On ne cesse de le dire ou
de le remarquer mais le concept du remake donne souvent de piètres
résultats. Cela étant sans doute dû d'une part au fait que l'on
considère qu'il ne faut surtout pas toucher au long-métrage
original qui dans la plupart des cas est l'objet d'un culte. Et
d'autre part parce qu'il faut objectivement (ou pas d'ailleurs)
reconnaître qu'il y manque tout ou partie du sel qui faisait
l'intérêt de l’œuvre première. Parmi les dizaines, centaines ou
milliers d'exemples que l'on pourrait citer, Menteur
de Olivier Baroux trône en très bonne place. Découvert en salle
pas plus tard qu'hier, le film s'est montré relativement navrant
tandis que la toute première version réalisée deux ans auparavant
par le canadien Emile Gaudreault était autrement plus remarquable.
Voir d'ailleurs dans un ordre comme dans l'autre les deux films n'y
changera rien : la version québécoise est d'une supériorité
écrasante face à la française. Tout étant ici histoire de dosage,
la lourdeur des gags chez Olvier Baroux et ses interprètes prend une
forme beaucoup plus délicate chez Emile Gaudreault. Et ce même si
certains passages laissent parfois craindre que le vin tourne à
l'aigre. On aura beau apprécier Tarek Boudali, Artus, Pauline
Clément, Philippe Vieux, Guy Lecluyse, Catherine Hosmalin ou bien
Karim Belkhadra dans la version française, peu ou même aucun ne
semble capable de rivaliser avec le talent de Louis-José Houde,
Antoine Bertrand, Geneviève Schmidt ou des autres interprètes de la
version québécoise. Mais avant toute chose, un conseil. Pour un
confort optimal, et même si l'on parvient à déchiffrer une bonne
partie des échanges entre les personnages, l'accent québécois
n'étant pas toujours des plus évident à décrypter, mieux vaut
s'armer de sous-titres en français. Histoire de ne pas partir à
l'aventure sans protection. Ça n'a sans doute l'air de rien mais les
dix-neuf minutes d'écart entre les deux versions n'a rien de
hasardeux dans le fait que celle de 2019 soit aussi bien construite.
De la mise en scène jusqu'à l'interprétation en passant par
l'écriture elle-même, entre Menteur,
l'original et Menteur,
le remake, c'est le jour et la nuit. Tandis qu'Olivier Baroux signait
il n'y a pas si longtemps une comédie poussive, trop légère sous
certains aspects et au fond, ''digne'' du cinéma qu'il nous sert
depuis un certain nombre d'années. Le papa des Tuche
ne faisant qu'appliquer Ad
Naseam le même concept, fédérant
des foules nourries à la comédie de seconde zone...
Et
dans un certain sens, inintelligible pour les amateurs de bons mots
qui ne parviennent pas à se satisfaire d'un humour reposant en
partie sur la gestuelle. Cette approche visuelle qui faillit
malheureusement lorsqu'elle est également entreprise chez Emile
Gaudreault mais qui fort heureusement, n'est que la partie émergée
de l'iceberg ! Surjouant d'un côté en permanence (Tarek
Boudali), le mythomane est de l'autre abordé de manière beaucoup
plus profonde. La différence entre le réalisateur québécois et le
français provient du fait que le premier ne s'attaquait pas à son
sujet sous l'angle exclusivement humoristique. On constatera
d'ailleurs dès le 13 juillet dernier que le traitement infligé au
scénario d'Olivier Baroux forcément inspiré, et même voir pillé
à celui d'Emile Gaudreault dénote avec celui du réalisateur et
scénariste québécois. Qu'il s'agisse de l'aspect social de
certaines séquences, des diverses interventions des parents du
héros, ici interprétés par les formidables Véronique LeFlaguais
et Luc Senay ou de la grande majorité des gags, Menteur
version 2019 est un poids lourd en comparaison du remake qui ne fait
que reprendre dans les grandes lignes la quasi totalité des gags de
l'original tout en amenuisant leur impact à l'écran. Louis-José
Houde n'est pas le seul à porter sur ses épaules le projet même si
on doit à l'acteur une interprétation beaucoup plus fine et élargie
que celle du français. À ses côtés l'on retrouve Antoine Bertrand
auquel le public français commence à s'habituer. Pour le meilleur
(Trois fois rien
de Nadège Loiseau) mais aussi parfois malheureusement pour le pire
(Brutus VS César
de Kheiron). L'actrice Catherine Chabot n'a quant à elle rien à
envier aux charmes de la française Pauline Clément et exécute même
le rôle de la traductrice Chloé avec un surcroît de fraîcheur.
Sans vouloir affirmer que la version de 2019 est un brin trash,
disons que sous certains aspects, celle-ci se libère de certaines
contraintes par rapport à la version française. Les parents de
Simon étant notamment beaucoup plus rudes avec leur fils que dans le
long-métrage d'Olivier Baroux. Ce qui n'empêchera tout de même pas
ce dernier de nous offrir quelques rares séquences plus
convaincantes que dans la version de 2019. On pense notamment à la
visite chez le psy ! Mais d'une manière générale, là où
les rires se font rares chez l'un, chez le second il n'est pas rare
de s'esclaffer devant les péripéties de Simon, de son frère et de
Chloé. Un trio de charme très drôle et parfois émouvant. Inutile
donc de préciser qu'à choisir entre les versions québécoise et
française, on mettra de côté la seconde pour se ruer sur la
première...
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