À la suite d'un braquage
de banque qui s'est mal déroulé, une bande de truands prend la
fuite à bord d'une voiture avant d'être prise pour cible lors un
barrage policier. Mais durant leur tentative de fuite, l'un d'entre
eux est gravement blessé à la tête. Dès lors, ses complices vont
tout mettre en œuvre pour le sauver. Quitte à faire appel à une
vieille connaissance : Un chirurgien qu'ils contraindront sous
la menace de transférer le cerveau du blessé dans la tête d'un
homme qu'ils auront au préalable décapité ! Réalisé par le
cinéaste espagnol Juan Fortuny, scénarisé par ses soins ainsi que
par Marius Lesœur (producteur français de nombreux films
d'exploitations dont un certain nombre signés du réalisateur
espagnol Jesús Franco), mis en musique par Daniel White (Le
lac des morts-vivants
de Jean Rollin) mais surtout interprété par l'acteur espagnol Paul
Naschy (une carrière longue comme le bras surtout tournée vers le
cinéma fantastique et d'épouvante), L'Homme à
la tête coupée (dont
le titre original est Las ratas no duermen de
noche)
s'avère être une alternative pas vraiment folichonne de The
Thing with Two Heads que
Lee Frost réalisa en 1972. Une œuvre qui ne volait déjà pas bien
haut mais qui en comparaison avec le long-métrage de Juan Fortuny
demeurait encore fort appréciable. Deux concepts pas tout à fait
identiques mais entretenant malgré tout d'étranges rapports d'un
point de vue scénaristique. En effet, l’œuvre de Lee Frost
exposait un chirurgien raciste dont la tête était greffée sur le
corps d'un homme noir tandis que dans L'Homme à
la tête coupée,
c'est le cerveau d'un criminel qui est greffé dans la tête coupée
de son pire ennemi avant d'être elle-même greffée sur le corps du
premier...
Ouais,
je sais, vous vous dites qu'au-delà d'un concept complètement
perché, il demeure un détail encore plus invraisemblable si l'on
part du constat que la chose puisse être concevable. Pour ceux qui
auraient du mal à cerner mon propos, voici mon approche des faits.
Un type risque de mourir si jamais l'on ne prélève pas très
rapidement son cerveau afin de pratiquer un greffe sur la tête d'un
second homme. Alors, pourquoi couper la tête du receveur pour y
greffer ensuite le cerveau du blessé en question avant de placer
ensuite celle-ci sur le corps du premier alors qu'il serait si simple
de tuer le second sans le décapiter pour lui greffer directement le
cerveau du premier ? Sur une échelle de cinq étoiles
''nanardesques'', on peut donc ici octroyer sa première à L'Homme
à la tête coupée.
La seconde viendra tout de suite après que les premiers dialogues
aient été échangés. En effet, et cela concernera en priorité les
spectateurs francophones, les doublages sont d'une remarquable
nullité. Couplées à des lignes de dialogue d'une indigence crasse,
les doubleurs ne semblent pas du tout conquis par le texte qu'ils ont
devant les yeux. Une seconde étoile fort bien méritée puisqu'il
est tout à fait impossible de demeurer insensible devant une
écriture d'une telle inconsistance. La troisième étoile ? Les
acteurs eux-mêmes permettent au film de l'ajouter à son palmarès.
Et ça n'est pas davantage leur interprétation ''derrickienne'' qui
est à mettre en cause que leur absence totale de charisme. Autant
dire que l'on se fiche absolument du sort qu'il puisse leur être
accordé. Vêtus de manière aussi séduisante que le Pierre Mortez
du Père Noël est une ordure
de Jean-Marie Poiré, affublés de coiffures et parfois de moustache
plus vraiment dans l'air du temps et leur donnant des airs de beaufs,
il n'y a pas un seul acteur pour relever le niveau de charme requis,
ici drastiquement revu à la baisse...
Les
actrices elle-mêmes n'y parviennent malheureusement pas davantage.
Entre une Ingrid (jouée par l'actrice française Gilda Anderson)
coiffée façon ''j'viens
juste de me lever''
et complètement éteinte, une danseuse de cabaret dont les
mouvements lascifs n'éveilleront le désir que des taulards ayant
pris trente ans ferme, ou encore une tortionnaire pas vraiment
encourageante, on ne peut pas dire que L'Homme à
la tête coupée
transpire la joie, la bonne humeur ou un quelconque optimisme. Mais
s'agissant d'une production Eurociné
(LA voilà,
la quatrième étoile!), le long-métrage de Juan Fortuny s'avère en
fait d'une qualité supérieure à nombre de films ayant eu la joie
(ou le malheur) d'être produits par cette compagnie
cinématographique fondée selon certaines sources par... Marius
Lesœur, justement l'un des deux scénaristes de ce long-métrage
improbable. Pourtant, cet invraisemblable mélange entre polar,
science-fiction (la tête, rappelez-vous) et épouvante a peu de
chance de rester dans les mémoires tant la mise en scène,
l'interprétation et pleins de petits détails ruinent le potentiel
du scénario. Des petites choses, oui, comme cette musique de fond
jouée à l'accordéon (tradition qui veut que tout film tourné à
l'étranger mais situant virtuellement certaines séquences dans la
capitale française ajoutent cet instrument ''typiquement parisien'')
alors même qu'en arrière-plan, on devine que la séquence en
question fut tournée en Italie comme semble le prouver le nom d'un
cabaret, le ''Narcis''
et son accroche ''Sex
Uomo''.
Et bien voilà, la cinquième étoile est enfin acquise et le temps
du repos bien mérité parce qu'avec un tel objet devant les yeux,
c'est bien le double ou le triple du temps passé devant que l'on
mérite d'aller se reposer afin de se remettre de cette éprouvante
et nanardesque expérience...
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