles puisqu'elle sera la première pierre d'un édifice moral et intellectuel qui emportera Travis dans un tourbillon de violence. Bruyant, fourmillant, le New York décrit pas Martin Scorsese est sordide et malfaisant. Les seules notes d'espoir mènent fatalement au désenchantement. Tenant un journal intime, le chauffeur de taxi va se construire une carapace. Un nouveau modèle de ''vertu''. Un justicier du bitume, en somme. Mais pour cela, il lui faut un but. Et ce but sera personnifié par Iris (Jodie Foster), une gamine d'à peine douze ans se prostituant pour le compte du proxénète Sport (Harvey Keitel). La transformation du personnage n'est pas que mentale mais également physique. Travis retrouve le haut kaki qui constitua une partie de son uniforme lors de la guerre du Vietnam, muscle son corps et transforme ses cheveux en crête iroquoise...


À ce propos, selon certains peuples d'amérindiens, porter une telle coiffure permettait d'encourager les troupes durant les affrontements. Un détail qui sans doute ici a son importance et laisse entrevoir l'action que mènera le chauffeur de taxi lors du dernier acte. Un moyen de se donner la force, la motivation et le courage nécessaires pour mener à bien sa mission. Si l'issue du récit laisse augurer une conclusion dramatique et si l'environnement dans lequel vit le héros est éminemment anxiogène, Martin Scorsese traite parfois son sujet avec un certain cynisme. Voire, beaucoup d'humour. Le réalisateur nous immerge en outre dans un espace ouvert mais se rétrécissant à mesure que Travis se replie sur lui-même. Enfermé chez lui ou à ''l'abri'' de son véhicule, il regarde le monde tel qu'il est, tel que veut tout d'abord nous le montrer Martin Scorsese avant qu'un fossé ne se creuse entre le spectateur et le héros. Cette distinction qui permet au public de faire la différence entre le bien et la mal tandis que Travis, lui, n'as plus l'objectivité nécessaire qui lui permettrait encore de séparer le premier du second. Martin Scorsese filme la ville qui l'a vu naître avec passion. Un décor mais aussi et surtout, un personnage à part entière, vecteur d'angoisse,. Cette même appréhension qui jour après jour, année après année enfante des monstres à visage humain...

 

dimanche 24 juillet 2022

Due Occhi Diabolici (Deux yeux maléfiques) de George Romero et Dario Argento (1990) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Lorsque sort sur les écrans le film à sketchs Due Occhi Diabolici en 1990 (connu à l'internationale sous le titre Two Evil Eyes et en France sous celui de Deux yeux maléfiques), la collaboration entre le réalisateur américain George Romero et l'italien Dario Argento n'en est pas à ses premiers balbutiements. En effet, les deux hommes se rencontrèrent tout d'abord en 1978, à l'époque de la sortie de Dawn of the Dead, second volet d'une franchise dévolue aux zombies et autres morts-vivants chers à l'américain. Long-métrage dont George Romero assura la réalisation ainsi que le montage américain tandis que Dario Argento offrit au film l'opportunité d'un montage européen plus court mais nettement plus vif. Autre point important, le réalisateur italien changea complètement la bande musicale en faisant appel au génial groupe de rock progressif Goblin ! Plus de dix ans plus tard, les deux cinéastes se retrouvèrent donc au générique d'un film d'horreur à sketch dont l'une des particularités est de n'être constitué que de deux moyen-métrages intitulés La Vérité sur le cas de Monsieur Valdemar et Le Chat noir. Deux adaptations de nouvelles signées du romancier américain Edgar Allan Poe. Pour George Romero, le concept n'est pas tout neuf puisque lui seul réalisa la totalité des segments de la géniale anthologie Creepshow en 1982, collaborant ainsi avec l'écrivain Stephen King. Quant à Dario Argento, outre les dix longs-métrages qu'il réalisa jusque là, on le vit tourner un épisode de la série La Porta sul Bio en 1973 ainsi que ceux de Gli Incubi di Dario Argento, autre série qui verra le jour en Italie en 1987. Le compositeur italien Pino Donnagio dont la sublime partition musicale de Body Double de Brian De Palma est notamment demeurée dans les mémoires est ainsi convié à l'écriture de la bande-son de cette nouvelle participation entre les deux réalisateurs...


Adaptée en 1936 sous le titre Il Caso Valdemar, en 1943 sous celui de The Weird Circle ou dans l'anthologie argentine Masterpieces of terror en 1960, la nouvelle La Vérité sur le cas de Monsieur Valdemar sera donc ensuite très librement réactualisée par George Romero trente ans plus tard. Si ce n'était le personnage de Valdemar et si le sujet de l'hypnose n'évoquait pas les séances de sommeil que subissait le personnage à l'origine lors d'expériences menées par des médecins, on pourrait trouver étonnante la relation entre la nouvelle et le moyen-métrage du réalisateur américain qui nous livre l'une de ses sempiternelles variations sur le thème du zombie. Sauf qu'ici, la thématique se confond étrangement avec ces thrillers anglo-saxons ou du sud de l'Europe des années soixante et soixante-dix dans lesquels des individus étaient les victimes d'odieuses machinations orchestrées par leur entourage. On pense notamment au cinéma italien et au Giallo en particulier. Sauf que George Romero y intègre un élément fantastique dont il est coutumier depuis le début de sa carrière de cinéaste. Afin de donner vie à ce récit mêlant donc épouvante, fantastique et thriller, George Romero convie l'actrice Adrienne Barbeau, véritable égérie du fantastique des années quatre-vingt. En effet, afin d'offrir ses traits à l'épouse de Valdemar (Bingo O'Malley) et à la maîtresse du docteur Robert Hoffman (Ramy Zada), celle qui deviendra en 1979 l'épouse de John Carpenter tournera auprès de son futur mari dans les classiques The Fog et New York 1997, dans La créature du marais de Wes Craven, mais donc aussi sous la direction de George Romero qui l'engagera sur le tournage de Creepshow en 1982 dans le segment intitulé La caisse dans lequel elle faisait vivre un véritable enfer à son mari avant de finir entre les griffes et les dents d'une créature enfermée dans une boite ! L'occasion donc pour le réalisateur et l'actrice de se retrouver et de collaborer pour la seconde et dernière fois en 1990. Si La Vérité sur le cas de Monsieur Valdemar a peu de rapports avec la nouvelle d'Edgar Allan Poe, le moyen-métrage n'en est pas moins relativement plaisant à regarder même s'il a davantage les allures d'un court-métrage fantastique de série télévisée que d'un segment d'une anthologie prévue pour une sortie en salle. George Romero bénéficie en outre des excellents effets-spéciaux créés par Tom Savini qui en comparaison de son travail sur Maniac, Zombie ou Le jour des morts-vivants demeure ici plutôt sobre. Si le récit de cette machination vue et revue fonctionne, c'est sans doute tout d'abord grâce à l'aspect surnaturel de l'intrigue plus que pour son scénario d'un effarant classicisme. Les meilleurs observateurs y noteront en outre quelques références cinématographiques propres au cinéma de Romero. Un peu d'aide ? Remémorez-vous donc la séquence d'introduction de La nuit des morts-vivants ou le sketch Un truc pour se marrer (Something To Tide You Over) de Creepshow...


Concernant Le chat noir, il s'agit de l'une des nouvelles les plus connues du romancier américain. Adaptée à plusieurs reprises, certains se souviennent surtout du long-métrage que réalisa en 1983 le réalisateur italien Lucio Fulci (Gatto Nero). Pas le meilleur film du roi du gore malsain dans les années soixante-dix/quatre-vingt, mais une bonne cuvée tout de même. Sept ans plus tard, c'est donc son homologue Dario Argento de se réapproprier le mythe de ce chat particulièrement récalcitrant à travers le moyen-métrage sobrement intitulé Le Chat noir ! Là encore, Tom Savini nous gratifie de quelques plans gore du plus bel effet comme en ouverture du moyen-métrage, le corps d'une femme coupé en deux. Annabel et Roderick Usher forment un couple mal assorti. Elle est mal dans sa peau, fragile et lui est violent et alcoolique. La jeune femme reporte toute sa tendresse sur le chat noir qu'elle vient tout juste d'adopter. Son mari de photographe, agacé par la situation, se met à boire de plus en plus, victime de ce qui s'apparente alors à des hallucinations. Dario Argento pénètre dans la psyché du personnage incarné par l'acteur américain Harvey Keitel et s'intéresse donc davantage à l'homme qu'à l'animal qui ne sert en réalité que de catalyseur. Tout comme pour le moyen-métrage de George Romero, la nouvelle dont s'inspire le réalisateur italien est triturée dans tous les sens et réinterprétée à la manière d'un drame étrange se confondant avec un conte macabre comme en témoignent les séquences se déroulant lors des cauchemars du héros. On notera, outre la présence de Harvey Keitel et de Madeleine Potter dans le rôle de l'épouse de John Amos, acteur noir à l'impressionnante carrure que l'on découvrit à l'époque dans Haute sécurité de John Flynn ou 58 minutes pour vivre de Renny Harlin. Dario Argento rend hommage au spécialiste des effets-spéciaux gore Tom Savini en lui offrant le tout petit rôle d'un dingue surprit en très mauvaise posture dans un cimetière (son personnage s'amuse en effet à arracher les dents des corps récemment enterrés ! L'occasion de découvrir un nouveau maquillage du plus bel effet ! L'occasion également d'entendre une composition de Pino Donnagio du plus mauvais effet à base de violons synthétiques absolument ringards. Si le concept du photographe se perdant dans les limbes de la folie en prenant des clichés de plus en plus sinistres est intéressant, Le Chat noir ! est malheureusement parasité par un score épouvantable et une interprétation navrante sans doute en partie due à l'absence d'intérêt du réalisateur pour ses interprètes. Comme tout bon cinéaste italien du fantastique qui se respecte, Dario Argento dévoile un univers tantôt crépusculaire, tantôt surréaliste et d'une manière générale, relativement décousu. Là encore, le moyen-métrage est sauvé de l'indifférence grâce aux très efficaces effets-spéciaux de Tom Savini, lequel observe encore et toujours la dégradation des corps avec réalisme. Pour le reste, Le chat noir n'est ni plus ni moins qu'une honnête petite série B horrifique...

 

 

jeudi 24 janvier 2013

Bad Lieutenant de Abel Ferrara (1992) - ★★★★★★★★★★





Le "bad lieutenant" d'Abe ferrara est un flic passionné de base-Ball, qui parie l'argent de son bookmaker sans compter, sur des matchs qu'il perd systématiquement et qui font de lui un homme de dettes de jeu qui n'arrive jamais à rembourser. Alors il joue, encore et encore, des sommes toujours plus élevées, le condamnant ainsi à devoir être sur ses gardes lorsqu'il est sommé par celui qui lui avance les fonds de le rembourser au plus vite. Il risque sa vie à chaque coin de rue d'autant qu'il pousse ses collègues policiers, qui n'ont pour lui que peu de respect, à miser sur des matchs perdus d'avance.


Le "bad lieutenant", c'est aussi et surtout ce policier corrompu qui règle les petites affaires de quartier par la voie du fric qu'il récupère dans la poche des petits voyous qui viennent tout juste de braquer un petit épicier et qu'il garde pour lui au lieu de le rendre à son propriétaire. C'est aussi celui qui régulièrement se rends chez une amie toxicomane afin de se donner à sa principale passion: la drogue.Dans de longs plans-séquences on assiste à la déchéance d'un homme qui peu à peu s'enfonce dans l'univers morbide et crapoteux de la toxicomanie et qui s'échappe des réalités de la vie pour ne plus vivre que par et pour lui-même. Les mortelles fumées qu'il inspire à travers un tube d'aluminium le rendent incontrôlable et dangereux non seulement pour ceux qui l'entourent mais aussi et surtout pour lui-même.

Une affaire pourtant va peut-être lui permettre de remettre un peu d'ordre dans sa vie. Une jeune nonne s'est faite violer par deux jeunes voyous qui ont réussi à s'enfuir. Le "bad lieutenant", chargé de l'enquête, va se faire un devoir de résoudre cette affaire. D'un tempérament odieux, il semble être touché par cette mission qui lui est confiée et lors de laquelle, dans la chapelle ou a eu lieu le viol, il rencontrera même le Christ lors d'une scène totalement hallucinatoire. Les événements se précipitent au fur et à mesure que l'intrigue évolue et on finit par se demander si la rédemption liée à l'enquête sur le viol de la jeune nonne et à laquelle il semble être attaché va le sauver ou si ses différentes transgressions dans sa vie de flic corrompu finiront par le mener jusqu'à sa propre mort...


En y repensant rétrospectivement, imaginer un acteur comme Alain Delon interpréter ce flic pourri à l'écran lors des années quatre-vingt aurait été impensable. Celui de Ferrara est corrompu, drogué et violent. Lui qui est censé protéger la société dans laquelle il vit montre ce qu'elle a de plus pernicieux. Dès les premiers instants on se rends compte que ce personnage étoilé n'a rien du quelconque policier habituellement rencontré dans les rues d'une ville de la taille de New-York. On le surprends tout à fait inconscient de ce qui l'entoure, ne jetant qu'un regard distrait, voire totalement désintéressé aux scènes de crimes sur lesquelles il se rend. Il l'a recherche peut-être pourtant cette vie idéale, et qui peut-être est celle qui la poussé un jour à entrer dans la police. La seule qui finalement l'ai accueillie à bras ouverts, c'est celle, artificielle, des drogues dures. Abel Ferrara ne se moque de personne et rend son flic dépendant à la pire de toutes : le crack.
Sous l'emprise des cristaux, le "Bad Lieutenant" ressemble au personnage en couleurs se promenant au fil d'un décor en noir et blanc qui le restera jusqu'au moment ou il devra rendre des comptes à ses futurs bourreaux ainsi qu'à dieu lui-même. La drogue va de paire avec le sexe et alors que l'extase se fait attendre, on assiste à la descente aux enfers d'un homme qui finalement ne cherche ni le plaisir charnel ni le plaisir psychique mais plutôt un moyen radical d'échapper au monde qui l'entoure. Un univers qui finalement finira par l'absorber faisant de lui l'un des pions d'un monde qu'il renie.


Abel Ferrara n'avait jamais été auparavant aussi loin dans la description d'une Amérique malade et corrompue. Alors que son "Ange De La Vengeance" se permettait de faire justice elle-même en tuant à tours de bras le sexe fort après avoir subit deux viols consécutifs et que son "King of New-York" ambitionnait de devenir simplement le maître incontesté et redouté de la ville de New-York et de son trafic de drogue, son "Bad Lieutenant" n'a lui d'autre ambition que de survivre dans un monde qu'il rêvait autrement. Harvey Keitel est incroyable de réalisme et on le sent souffrir dans son interprétation d'autant plus qu'il semble réellement habiter son personnage. La visions de Zoe Lund en toxicomane est un choc pour tout ceux qui l'ont connue à travers "L'Ange De La Vengeance". Elle qui était si belle avec son visage angélique n'est dans "Bad Lieutenant" que l'ombre d'elle-même. Car si Harvey Keitel ne se drogue que de façon fictive dans le film, Zoe elle, s'est perdue dans les affres de la drogue et à même finit par en mourir en 1997 d'un arrêt cardiaque.

Un film coup de poing qui sonne presque le glas d'une carrière exceptionnelle puisque Ferrara ne parviendra plus a réaliser de film de cette trempe.
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