Encore un nouveau film de
zombies ? Non, d'infectés. Et pour celles et ceux qui n'ont
toujours pas compris la différence entre les deux, et bien... tant
pis pour eux, ils n'avaient qu'à être plus attentifs. Maintenant,
pour ceux qui aiment les cadavres malodorants et décharnés qui
déambulent dans les cimetières après être sortis de leur tombe,
il faudra prendre rendez-vous pour une prochaine fois car Day
Zero
ne rend pas hommage à ces valeureuses et ancestrales créatures qui
perdent parfois sur le chemin un petit bout de chair défraîchie
mais à leurs principaux concurrents : les infectés ! Ces
hommes et ces femmes généralement contaminés par un virus dont
rares sont les scénaristes et les réalisateurs qui se donnent la
peine d'évoquer les origines. Provenant des Philippines
(d'Indonésie ou de Thaïlande, on s'en tape), le dernier
long-métrage de Joey De Guzman se déroule entre une prison
asiatique dont les pensionnaires ne profitent pas des largesses
hexagonales (pas d'internet, de weed, de terrain de foot, etc...), où
l'on retrouve le prisonnier Emon incarné par l'acteur Brandon Vera
et un immeuble tout sauf cossu où vivent son épouse Sheryl
(l'actrice Mary Jean Lastimosa) et leur fille Jane (Freya Fury
Montierro). Au regard de la physionomie et du regard autre que
''plein d'intelligence'' de Brandon Vera, on sent bien que la prose
n'est pas la principale qualité du long-métrage. Écrit par Ays De
Guzman (dont je n'ai aucune idée du lien de parenté avec le
réalisateur), le script de Day Zero
repose sur une face, une seule, de papier à cigarette qui aurait été
au préalable pliée en quatre. Autant dire que sous le crâne du
spectateur, ça ne risque pas franchement de chauffer ! Avec sa
bande-annonce nerveuse, sa sympathique affiche et ses origines
asiatiques, on s'attend à une version zombiesque de The
Raid
ou tout autre type de film du genre. Bref, de quoi contenter les
amateurs d'action et de cinéma d'horreur et d'épouvante. Que nenni
les amis car si Day Zero
n'est pas un exemple parmi tant d'autres de long-métrage piteusement
calqué sur les pires engeances du genre, il va malgré tout de même
falloir chercher très profondément au cœur du script, la mise en
scène et l'interprétation pour trouver ce qui le différencie du
tout venant. Personnellement, j'ai très vite abandonné l'idée d'y
dénicher de neuves et belles innovations. Voir un type dont les bras
font le tour de ma taille dézinguer à tours de bras des dizaines de
type en furie avait de quoi remplir un peu moins de quatre-vingt dix
minutes d'une journée sans intérêt.
Et
pourtant, si le supplice ne fut pas à la hauteur des centaine de
purges que ma passion dévorante me contraignit à regarder durant
les trente ou quarante dernières années, le plaisir, même le plus
infime, ne fut pas au rendez-vous. Déjà, avec sa tronche façon
''tête vide et bras bien remplis'', Brandon Vera passe
difficilement le cap du protagoniste attachant. Je sais pas vous,
mais de mon point de vue personnel le bonhomme n'a pas tout à fait
le capital sympathie d'un Dwayne Johnson ! À le voir l'on a
l'impression d'un demeuré inexpressif dont les larmes (probablement)
de synthèse revendiquent une certaines superficialité. Copiant tout
en malmenant le concept du héros partant à la rescousse de celles
qu'il aime, Day Zero
est sans doute l'un des plus désastreux exemples d'hybride entre
film de prison et film d'infectés. Joey De Guzman partage l'action
entre un immeuble, celui où vit donc la petite famille du taulard et
l'établissement pénitentiaire où s'affrontent dans des luttes
intestines les prisonniers. Père d'une gamine muette qu'il n'a pas
encore eu la chance de connaître, Emon a pris sous son aile Timoy
(Pepe Herrera) dont le seul atout est d'apprendre à son protecteur
le langage des signes. Alors que l'immeuble où vivent Sheryl et leur
fille est subitement assiégé par une horde d'infectés, le chef
principal de la prison prend brusquement la décision de faire
libérer les détenus. Emon et Timoy se lance alors dans un long et
douloureux périple qui les mèneront jusqu'à l'immeuble en
question. Un long et douloureux périple, ouais, tu parles. Au bout
de cinq minutes, voilà que les deux taulards se retrouvent à
destination. À croire que l'un des murs d'enceinte de la prison est
directement collé à l'immeuble. Quand à la recherche de son épouse
et de sa fille, Emon ne mettra pas davantage de temps pour les
retrouver. S'agissant des combats, là encore l'on frise le ridicule.
Les chorégraphies sont maladroites et répétitives. Tout comme les
assauts des infectés, chaque coup porté par nos héros armés de
bâtons est effectué avec un tel luxe de retenue que là encore on
n'y croit absolument pas. Côté émotion, c'est le calme plat.
L'incapacité crasse de Brandon Vera d'en exprimer la moindre
parcelle finit de noircir un tableau déjà très peu reluisant.
Certains y trouveront sans doute leur compte. Perso, qu'est-ce que
j'ai pu me faire ch... Le tout dernier plan avant que le fondu au
noir ne précède le générique de fin ne parvient même pas à
sauver le film du naufrage absolu. Il s'agit pourtant là de l'un des
plus beaux, saisissant et dramatique que le genre ''infectés'' nous
ait offert depuis très longtemps...
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