Dans la grande famille
des Whodunit, il est bon de
séparer le bon grain de l'ivraie pour ne pas être immédiatement
révulsé par les pires représentants du genre. Il y a les
classiques qui majoritairement se situent dans une tranche
chronologique allant de 1974 avec Le crime de l'Orient
Express
de Sidney Lumet à 1982 avec Meurtre au soleil de
Guy Hamilton. Lesquels furent précédés et suivis de dizaines
d'autres longs-métrages dont la majorité demeure anecdotique.
Depuis quelques années, la mode des Whodunit
semble être revenue sur le devant de la scène puisque entre remakes
et récits inédits, les films du genre pullulent désormais au
cinéma et sur les sites de streaming légaux. En 2017, l'acteur,
réalisateur et scénariste britannique Kenneth Branagh réalisa sa
propre version du crime de l'Orient Express puis
celle de Mort sur le Nil en
2022 avant de revenir cette année avec la toute nouvelle adaptation
du roman d'Agatha Christie La
fête du potiron
sous le titre Mystère à Venise.
Le genre semble ne pas devoir s’essouffler puisque le Mexique lui
aussi s'y est notamment intéressé cette année 2023 avec Invitación
a un Asesinato
de José Manuel Cravioto. Le dernier long-métrage du réalisateur
mexicain semble vouloir défier les pays anglo-saxons sur leur
''territoire'' avec ce qui s'avère être un pur produit sorti de
l'imagination de deux scénaristes en mal d'inspiration. En effet,
Javier Durán PérezAnton et Goenechea ont conçu un script dont
l'objet semble être effectivement de côtoyer les grands noms du
Whodunit.
Et pourtant, malgré les quatre mains qui se sont attelées à
l'écriture du scénario, malgré les nombreux exemples qui auraient
pu servir à ces trois là de source plus ou moins importante
d'inspiration, leur adaptation d'un ouvrage écrit par Carmen Posadas
n'est pas à la mesure de ce que les fans du genre étaient en droit
de s'attendre. En contrepartie, Invitación a un
Asesinato révèle
inconsciemment toute l'importance que revêt la caractérisation des
différents protagonistes d'une œuvre de ce type. Preuve que sans un
minimum d'effort de la part du réalisateur dans ce domaine, le film
perd très rapidement tout ou partie de son intérêt.
Bien
que se rapprochant au départ du concept de l'excellent Glass
Onion: A Knives Out Mystery
de Rian Johnson sorti l'année dernière, l'idée de convier une
poignée d'amis afin de les réunir lors d'une soirée lors de
laquelle va avoir lieu un meurtre est au fond peu crédible. À moins
qu'il ne s'agisse d'une volonté plus ou moins clair de se suicider
par procuration, il faut qu'Olivia (l'actrice Maribel Verdú) soit
vraiment stupide pour qu'elle se livre ainsi à celles et ceux qui
pourraient dans un futur très proche vouloir attenter à son
existence ! Trop empressé à voir débuter l'enquête d'un
lieutenant un peu gauche ''supporté'' et même, ''épaulé'' par la
sœur de la victime, Agatha (un hommage à...?), José Manuel
Cravioto pose relativement mal les bases du Whodunit
et
l'on se perd ainsi dans les circonvolutions d'un scénario alambiqué
non pas grâce à l'ingéniosité d'un script écrit aux petits
oignons mais parce que le réalisateur n'offre pas aux spectateurs le
temps nécessaire pour s'accoutumer à chacun des protagonistes ainsi
qu'à leur personnalité. Et que dire d'Agatha, créatrice de
podcasts criminels populaires qui s'improvise ici en pseudo Miss
Marple. Si le bon Whodunit
est celui qui ne permet jamais au spectateur d'interférer avec les
théories avancées par l'enquêteur quel qu'il soit, ici, on remet
sans cesse en doute les éléments apportés par Agatha. Le film
n'excédant que de très peu les quatre-vingt dix minutes et
l'héroïne/détective choisissant de réunir l'ensemble des invités
après seulement trois quart-d'heure, il devient difficile soit-même
d'analyser le moindre élément de preuve. Principe qui en général
participe de l'intérêt de ce genre de production. Il n'y a rien ou
presque dans Invitación a un Asesinato qui
retienne véritablement l'attention. Au point qu'il est possible de
se laisser divertir par l'intervention d'un élément extérieur au
long-métrage. Preuve que le film ne passionne guère et ne nous
retient ni par le jeu d'acteurs, ni par la réalisation et sans doute
moins encore par l'environnement dans lequel ces derniers évoluent.
Avec le dernier film de José Manuel Cravioto, le Whodunit
tombe malheureusement en disgrâce. Disponible sur Netflix...
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