Le cinéma horrifique
déborde outrageusement de générosité lorsqu'il convie les enfants
à se comporter de manière plus ou moins diabolique. Cela part en
général du gamin qui refuse de manger ce qu'on lui met dans son
assiette jusqu'à l'incarnation même du Diable. À l'évocation de
There's Something Wrong with the Children
de Roxanna Benjamin, à quoi pense-t-on immédiatement ? Au
Village of the Damned
de Wolf Rilla et son remake réalisé par John Carpenter dans les
années 90 ? à ¿Quién Puede Matar a un
Niño?
de Narciso Ibáñez Serrador ? Ou plus près de chez nous, à
Attention, les enfants regardent
de Serge Leroy ? Oui, sans doute, et c'est peut-être là que se
situe tout d'abord l'intérêt du spectateur. Du moins, du plus
anciens d'entre eux sachant que parmi les nouveaux, certains ne
connaissent probablement pas ces trois classiques du cinéma tour à
tour fantastiques, dramatiques ou d'anticipation. Produit par
Blumhouse,
il est fort à parier que les plus jeunes s'esclafferont en arguant
qu'il s'agit d'une œuvre financée par les mêmes producteurs qui
avancèrent de fortes sommes d'argent pour les franchises Paranormal
Activity,
Insidious
ou American Nightmare.
Ce n'est pas faux... mais ni tout à fait vrai puisqu'il s'agit en
fait de la branche télévisée connue sous le nom de Blumhouse
Television.
Et autant dire que très vite, cela se voit à l'image. Le vert a
beau être ma couleur préférée, j'avoue avoir eu devant le
générique, un mouvement de recul aussi immédiat que si j'étais
subitement tombé devant la carcasse atrocement mutilée et
malodorante d'une bête sauvage morte depuis plusieurs jours. Le
long-métrage de Roxanna Benjamin n'étant pas en odorama,
c'est déjà ça de gagné. Mais alors, qu'est-ce que c'est que ce
machin qui sert de générique ? Passé sous un filtre de
couleur vert bouteille et affublé d'une police de caractère
hideuse et de couleur rouge, le mariage entre les deux teintes a
autant de sex-appeal que l'improbable fruit hybride issu de l'union
entre un Nasalis
Larvatus
de sexe mâle et une femelle Nasikabatrachus Sahyadrensis !
Autant
dire que tout ceci commence très
mal et que l'on n'a ''CURIEUSEMENT'' plus très envie de comparer les
quelques classiques cités plus hauts avec ce téléfilm
qui a tout l'air d'avoir été mis en lumière par un manchot atteint
de cécité ! Mais bon, nous allons malgré tout laisser au
réalisateur, aux techniciens (parmi lesquels, un compositeur sans
doute biberonné au séries télévisées américaines des années
quatre-vingt/quatre-vingt-dix) et à ses interprètes une chance de
pouvoir s'exprimer jusqu'au bout. Quatre-vingt dix minutes plus tard,
le verdict est sans appel : Et bien ça y est ! On le tient
le Brillantissime
du cinéma d'horreur. 2023 s'achève quasiment et voilà que surgit
la plus grosse daubasse de l'année, de la décennie et pourquoi pas,
parmi les cinquante plus mauvais films d'épouvante de l'histoire du
cinéma. Je sais, je sais, si l'on fouille soigneusement parmi les
très nombreux DTV
qui débarquent chaque année, les infamies du genre se comptent par
centaines. Il en est même qui pourraient apparaître bien plus
exécrables que ce There's Something Wrong with
the Children.
Sauf que la plupart d'entre eux assument tout à fait leur médiocrité
en faisant preuve d'un solide second degré tandis que le
long-métrage de Roxanna Benjamin (qui devrait plutôt se reconvertir
dans la télévente, quitte à faire de la merde) se prend, lui, très
au sérieux. Le ''compositeur'' ne connaissant apparemment pas
l'usage réel d'un clavier, de ses différents octaves qui le
constituent et n'ayant probablement qu'une banque de sons réduite à
trois échantillons, le film est baigné en permanence par une Drone
Music
ultra répétitive et parfois assourdissante.
On
imagine déjà le mec enfermé dans son home-studio laisser son doigt
appuyé sur un ''ré'' ou un ''sol'' durant de longues minutes en
laissant l'option ''distorsion'' faire le reste du travail à sa
place. Ça n'est vraiment pas sérieux. Et Roxanna Benjamin, alors ?
Qu'est-ce qu'elle fichait durant le tournage ? Discussion entre
copines du prochain soin du visage ou du futur passage chez le
coiffeur ? Parce que dans le genre ''personnages en roue
libre'', on a véritablement l'impression d'un cameraman venu filmer
deux couples en vacances lors de leurs randonnées pédestres. Les
adultes passent leur temps à se bâfrer, à picoler (sans doute pour
oublier ce temps si long qui les oblige à rester sur le lieu de
tournage) tandis que les deux enfants de l'un de ces deux couples
tentent de nous effrayer en jouant à des jeux qui, au pire, finiront
de crisper ceux qui comme moi préféreraient se choper un bon gros
virus Ebola que d'avoir à se priver d'oxygène en ayant des chiards
dans les pattes. L'idée de départ, aussi peu originale soit-elle,
est atrocement mal menée. On envisage rapidement la trame en se
rendant compte que l'on est tombé pile sur le sujet. Autant dire que
question effets de surprises, va falloir chercher ailleurs. Et mon
dieux, ce que ça peut être moche, mal joué, ridicule et doté de
décors on ne peut plus sommaires. Les logements des personnages ont
parfois l'air d'avoir été construits aux abords d'une air
d'autoroute ! Le pire, c'est que plus l'intrigue avance et plus
l'on se rend compte du potentiel de l'histoire qui au départ
tâtonne, son adaptation étant confiée à une réalisatrice
absolument pas à la hauteur de l'enjeu. Même pour du Blumhouse
(qui en grande majorité ne propose habituellement rien de vraiment
excitant)
c'est mauvais, c'est dire...
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