La franchise Conjuring
en est en 2021, officiellement à son dixième long-métrage. Cela
uniquement si l'on joint au trois volets tournant principalement
autour d'Edward et Lorraine Warren, couple formé d'un spécialiste
en démonologie et d'une voyante ayant réellement existé et ayant
notamment travaillé sur la célèbre affaire d'Amityville entre 1974
et 1976, les franchises Annabelle
et The Nun
ainsi que deux autres longs-métrages indépendants qui ne font
intervenir que quelques clins d’œil en rapport avec la saga
Conjuring
(The Curse of La Llorona
de Michael Chaves qui est sorti en 2019 et The
Crooked Man
de Mike Van Waes qui lui est prévu pour l'année prochaine). Dès
l'entame de The Conjuring: The
Devil Made Me Do It,
le film nous promet être comme l'enquête la plus délicate qu'aient
eu à mener le couple Warren. De quoi mettre en appétit les
spectateurs férus de créatures démoniaques et de possession. Dès
la troisième ou quatrième minute, on a déjà droit non pas encore
à l'évocation du thème central tournant autour du jeune Arne
Cheyenne Johnson qui en 1981 assassina son propriétaire Alan Bono,
mais très clairement à un hommage à L'Exorciste
de William Friedkin avec à l'image, l'apparition du père Gordon
(l'acteur Steve Coulter) dans une posture renvoyant très clairement
à l'apparition du père Lankester Merrin (à l'époque interprété
par le suédois Max Von Sydow) devant la maison de la jeune victime
Regan MacNeil (Linda Blair). Premier modèle d'une succession de
références parmi lesquelles, on notera des visions d'ubiquité
parfois visuellement proches d'un certain... Insidious
(réalisé par James Wan en 2010 et déjà interprété à l'époque
par l'acteur américain Patrick Wilson)...
Basé
sur le cas unique d'Arne Cheyenne Johnson dont l'avocat lors de son
procès tenta de convaincre les jurés que son client était possédé
et manipulé par un démon au moment des faits, The
Conjuring: The Devil Made Me Do It tente
de reprendre pas à pas ce récit d'une possession qui toucha en
priorité le tout jeune David âgé de seulement onze ans avant
qu'Arne Cheyenne Johnson n'attire en lui le démon afin de libérer
David de son emprise. Une fois l'entité ayant choisi Arne comme
nouvel hôte, le comportement de ce dernier changea. Une modification
progressive de l'attitude du jeune homme qui dans l'adaptation de
Michael Chaves s'avère malheureusement trop vite expédiée. Alors
que l'acteur Ruairi O'Connor qui incarne Arne Cheyenne Johnson
rappelle sous certains aspects Jack Magner qui dans le second (et
meilleur) épisode de la franchise Amityville
incarnait
l'effrayante victime d'une possession démoniaque en la personne de
Johnny Montelli (en fait, Ronald DeFeo Jr qui dans la nuit du 12 au
13 novembre 1974 tua ses parents ainsi que ses quatre frères et sœurs à l'aide d'un fusil), une importante ellipse transporte nos
personnages presque directement vers la tragédie qui le poussa à
tuer son propriétaire de nombreux coups de couteau. Dans un premier
temps, on a donc droit à toute une série de séquences dont on
jugera le contenu de simple accumulation d'événements
divertissants. Une surenchère qui prône un intérêt certain pour
le couple Warren qui investi alors très fortement le cadre et
enquête sur une tuerie qui apparemment n'a rien à voir avec
l'affaire qui les intéresse. Le scénario de David Leslie
Johnson-McGoldrick basé sur une histoire dont il est à l'origine en
compagnie de James Wan (producteur du film) accumule par des couches
successives, des éléments fantastiques qui empêchent
malheureusement une lecture réaliste des événements...
Si
l'exorcisme de David Glatzel (le jeune acteur Julian Hilliard) est
plutôt efficace tout en étant bien moins impressionnant et viscéral
que celui que subit Linda Blair dans L'exorciste,
la suite des événements finissent de ternir le sujet central pour
n'être plus qu'un salmigondis de séquences lors desquelles nos deux
valeureux ''chasseurs de démons'' sont plongés dans des scènes
certes visuellement impressionnantes mais qui font davantage appel à
l'imaginaire des scénaristes plutôt qu'à des faits ayant
réellement eu lieu au début des années quatre-vingt. Que le jeune
David soit attaqué par une entité qui surgit d'un Waterbed
passe encore (on s'attendrait presque à voir le célèbre brûlé
Freddy Krueger en sortir), mais lorsque surviennent des créatures à
diverses étapes du récit, se référant même à l'occasion et
involontairement au Poltergeist
de Tobe Hooper lors d'une séquence proprement risible, on se dit que
le choix de la première option reposant sur une enquête policière
plus que spirituelle aurait sans doute apporté un surcroit de
valeur au film plutôt que de n'en faire qu'une sorte de guide de la
démonologie qui ne parvient à aucun moment à être véritablement
terrifiant. Si l'on peut être ravis de retrouver à l'écran le duo
Patrick Wilson/Vera Farmiga (cette dernière étant également
présente dans certains spin-off de la franchise), le personnage du
premier semble avoir pris un sérieux coup de vieux, se traînant
une canne à la main! Pas tout à fait détestable mais se refusant
même à se pencher sur le procès, c'est peut-être là le signe
qu'il faudrait enfin pour la franchise, prendre la retraite, les
quelques courts passages véritablement intéressants ne se comptant
malheureusement que sur les doigts d'une seule main...
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