Visiter un appartement ou
une très belle demeure, c'est parfois comme aller consulter son
généraliste ou un psychiatre. C'est du moins ce qu'évoque le
dernier long-métrage de Bruno Podalydès, frère de Denis, lequel
est une nouvelle fois convié à participer à cette aventure quelque
peu hors du commun. La branche familiale s'est depuis quelques années
étoffées puisque après que Jean Podalydès ait débuté sa
carrière en 1994 dans le court-métrage Voilà,
Nino est quant à lui apparu pour la première fois dans Bancs
publics (Versailles rive droite)
en 2009. L'un et l'autre ont donc rejoint père et oncle le temps de
quelques scènes captées lors de ce qui reste pour son auteur une
fantaisie et pour son producteur un pur moment de divertissement. Il
est vrai qu'à l'issue de la projection, Wahou !
laisse une impression très particulière. S'il s'agit bien d'une
fiction, la comédie de Bruno Podalydès semble avoir surtout été
tournée dans la bonne humeur entre actrices et acteurs
particulièrement courtois et attachés les uns aux autres. De cette
interjection qui semble susciter l'enthousiasme de celles et ceux qui
l'emploient se dégage une certaine ironie. La rivalité qui existe
entre l'assurance du propriétaire sûr d'être dans son bon droit
d'afficher une certaine arrogance et la retenue dont font preuve la
plupart des futurs acheteurs dont le comportement est celui de
visiteurs de musées n'est ici pas toujours assumée. Ce qui laisse
pour certains personnages tout loisir d'exprimer leur mécontentement
et ainsi afficher à leur tour le mépris pour celui ou celle qui
veut vendre son bien. Wahou !
est une collection de vignettes, de scénettes mettant en scènes
vendeurs et acheteurs. Partageant l'action entre une superbe demeure
appartenant au couple interprété par Sabine Azéma et Eddy Mitchell
et un appartement tout neuf mais dont les travaux seront
véritablement achevés dans quelques mois, Bruno Podalydès convie
une armada d'actrices et d'acteurs qui pour une partie d'entre eux
ont déjà tourné avec lui. Le spectateur retrouvera la légèreté
et la poésie typique de son cinéma et notamment celui de
l'excellent Comme un avion
pour ne citer que l'un de ses derniers films. Citons tout d'abord
Karin Viard qui en 2018 interpréta la Marquise de Grand-Air dans
Bécassine !,
Sabine Azéma que l'on découvrit dans Le mystère
de la chambre jaune
en 2003 et Le parfum de la dame en noir
deux ans plus tard. Agnès Jaoui qui incarna le rôle de Laëtitia
dans Comme un avion
en 2015, Claude Perron qui elle aussi participa au tournage de
Bécassine !
Ou
encore Florence Muller (excellente en infirmière dépressive),
Isabelle Candelier (magistrale dans le rôle de l'hypothétique
acheteuse) et Patrick Ligardes (dans celui de son irascible époux)
qui tous les trois sont des réguliers de l'univers de Bruno
Podalydès. Quelques nouvelles têtes apparaissent également comme
Roschdy Zem, Félix Moati ou Manu Payet. Wahou !
n'étant évidemment pas parfait, le niveau des séquences n'est pas
toujours très élevé. On appréciera moins certains
passages malgré tout rehaussé par un nouveau venu (Roschdy Zem
apportant un peu de sel lors d'une séquence un peu plate). En vieux
bougon, Eddy Mitchell est irrésistible tandis que Florence Muller et
Isabelle Candelier rehaussent à elles seules certaines scènes.
Entre l'engouement de l'une pour la superbe propriété du couple
Ramatuelle et l'émouvante détresse de l'autre, l'homme et la femme
dans leur globalité passent par différentes étapes émotionnelles
que Bruno Podalydès pointe avec justesse. Quelques séquences plus
inhabituelles se détachent comme celle lorsque Denis Podalydès
visite à son tour l'appartement. Pas un mot mais quelques amusantes
expressions faciales. Un petit tour et puis s'en va devant l'air
hébété de Karin Viard qui aux côtés de Bruno Podalydès
incarnent le duo d'agents immobiliers Catherine Bourbialle et Oracio
Sanchez (à noter que ce dernier est accompagné de près par le
stagiaire Jim qu'interprète Victor Lefebvre). Bref, Wahou !
est, sous ses allures de petite comédie sans prétention au budget
ultra light (le film fut financé à hauteur d'un million et
deux-cent mille euros!), un pur moment de plaisir. Une galerie de
personnages hauts en couleurs servis par de talentueux interprètes
pour une satire innocente dans l'univers de l'immobilier et de ceux
qui gravitent autour...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire