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vendredi 8 novembre 2024

La petite Vadrouille de Bruno Podalydès (2024) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Près de dix ans après avoir tourné Comme un avion, le réalisateur, scénariste et acteur Bruno Podalydès semble vouloir ostensiblement reprendre le concept dans une version ''augmentée'' même si l'on remarque assez vite que La peite vadrouille manque parfois de cette inspiration qui à l'époque fut l'une des principales qualités de ce récit dans lequel il s'était lui-même mis en scène dans le premier rôle. Cette fois-ci, ça n'est plus à lui qu'il offre le rôle principal mais à une bande d'interprètes hétéroclites parmi lesquels l'on retrouve notamment Sandrine Kiberlain, Daniel Auteuil, son frère Denis Podalydès, Isabelle Candelier ou encore Florence Muller. Une œuvre emplie de poésie et d'innocence malgré un sujet tournant autour d'une rencontre romantique virant à l'escroquerie. Franck Pauilahc (Daniel Auteuil) est le PDG d'une grande entreprise qui demande à l'une de ses employées, Justine (Sandrine Kiberlain), de lui organiser un week-end en amoureux pour la modique somme de quatorze-mille euros. S'empressant d'en parler à son mari Albin (Denis Podalydès), celui-ci évoque l'idée de se mettre dans la poche la moitié du budget tout en proposant à quelques amis dans le besoin de se partager le reste en participant à une escroquerie dont sera la victime le pauvre chef d'entreprise. Lorsque le jour J arrive, quelle n'est pas la déconvenue du couple lorsqu'il découvre que celle qui doit partager avec Franck ce week-end en amoureux n'est autre que Justine ! Épaulés par Jocelyn (Bruno Podalydès), le frère d'Albin et accessoirement capitaine de la Pénichette, de Sandra et Rosine (Isabelle Candelier et Florence Muller) ou du jeune mousse Ifus (Dimitri Doré), Justine et et son mari vont proposer à Franck de traverser un canal à bord d'une péniche. Et alors que le PDG tentera de séduire la jeune femme, Albin et ses complices tenteront de lui soutirer un maximum d'argent... Pour son dernier long-métrage, Bruno Podalydès reste non seulement fidèle à certains interprètes mais aussi à son style si particulier. La petite vadrouille est une comédie farfelue et parfois poétique, naïve même diront certains, réunissant un panel d'interprètes qui malgré les générations qui les séparent créent au sein du casting une véritable homogénéité. Et ce, malgré le bordel ambiant qui règne au sein de cette organisation ''criminelle'' peu habituée à ce genre de manigances.


Pauvre Daniel Auteuil qui endosse ponctuellement le costume du ringard, celui que l'on n'avait sans doute pas revu depuis l'improbable La personne aux deux personnes de Nicolas et Bruno en 2008. Naïf mais touchant, il incarne donc un PDG naviguant sur les eaux troubles d'une arnaque dont les auteurs vont scrupuleusement lui vider les poches. Le film étant bourré d'idées géniales bricolées avec les moyens du bord par une équipe de bras cassés, on rit beaucoup devant les péripéties de cette bande d'escrocs amateurs. Sandrine Kiberlain n'a ici jamais parue aussi fraîche et pimpante. Presque belle finalement, dans son apparat de ''séductrice'' qui n'a franchement pas l'air d'avoir envie de jouer le jeu et se comporte comme ces mendiants qui dans les grandes villes s'inventent une histoire miséreuse pour vous soutirer quelques euros. Très drôles furent Isabelle Candelier et Florence Muller, la première se grimant notamment en artiste-peintre vendant une abominable croûte à trois mille euros (!!!) ou se relookant façon ''diseuse de bonne aventure''. Tout est bon pour vider les poches d'une bonhomme qui ne compte pas son argent. La seconde, elle, incarne tout d'abord une influenceuse qui sur internet propose ses services lors de très courtes séances de psychanalyse ou d'hypnose tandis qu'une fois embarquée à bord de la Pénichette, elle endosse le costume de l'employée un peu gauche et au regard perpétuellement inquiet ! Une grande partie du long-métrage ayant été tournée sur le canal du Nivernais, La petite vadrouille et une comédie d'aventures lancée au rythme de neuf kilomètres par heures. Une lenteur qui malheureusement se ressent au bout d'un certain temps. Car si certaines séquences s'avèrent véritablement amusante dans leur absurdité et dans l'attitude de ses personnages, le dernier long-métrage de Bruno Podalydès semble parfois inachevé. Le film ressemble au fond à ces spectacles donnés en Province, réunissant de petites troupes d'interprètes méconnues qui de villes en villages tentent de gagner leur vie en donnant des spectacles avec tout le ''talent'' qui les caractérise. Bref, si l'on aime le cinéma de Bruno Podalydès, il y a de grandes chances pour que l'on apprécie celui-ci. Les autres, eux, trouveront peut-être qu'il lui manque un peu de finition...

 

jeudi 24 octobre 2024

Le fil de Daniel Auteuil (2024) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

À l'origine du dernier long-métrage interprété et réalisé par Daniel Auteuil, un texte écrit par l'avocat Jean-Yves Moyart sous le pseudonyme de Maître Mö, intitulé Au Guet-apens et publié pour la première fois en 2011. Il s'agissait à l'époque d'un récit tournant autour d'une authentique affaire criminelle et judiciaire au centre de laquelle l'avocat fut chargé de défendre un certain Ahmed, alors père de six enfants et accusé d'avoir assassiné son épouse prénommée Geneviève. Depuis, Jean-Yves Moyart est mort d'un cancer en 2021 à l'âge de cinquante-trois ans. Daniel Auteuil lui rend ainsi hommage à travers Le fil, l'adaptation du texte écrit treize ans auparavant. Œuvre dans laquelle l'acteur se met lui-même en scène dans le rôle de l'avocat tandis que Grégory Gadebois enfile le costume de l'accusé dont le nom a bien entendu été modifié. Doux, très proche de ses enfants, Nicolas Milik est un jour arrêté par la police et très rapidement soupçonné d'avoir tué sa femme retrouvée morte dans un terrain vague. Régulièrement prise de boisson, celle-ci a effectivement été retrouvée la gorge tranchée. Son meilleur ami Roger Marton (Gaëtan Roussel) lui non plus n'a pas échappé à la justice puisqu'il est en prison, soupçonné à son tour d'avoir participé au meurtre de l'épouse de Nicolas Milik. Touché par ce dernier, Maître Jean Monier décide de prendre sa défense alors qu'il n'a plus exercé depuis de nombreuses années. Malgré l'avis de sa compagne, l'avocate Annie Debret (l'actrice danoise Sidse Babett Knudsen), Jeam rendosse son apparat d'avocat et va durant trois jours tenter de convaincre le juge, l'avocate générale et les jurés de l'innocence de son client. Vingt-deux ans après avoir incarné le rôle principal du glaçant L'adversaire de Nicole Garcia qui déjà s'inspirait de l'histoire véridique du faux docteur Jean-Claude Romand mais vrai mythomane et assassin de ses deux enfants, de sa femme et de ses deux parents, Daniel Auteuil prend cette fois-ci le parti d'incarner l'homme de loi chargé de défendre l'assassin supposé d'une femme alcoolique.


Le concept du Fil veut que le long-métrage soit en grande partie filmé en vase clos. Le titre du film se réfère à cet indice qui semble indéniablement prouver la culpabilité de l'accusé. Un fil placé sous l'ongle de la victime et qui ne pouvait y être vraisemblablement présent que si l'incriminé se trouvait effectivement sur les lieux du crime. Sobre tout en étant scrupuleusement détaillée, l’œuvre de Daniel Auteuil n'encombre jamais le matériau de base d'événements par trop sensationnels. Tout ici est histoire de vérité, dans un contexte sinon austère, du moins typique d'un procès criminel tel qu'on peut l'imaginer dans la vie réelle. Portant le film à bout de bras puisqu'à défaut, Grégory Gadebois interprète un accusé économe en paroles, l'acteur et réalisateur campe un avocat très convaincant et dont le professionnalisme malgré des années sans avoir pratiqué est capable d'opposer un point de vue crédible face à des éléments qui paraissent inattaquables... Le récit est tendu et le spectateur mène sa propre enquête intérieure, se posant la question de la culpabilité tandis qu'en face de l'avocat et de son client, la délicieuse Alice Belaïdi incarne une avocate générale dure et implacable. Dans le rôle d'Adèle Houri, l'actrice incarne une magistrate tentant de convaincre les jurés de la culpabilité de l'accusé. Alice Belaïdi et Daniel Auteuil s'adonnent alors à un fascinant jeu d'opposition entre accusation et défense. Chacun argumentant de manière convaincante et laissant ainsi planer le doute jusqu'au bout. Les rebondissements ne sont pas rares même s'ils surviennent de manière logique en dehors d'une conclusion qui peut s'avérer être pour certains spectateurs, tout à fait inattendue. Daniel Auteuil signe une réalisation et une interprétation dignes de la sobriété qu'exige la présence d'un public dans l'enceinte d'un tribunal. Notons enfin la présence à l'image de l'actrice Isabelle Candelier dans le rôle de l'implacable juge Violette Mangin ou celle d'Aurore Auteuil, fille de Daniel Auteuil, à laquelle son père offre le rôle d'Audrey Girard, la sœur de la victime...

 

mercredi 18 octobre 2023

Wahou ! de Bruno Podalydès (2023) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Visiter un appartement ou une très belle demeure, c'est parfois comme aller consulter son généraliste ou un psychiatre. C'est du moins ce qu'évoque le dernier long-métrage de Bruno Podalydès, frère de Denis, lequel est une nouvelle fois convié à participer à cette aventure quelque peu hors du commun. La branche familiale s'est depuis quelques années étoffées puisque après que Jean Podalydès ait débuté sa carrière en 1994 dans le court-métrage Voilà, Nino est quant à lui apparu pour la première fois dans Bancs publics (Versailles rive droite) en 2009. L'un et l'autre ont donc rejoint père et oncle le temps de quelques scènes captées lors de ce qui reste pour son auteur une fantaisie et pour son producteur un pur moment de divertissement. Il est vrai qu'à l'issue de la projection, Wahou ! laisse une impression très particulière. S'il s'agit bien d'une fiction, la comédie de Bruno Podalydès semble avoir surtout été tournée dans la bonne humeur entre actrices et acteurs particulièrement courtois et attachés les uns aux autres. De cette interjection qui semble susciter l'enthousiasme de celles et ceux qui l'emploient se dégage une certaine ironie. La rivalité qui existe entre l'assurance du propriétaire sûr d'être dans son bon droit d'afficher une certaine arrogance et la retenue dont font preuve la plupart des futurs acheteurs dont le comportement est celui de visiteurs de musées n'est ici pas toujours assumée. Ce qui laisse pour certains personnages tout loisir d'exprimer leur mécontentement et ainsi afficher à leur tour le mépris pour celui ou celle qui veut vendre son bien. Wahou ! est une collection de vignettes, de scénettes mettant en scènes vendeurs et acheteurs. Partageant l'action entre une superbe demeure appartenant au couple interprété par Sabine Azéma et Eddy Mitchell et un appartement tout neuf mais dont les travaux seront véritablement achevés dans quelques mois, Bruno Podalydès convie une armada d'actrices et d'acteurs qui pour une partie d'entre eux ont déjà tourné avec lui. Le spectateur retrouvera la légèreté et la poésie typique de son cinéma et notamment celui de l'excellent Comme un avion pour ne citer que l'un de ses derniers films. Citons tout d'abord Karin Viard qui en 2018 interpréta la Marquise de Grand-Air dans Bécassine !, Sabine Azéma que l'on découvrit dans Le mystère de la chambre jaune en 2003 et Le parfum de la dame en noir deux ans plus tard. Agnès Jaoui qui incarna le rôle de Laëtitia dans Comme un avion en 2015, Claude Perron qui elle aussi participa au tournage de Bécassine !


Ou encore Florence Muller (excellente en infirmière dépressive), Isabelle Candelier (magistrale dans le rôle de l'hypothétique acheteuse) et Patrick Ligardes (dans celui de son irascible époux) qui tous les trois sont des réguliers de l'univers de Bruno Podalydès. Quelques nouvelles têtes apparaissent également comme Roschdy Zem, Félix Moati ou Manu Payet. Wahou ! n'étant évidemment pas parfait, le niveau des séquences n'est pas toujours très élevé. On appréciera moins certains passages malgré tout rehaussé par un nouveau venu (Roschdy Zem apportant un peu de sel lors d'une séquence un peu plate). En vieux bougon, Eddy Mitchell est irrésistible tandis que Florence Muller et Isabelle Candelier rehaussent à elles seules certaines scènes. Entre l'engouement de l'une pour la superbe propriété du couple Ramatuelle et l'émouvante détresse de l'autre, l'homme et la femme dans leur globalité passent par différentes étapes émotionnelles que Bruno Podalydès pointe avec justesse. Quelques séquences plus inhabituelles se détachent comme celle lorsque Denis Podalydès visite à son tour l'appartement. Pas un mot mais quelques amusantes expressions faciales. Un petit tour et puis s'en va devant l'air hébété de Karin Viard qui aux côtés de Bruno Podalydès incarnent le duo d'agents immobiliers Catherine Bourbialle et Oracio Sanchez (à noter que ce dernier est accompagné de près par le stagiaire Jim qu'interprète Victor Lefebvre). Bref, Wahou ! est, sous ses allures de petite comédie sans prétention au budget ultra light (le film fut financé à hauteur d'un million et deux-cent mille euros!), un pur moment de plaisir. Une galerie de personnages hauts en couleurs servis par de talentueux interprètes pour une satire innocente dans l'univers de l'immobilier et de ceux qui gravitent autour...

 

dimanche 13 juin 2021

Les truffes de Bernard Nauer (1995) - ★★★☆☆☆☆☆☆☆

 


 

C'est pour Reno, juste pour Reno et rien que pour Reno, parce que le titre, lui, évoque d'emblée ces mauvaises comédies françaises qui pullulaient déjà à l'époque. Ces longs-métrages qui réunissaient toutes celles et ceux qui allaient plus tard représenter le paysage cinématographique français. Mais bon, là, on est un cran en dessous de tout. Les truffes est le second et dernier long-métrage de Bernard Nauer, lequel aura réalisé avant cela, l'adaptation de l'excellente pièce de théâtre Nuit d'ivresse en la transformant en une œuvre passablement vulgaire bien que très regardable. Si la truffe est un champignon généralement très prisé, le mot possède ici un sens tout autre puisqu'il évoque la stupidité de ses deux principaux personnages qu'interprètent donc Jean Reno et Christian Charmetant. Le premier incarne un boxeur raté et le second, un escroc à la petite semaine. Un duo qui va traverser le pays à bord d'une voiture pour un road movie des plus lénifiant. C'est pas qu'on s'emmerde devant Les truffes, c'est juste que le film est mal écrit et réalisé avec un minimum de moyens. Écrit par le réalisateur lui-même, le scénario est également l’œuvre de Philippe de Chauveron qui depuis a fait ses preuves en tant que réalisateur puisqu'il a notamment réalisé L'Élève Ducobu en 2011, Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ? en 2016 (ainsi que ses suites en 2019 et 2021) ou A bras ouverts en 2017. On aurait sans doute préféré que ce dernier soit aux commandes de ces Truffes relativement avariées même si de son côté, Philippe de Chauveron débuta sa carrière à un niveau d'exigence à peu près équivalent à celui de Bernard Nauer avec Les parasites, en 1999...


Jean Reno et Christian Charmetant s'entendent pour cabotiner à outrance. Ils en font des tonnes, surtout le premier dont le futur charisme et le timbre de voix ténébreux sont ici encore aux abonnés absents. C'est franchouillard, écrit à la truelle, les dialogues sont à peine réfléchis, au point que l'on se demande si les interprètes n'ont pas eux-même eu carte blanche pour débiter leurs âneries devant la caméra. La petite touche de féminité apportée par l'actrice Isabelle Candelier ne tempère malheureusement pas le niveau médiocre du film et de sa mise en scène. On est bien loin du Jean Reno que l'on connaîtra plus tard. Quant à Christian Charmetant, pour lui, rien de changé. Le réalisateur lui offre un costume qu'il a l'habitude de porter donc rien de bien navrant pour celles et ceux qui le connaissent déjà et l'apprécient. Les truffes est parcouru de quelques sympathiques présences qui ne font malheureusement que passer. On pense notamment à l'humoriste Jean-François Derec dans le rôle de Monsieur Polk, le voisin ravi de voir Patrick/Jean Reno débarrasser le plancher, à Didier Bénureau, sympathique samaritain lâchement abandonné sur la route par Nathaniel/Christian Charmetant ou encore Marc Dudicourt dans le rôle du coach ici, très caricatural au point d'en être éminemment vulgaire. À noter le passage éclair de l'ancienne actrice pornographique Julia Channel qui sous son véritable nom Julia Sow interprète l'amante de Jean Reno au tout début du film (l'occasion de la voir passer la poitrine (siliconée) à l'air). Ou celui de Jean-Paul Roussillon qui se voit offrir le rôle du vigneron que le réalisateur avait prévu d'offrir à l'origine à l'acteur Jean Carmet avant que celui-ci ne meurt quelques temps avant le début du tournage. Au final, Les Truffes est une œuvre à oublier très rapidement. Le fond du panier de la comédie française...

 

mardi 10 novembre 2020

Bécassine de Bruno Podalydès (2018) - ★★★★★★★☆☆☆




Nous n'attendions pas vraiment le dernier long-métrage de Bruno Podalydès au tournant, lui qui ne nous a jamais déçu jusqu'ici. De son avant dernier film Comme un Avion sorti trois ans auparavant, nous avions conservé un excellent souvenir. Une œuvre fantaisiste brillant par sa simplicité, qui avait su nous charmer. Affirmer que nous n'avons pas ressenti la moindre appréhension devant le titre de son dernier bébé serait mentir. Bécassine, cette bande dessinée créée par l'écrivain(e) Jacqueline Rivière et le dessinateur Émile-Joseph-Porphyre Pinchon il y a plus d'un siècle avait de quoi nous interloquer. Son physique ingrat, et son importante niaiserie font donc de ce personnage un peu vieillot, le sujet du nouveau film de Bruno Podalydès qui une fois encore, confie l'un des rôles à son frère Denis. Le personnage de Bécassine est quant à lui confié à l'actrice Émeline Bayart dont la carrière au cinéma compte une quinzaine de longs-métrages. Davantage habituée des planches de théâtre où elle officie très régulièrement depuis le début du siècle, l'actrice incarne donc ce personnage haut en couleur immédiatement identifiable grâce au costume qu'elle porte en permanence : une robe verte, ainsi qu'un tablier et une coiffe de couleur blanche.
Le récit débute alors que Bécassine n'est qu'une très jeune enfant. Vivant avec père et mère dans une ferme bretonne, elle s'ennuie très vite. Elle peut malgré tout compter sur la gentillesse de son seul véritable « ami », l'oncle Corentin (Michel Vuillermoz). Le rêve de Bécassine est de monter sur Paris. C'est lorsqu'elle atteint l'âge adulte qu'elle décide de prendre son baluchon et de monter vers la capitale. Mais en chemin, elle croise la route de la Marquise de Grand-Air et de son prétendant Adelbert Proey-Minans. Alors qu'ils viennent de congédier la nourrisse de leur petite Loulotte (qui sera interprétée plus tard par la jeune Maya Compagnie), la jeune (rebelle et garçon manqué) Marie Quillouch (Vimala Pons qui incarnait déjà un rôle important dans le précédent long-métrage de Bruno Podalydès), la marquise propose à Bécassine de les accompagner jusqu'au Château et de s'occuper de la petite...

Voici donc comment débute à peu de chose près l'aventure de l'héroïne de bande dessinée, et ce qui frappe tout d'abord, c'est le soin apporté aux décors. Œuvre du décorateur français Wouter Zoon, lequel a travaillé pour des cinéastes aussi divers que François Ozon, Pascal Bonitzer et Ari Kaurismäki, le travail accompli est remarquable. Il n'est pas rare que l'on ressente l'impression d'être placé devant des œuvres picturales auxquelles aurait donné vie Wouter Zoon par on ne sait quel miracle. Ensuite, plus que l'humour (qui ne génère finalement que des rires très sporadiques), c'est la poésie qui se dégage de l’œuvre de Bruno Podalydès qui maintient un certain intérêt. Sans elle, il est à craindre que le film n'aurait sans doute pas eu le même charme. C'est même avec un certain dédain que l'on assiste aux premières scènes d'un film dont on se demande pour l'instant où il veut en venir. Ça n'est d'ailleurs pas du côté du scénario qu'il faudra rechercher l'intérêt de Bécassine ! mais plutôt de celui de ces quelques moments de magie dont Bruno Podalydès parsème son long-métrage. Chaque personnage a droit à son portrait haut en couleur et caricatural. D'un côté, les bourgeois campés par Denis Podalydès et Karin Viard, de l'autre, les domestiques incarnés par Josiane Balasko, Isabelle Candelier, Jean-Noël Brouté et Philippe Uchan. Entre eux, une Émeline Bayart qui au sortir de son personnage passablement stupide, révèle son talent de comédienne, ainsi qu'un Bruno Podalydès s'offrant le rôle de Rastaquoueros, ce marchand de rêve ambigu dont l'acteur-réalisateur préfère ne pas définitivement ranger au rayon des escrocs.

Un visuel enchanteur et des moments de grâce qui font oublier la maigreur du scénario, et une interprétation touchante, notamment de la part de Émeline Bayart qui auprès de la jeune Maya Compagnie campe une Bécassine proche de la jeune Loulotte. Bécassine ! est typiquement le,genre de long-métrage à l'attention des familles. Il comblera les parents ainsi que les enfants. Si Bruno Podalydès ne réalise pas là, son meilleur film, il aura au moins réussi à s'approprier l'univers de Jacqueline Rivière et de Émile-Joseph-Porphyre Pinchon pour en faire une sympathique adaptation. A noter l'excellente partition musicale notamment constituée d'oeuvres signées de Max Richter, Mozart, Bach, Chopin ou encore Stavros Xarhakos...

samedi 21 juillet 2018

Le Mystère de la chambre jaune de Bruno Podalydès (2002)




Après Maurice Tourneur en 1913, Émile Chautard en 1919, Marcel L'Herbier en 1930, Henri Aisner en 1949, Jean Kerchbron en 1965 et Jean-Jacques Vierne en 1983, le cinéaste français Bruno Podalydès, celui-là même qui met habituellement en scène son frère Denis, acteur de la plupart de ses œuvres, est le dernier en date à avoir adapté le célèbre roman éponyme de Gaston Leroux, Le Mystère de la chambre jaune. Si l'on a d'abord la sensation d'être face à un épisode des Brigades du Tigre, des Cinq Dernières Minutes ou même du célèbre Commissaire Maigret, on est très vite rassuré par la grande maîtrise de Bruno Podalydès qui fait d'une œuvre policière un divertissement grand public à la construction diaboliquement intelligente. 

Afin de donner corps à une intrigue digne des meilleurs écrits d'Agatha Christie, le cinéaste s'entoure d'interprètes de haut vol. A commencer bien sûr par son propre frère Denis, accompagné d'une impressionnante brochette dont Jean-Noël Brouté, Claude Rich, Pierre Arditi, Olivier Gourmet (savoureux), ou encore l'immense Michael Lonsdale, qu'il enferme durant le tournage dans le château de Villemolin, lieu unique ayant servi de décor au film.

Quant à l'intrigue, quelle est-elle ? Et bien il s'agit d'une enquête menée parallèlement aux investigations de l'inspecteur Frédéric Larsan, par le journaliste Joseph Rouletabille, et de son fidèle ami, le photographe Sainclair, au château du Glandier dans l'une des chambres duquel une tentative de meurtre a faillit coûter la vie à la fille du Professeur Stangerson, Mathilde. Toute la question étant de savoir qui a tenté de tuer la jeune femme bien sûr, mais aussi de découvrir par quel ingénieux moyen l'assassin a quitté la chambre de la victime fermée de l'intérieur sans qu'aucun des témoins présents ne s'aperçoive de sa présence...

Outre l'intérêt que l'on porte à l'enquête menée par le héros de cette histoire, Le Mystère de la chambre jaune est surtout une irrésistible comédie servie par des acteurs de talents. Si dans l'esprit, le cadre, l'époque et l'approche semblent avoir quelque peu vieilli, le film compte quelques scènes d'anthologie dont celle de l'horloge n'est pas des moindre. Voir l'assistant de Rouletabille se battre avec sa planque provoque un rire irrépressible.
Dans le paysage cinématographique français, Bruno Podalydès ne se départit jamais de cette constante qualité qui fait un tout de son œuvre dans sa très large majorité (pour ne pas dire la totalité). Ceux qui aimaient déjà le cinéma de l'auteur de Liberté-Oléron et ceux qui lui demeurent toujours fidèles, et ce jusqu'à son dernier long-métrage à ce jour (Comme Un Avion) tomberont forcément sous le charme de ce Mystère que seul l'excellent Denis Podalydès parviendra à résoudre...

vendredi 4 mars 2016

Adieu Berthe (ou l'enterrement de mémé) de Bruno Podalydès (2012)




Alors que sa grand-mère Mémé Berthe vient de passer de vie à trépas, le pharmacien Armand, marié à Hélène, fils d'un père atteint de la maladie d'Alzheimer, et amant d'une maîtresse folle amoureuse de lui qui dit avoir le cœur qui bat entre les jambes, doit préparer un tour de magie pour l'anniversaire de sa fille à venir.
Son fils délaisse un peu ses études, un certain Charles Rovier-Boubet courtise (maladroitement) Hélène, la mère de celle-ci espère que sa fille divorcera de son beau-fils et la maîtresse d'Armand devient de plus en plus collante. Acceptant que cette dernière l'accompagne jusqu'à la maison de retraite dans laquelle a finit ses jours sa Mémé Berthe, Armand traine une Alix rêveuse et se demande s'il doit faire le choix d'un enterrement ou d'une crémation. Le couple adultère va surtout retrouver dans une malle aux Indes servant de bureau dans la chambre de Berthe, des lettres écrites de la main-même de la vieille femme et d'un homme dont elle a semblé follement tomber amoureuse il y a de nombreuses années...

C'est devenu une habitude, depuis une dizaine de longs et moyens métrages réalisés par le cinéaste français
Bruno Podalydès, c'est son frère Denis qui tient le rôle principal dans chacune de ses œuvres. Ce dernier, outre le fait qu'il soit connu en tant qu'acteur, écrivain, metteur en scène et scénariste, est surtout sociétaire de la Comédie française après en avoir été pensionnaire durant trois années. A ses côtés, l'acteur michel Vuillermoz que l'on a déjà vu chez Podalydès, ainsi que les actrices Valérie Lemercier et Isabelle Candelier, respectivement dans les rôles de la maîtresse et de l'épouse d'Armand.

Adieu Berthe est une comédie douce-amère, dramatique et satirique. De ce dernier point de vue, le combat que mènent les différentes pompes-funèbres pour s'approprier l'exclusivité sur les cérémonies d'enterrement est on ne peut plus drôle avec un Michel Vuillermoz parfait dans son rôle de croque-mort sinistre et ultra-moderne face à un Bruno Podalydès interprétant lui-même celui, plus traditionnel, du principal concurrent de Rovier-Boubet. Le film manque le cependant le coche concernant les rapports entre mari et épouse. 
 

Si la première moitié du film est très franchement amusante, le tempo perd au fil de l'intrigue, un peu de son rythme et devient déjà moins drôle. Pierre Arditi tire son épingle du jeu dans le rôle du père sénile bien que son personnage soit largement éclipsé par l’interprétation sans faille de Denis Podalydès. D'assez loin finalement, on pourra rapprocher Adieu Berthe d'une œuvre telle que Bouquet Final de Michel Delgado avec Didier Bourdon qui lui, pour le coup, est imprégné de bout en bout d'un humour noir particulièrement hilarant. Reste que le film de Bruno Podalydès demeure dans la droite lignée de ses œuvres précédentes. Pas de chef-d’œuvre en vue donc, mais tout de même un excellent divertissement et de très bons acteurs pour l'épauler...
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