Putain c'qu'il joue bien
le gamin. C'est à s'y méprendre. Étonnant que son nom n'apparaisse
pas au générique et qu'il n'ait pas poursuivi une carrière dans le
cinéma. J'ai eu beau chercher, il n'apparaît pas non plus sur la
page IMDB consacrée au film.
Jamais vu personne pleurer avec autant de crédibilité sur un écran
de télévision. Quoi ? Pardon ? Ah ! Paraît qu'en
fait on a annoncé à ce petit être fragile et innocent que ses
parents venaient tout juste de mourir dans un terrible accident de
voiture avant de tourner la scène. J'comprends mieux. En tout cas,
la méthode s'avère fort efficace... Drôle de titre pour un film
d'horreur plutôt sympathique : Butcher, Baker,
Nightmare Maker.
Autrement dit, Boucher, boulanger, fabricant de cauchemars. Tout un
programme... On se demande ce qui est passé par la tête de ses
créateurs. Point de type qui se lève à quatre heure du matin pour
aller travailler et préparer derrière les fourneaux le pain favori
de ses clients. Pas d'étal de boucher non plus. Tout au plus
avons-nous droit effectivement à la présence d'une femme au
comportement si étrange que si nous avions dans notre propre famille
un parent de ce calibre, il est fort probable que nos nuits seraient
grandement agitées...
Butcher, Baker,
Nightmare Maker est
le genre de production venant tout droit des États-Unis qui demeure
méconnue dans notre pays. Retitré plus tard Night
Warning
et traduit chez nous sous le titre À la limite
du cauchemar,
ce film ne fut pas l’œuvre d'un débutant puisque le réalisateur
William Asher commença sa carrière en 1954 avec le long-métrage
Leather Gloves
avant de la poursuivre surtout à la télévision avec d'innombrables
épisodes de séries télévisées et un certain nombre de téléfilms
et ce, jusqu'en 1990 où il réalisa un dernier long-métrage voué à
la petite lucarne, Return to Green Acres.
Pour les besoins de Butcher, Baker, Nightmare
Maker,
William Asher fait appel aux services de trois scénaristes :
Boon Collins, Steve Breimer et Alan Jay Glueckman qui nous concoctent
un récit relativement simpliste mais mené de façon très
particulière qui fait du film, une œuvre très étrange et
relativement percutante. Le film évoque immédiatement une autre
production, cette fois-ci originaire d'Italie et réalisée par Mauro
Bolognini en 1977 : Gran Bollito (ou
Black Journal)
dans lequel une mère (l'actrice américaine Shelley Winters) vouait
un amour sans partage pour son fils et éliminait toutes les
prétendantes qui tentaient de le lui enlever. Dans le cas présent,
Cheryl Roberts n'est pas vraiment la mère de Billy Lynch mais sa
tante qui l'a élevé durant les quatorze dernières années depuis
que ses parents sont morts dans un accident dont aucun détail ne
nous sera d'ailleurs épargné : La voiture du père de Billy
ayant perdu ses freins, celle-ci a foncé tout droit percuter un
camion transportant des troncs d'arbres dont l'un est venu
s'encastrer dans le pare-brise. Résultat des courses : l'homme
a fini décapité puis la voiture a poursuivi son chemin dans un
ravin avant d'exploser et de tuer à son tour son épouse lors d'une
très belle explosion...
Le
récit fait ensuite une bascule dans le temps et l'on se retrouve
alors quatorze ans plus tard. Billy a séché ses larmes, est
interprété cette fois-ci par l'acteur Jimmy McNichol et vit
toujours avec sa tante Cheryl qu'interprète l'actrice Susan Tyrell.
Une interprète qui tient là un rôle de caractère mais que l'on a
pu également voir chez le français Claude Lelouch (Un
autre homme, une autre chance
en 1977), l'italien Marco Ferreri (Conte de la
folie ordinaire en
1981), John Waters (CryBaby
en 1990) ou encore Victor Salva (Powder
en 1995). Dans Butcher, Baker, Nightmare Maker,
elle incarne donc une Cheryl au comportement ambigu envers Billy.
Qu'elle traite autant comme son fils que comme un... amant. Si ses
caresses semblent parfois inappropriées, ses crises d'hystérie ont
le don d'inquiéter. En nymphomane, Cheryl séduit un réparateur
qu'elle tue après avoir vainement tenté de le séduire. Témoin du
meurtre, Billy choisi de mentir en confirmant les dires de sa tante
qui affirme avoir été la victime d'une tentative de viol. Démarre
alors une drôle d'enquête policière menée par un détective
(l'acteur Bo Svenson) pas franchement rassurant. Entre le portrait de
cette tante déséquilibrée, nymphomane et un brin incestueuse et
celui du flic violent et homophobe, Butcher,
Baker, Nightmare Maker
aurait pu n'être qu'un petit film glauque et dérangeant mais
s'avère être plutôt une péloche sympathiquement hystérique dans
la grande tradition de certains longs-métrages mettant en avant les
déviances de certaines familles d'Amérique profonde. Parfois
sanglant mais aussi très brutal, l’œuvre quasi-inconnue de
William Asher mérite que l'on s'y attarde, d'autant plus que son
actrice principale y délivre une performance aussi hallucinante que
terrifiante...
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