Maintenant qu'en France
l'on semble avoir épuisé toute les cartouches en matière de
comédies comme tentent à le prouver ces légions de navets qui
sortent depuis quelques années sur grand écran, on se retourne vers
les autres. Vers l'Italie, comme avec Le jeu
de Fred Cavayé, qui sans être dénué de qualités n'est pourtant
qu'un piètre remake du formidable Perfetti
Sconosciuti
de Paolo Genovese ou comme avec Irréductible
de Jérôme Commandeur, adaptation française de Quo
Vado?
de Gennaro Nunziante. Vu que notre cinéma s'est souvent fait piller
à l'étranger (faisant de Francis Veber l'une des ''victimes'' les
plus prolifiques), il était donc logique que l'hexagone finisse à
son tour par voir fleurir quelques longs-métrages provenant
d'ailleurs. Le Canada lui aussi est parfois vampirisé par certains
de nos réalisateurs et scénaristes en manque d'inspiration. C'est
donc au tour du très fécond Olivier Baroux d'avoir sauté le pas un
an après le navrant quatrième volet de la franchise Les
Tuche.
Signe d'un cinéma en perdition, aux abois, se noyant dans
l'indigence la plus totale et apparemment, dans une certaine
indifférence. Celle du public qui en boucle se rend dans les salles
pour y redécouvrir sans cesse ce même humour que certain(e)s sont
même capables d'aborder de la plus mièvre des manières (Michèle
Laroque insistant toujours et encore et produisant ainsi le pire du
pire, année après année). Oiivier Baroux, donc. Qui avec la plus
célèbre famille de beaufs du cinéma français est devenu l'un des
portes-drapeaux de la comédie pépère qui ne prend jamais aucun
risque. Heureusement qu'il y eut récemment des Jean-Christophe
Meurisse (Oranges Sanguines)
ou des Fabrice Éboué (Barbaque)
pour nous réveiller de ce sommeil profond dans lequel la comédie
française nous plonge généralement et ce, depuis bien trop
longtemps. Menteur,
lui, n'aura malheureusement pas la possibilité d'en faire autant.
Aucune prise de risque à part un rythme suffisamment soutenu pour
nous maintenir en éveil. Le dernier long-métrage de l'ancien
complice télévisuel de Kad Mérad (dont la carrière n'a rien à
envier à celle de celui que l'on appelait alors ''O'')
est résumé dans sa seule bande-annonce. Une poignée de minutes qui
en convaincra sans doute certains mais rebutera l'autre partie du
public. Celle qui se méfie désormais systématiquement de
l'enrobage que prennent ces attrapes-nigauds. Menteur,
c'est donc à l'origine un film québécois réalisé par Emile
Gaudreault...
Sorti
en salle il y a deux ans, il mettait en scène Simon. Un mythomane
dont les mensonges vont du jour au lendemain devenir réalité. Un
concept, reconnaissons-le, on ne peut plus intéressant. Maintenant,
faut-il le savoir, tout ne dépend plus que de l'ingéniosité de
l'interprétation, le talent de son réalisateur ainsi que la forme
que prendront les différents gags. Dans la version française,
Jérôme remplace Simon. C'est l'acteur Tarek Boudali, d'abord connu
pour avoir formé aux côtés de Philippe Lacheau, Élodie Fontan,
Reem Kherici, Julien Arruti et Pascal Boisson La
bande à Fifi (Babysitting
1 et
2
les ayant transformés du jour au lendemain en vedettes de la comédie
française) qui incarne le rôle-titre. Celui du mythomane en
question. Autour de lui, l'humoriste et acteur Artus, Pauline
Clément, Philippe Vieux, Guy Lecluyse ou encore Catherine Hosmalin
et Karim Belkhadra qui interprètent tout deux les parents de Jérôme.
Un menteur pathologique qui depuis ses neuf ans passe son temps à
s'inventer de fausses vérités. Lesquelles finissent par prendre
vie, transformant l'existence du jeune homme et de son entourage en
cauchemar. Le principe étant ce qu'il est, il serait inopportun
d'affirmer que le film manque d'imagination. En effet, Menteur
contient un nombre de gags importants dont certains, même en tout
petit nombre, feront forcément mouche en fonction de l'état
d'esprit du spectateur. Chacun y trouvera donc de quoi satisfaire
son besoin de rire même si dans d'importantes proportions, le film
se regarde avec une certaine indifférence. Tarek Boudali a beau en
faire des caisses, la présence du sympathique Artus ou celle de la
charmante Pauline Clément n'aident en rien le film à s'extraire du
pathétique dont il enrobe la plupart des séquences. On sourit,
parfois plus par courtoisie ou gène que par amusement. On retrouve
pourtant occasionnellement l'humour cher aux anciens Kad
et O,
notamment à travers ce voisin que Jérôme affirmait être un tueur
en série et dont on devine très vite les conséquences d'un tel
mensonge. Olivier Baroux œuvre vainement dans le social (ces
employés menés par un Guy Lecluyse qui, lui, reste toujours
impérial) ou dans le sentiment (surtout vers la fin du film), mais
sa comédie n'en est pas moins un échec certain. Peut-être pas
aussi nanardesque que Les Tuche 4,
mais l'on se demande parfois ce qui pousse des producteurs à
injecter autant d'argent (ici, onze millions d'euros) dans des films
voués à tomber dans l'oubli à court ou moyen terme...
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