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mercredi 4 août 2021

Le lac des morts-vivants de Jean Rollin (1981) - ★★★☆☆☆☆☆☆☆



Ahhhhhhhhhhh, la magie du cinéma. Ces instants de liberté si précieux qui permettent aux cinéastes du monde entier de laisser libre cours à leurs fantasmes de la manière la plus débridée qu'elle puisse être et ce, quelque soit l'argent qu'ils aient en leur possession. Artisan du cinéma d'exploitation français devenu grâce au bouche à oreille l'un de ces réalisateurs cultes de l'hexagone, Jean Rollin, allez savoir pourquoi, réalisa ce cultissimo-nanardesque Lac des morts-vivants sous l'étrange pseudonyme de J.A. Lazer et non pas sous son propre nom. Pourquoi ? Parce qu'une ribambelle s'y désape avec autant de faciliter que pour se brosser les dents ? Étonnant de la part d'un réalisateur qui a jonglé durant une grande partie de sa carrière entre l'horreur et le porno (Lèvres entrouvertes pour sexes chauds ou Pénétrations vicieuses sous le pseudonyme de Michel Gentil et Gamines en chaleur ou Sodomanie sous celui de Robert Xavier). La raison doit venir d'ailleurs. Peut-être plus simplement parce que Le Lac des morts-vivants se démarque quelque peu de l'éternelle fascination du réalisateur français pour le thème des vampires. Car ici, et comme l'indique très précisément le titre, il s'agit de morts-vivants. De zombies plus verdâtres encore que ceux d'un certain George Romero qui trois ans plus tôt allait définitivement asseoir sa suprématie dans le genre avec le chef-d’œuvre absolu de la catégorie, Dawn of the Dead en 1978...


Concernant Jean Rollin, les choses sont infiniment plus compliquées. Les moyens mis en œuvre n'étant pas tout à fait les mêmes, le résultat se voit très clairement à l'écran. Quatre ans après le réalisateur américain Ken Wiederhorn et son Commando des morts-vivants (Shock Waves en 1977), le français reprend le concept (lui pique l'idée, ouais!) des morts-vivants en uniformes nazis végétant sous l'eau. Couplés à des visages entièrement peints dans un vert qui laisse davantage transparaître un certain talent pour le maquillage façon ''œuvre d'art picturale simplifiée à l'extrême'' que le réalisme de soldats allemands revenus à la vie et semant terreur et mort aux abords d'un lac, le long-métrage de Jean Rollin mérite son titre de Nanar tant le film s'avère aussi drôle que dramatiquement loupé ! Il faut savoir qu'à l'origine le film devait être l’œuvre de l'espagnol Jesús Franco (autre sacré personnage du septième art. L'alter ego hispanique de Jean Rollin!). Le réalisateur quitte le film au beau milieu du tournage et la relève est ainsi assurée par le français qui signe l'un des pires mais aussi des plus mémorables films d'horreur toutes thématiques confondues...


Le bonhomme venant du X, on n'aura pourtant pas droit au moindre gros-plan explicite (n'est pas Joe D'Amato qui veut!). Mais connaissant Jean Rollin, on ne s'étonnera pas en revanche de voir d'entrée de jeu une superbe naïade toute bronzée se foutre à poil pour le bonheur des libidineux. Une séquence d'une durée de cinq minutes environs servant de prétexte à l'apparition du premier mort-vivant du titre. À noter la soupe musicale proposée par le compositeur français Daniel White, celui-là même qui participa tout de même à l'élaboration de dizaines de bandes-originales dont celles des Maîtresses du docteur Jekyll de Jesús Franco en 1964 (auquel Daniel White restera très fidèle durant de nombreuses années), Les Gardiennes du pénitencier d'Alain Deruelle en 1979 et même celle du Don Quichotte de 1992, un étonnant projet en collaboration entre Jesús Franco et Orson Welles (!?!) qui malheureusement ne verra jamais le jour. Tourné dans la campagne oisienne, sans doute pas très loin du château de la Reine Blanche à Coye-la-Forêt dans la région Hauts-de-France qui sert de décor à la demeure du maire interprété par l'acteur suisse Howard Vernon, Le Lac des morts-vivants est, faut-il l'admettre, souvent très ennuyeux. La plupart des seconds rôles sont ''incarnés'' par des amateurs.


Les ''ploucs'' du coin qui n'y bitent rien en matière d'interprétation mais demeurent finalement assez touchants dans le naturel qu'ils dégagent. Il faut dire que Jean Rollin n'était sans doute pas le genre de cinéaste à refaire la même scène des dizaines de fois jusqu'à l'obtention de la séquence parfaite. Question effets-spéciaux, comme d'habitude chez le réalisateur, c'est le minimum syndical. La palme d'or revenant donc aux morts-vivants peints en vert. Si la post-synchronisation s'avère déplorable, impossible de ne pas éprouver beaucoup de plaisir à entendre parler les nazis dans notre langue avec un fort accent du coin ! Question décors, c'est la ruralité qui parle. Pour les costumes, rien de mieux que des figurants qui viennent sapés comme dans leur quotidien. Quant à l'histoire, elle mêle une journaliste venue enquêter sur le ''lac maudit'' (et non pas ''DES maudits'' comme le maire croit nécessaire de le préciser........!), l'évocation de plusieurs meurtres de jeunes femmes (toutes évidemment consciencieusement dénudées, olé, olé!) par des nazis zombifiés anthropophages surgis des eaux du lac en question. Tout ceci se déroulant dans une campagne bien de chez nous sur un rythme terriblement soporifique. Une œuvre ponctuée par les compositions de Daniel White, tantôt du style ''petite musique de supermarché'', tantôt genre ''musique concrète et avant-gardiste''. De quoi semble-t-il, passer un bon moment, hein ? Ben non, pas vraiment en fait. À vous de juger...

 

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