Nous n'attendions pas
vraiment le dernier long-métrage de Bruno Podalydès au tournant,
lui qui ne nous a jamais déçu jusqu'ici. De son avant dernier film
Comme un Avion
sorti trois ans auparavant, nous avions conservé un excellent
souvenir. Une œuvre fantaisiste brillant par sa simplicité, qui avait su nous charmer. Affirmer que nous n'avons pas ressenti la
moindre appréhension devant le titre de son dernier bébé serait
mentir. Bécassine,
cette bande dessinée créée par l'écrivain(e) Jacqueline Rivière
et le dessinateur Émile-Joseph-Porphyre Pinchon il y a plus d'un
siècle avait de quoi nous interloquer. Son physique ingrat, et son
importante niaiserie font donc de ce personnage un peu vieillot, le
sujet du nouveau film de Bruno Podalydès qui une fois encore, confie
l'un des rôles à son frère Denis. Le personnage de Bécassine est
quant à lui confié à l'actrice Émeline Bayart dont la carrière
au cinéma compte une quinzaine de longs-métrages. Davantage
habituée des planches de théâtre où elle officie très
régulièrement depuis le début du siècle, l'actrice incarne donc
ce personnage haut en couleur immédiatement identifiable grâce au
costume qu'elle porte en permanence : une robe verte, ainsi
qu'un tablier et une coiffe de couleur blanche.
Le
récit débute alors que Bécassine n'est qu'une très jeune enfant.
Vivant avec père et mère dans une ferme bretonne, elle s'ennuie
très vite. Elle peut malgré tout compter sur la gentillesse de son
seul véritable « ami »,
l'oncle Corentin (Michel Vuillermoz). Le rêve de Bécassine est de
monter sur Paris. C'est lorsqu'elle atteint l'âge adulte qu'elle
décide de prendre son baluchon et de monter vers la capitale. Mais
en chemin, elle croise la route de la Marquise de Grand-Air et de son
prétendant Adelbert Proey-Minans. Alors qu'ils viennent de congédier
la nourrisse de leur petite Loulotte (qui sera interprétée plus
tard par la jeune Maya Compagnie), la jeune (rebelle et garçon
manqué) Marie Quillouch (Vimala Pons qui incarnait déjà un rôle
important dans le précédent long-métrage de Bruno Podalydès), la
marquise propose à Bécassine de les accompagner jusqu'au Château
et de s'occuper de la petite...
Voici
donc comment débute à peu de chose près l'aventure de l'héroïne
de bande dessinée, et ce qui frappe tout d'abord, c'est le soin
apporté aux décors. Œuvre du décorateur français Wouter Zoon,
lequel a travaillé pour des cinéastes aussi divers que François
Ozon, Pascal Bonitzer et Ari Kaurismäki, le travail accompli est
remarquable. Il n'est pas rare que l'on ressente l'impression d'être
placé devant des œuvres picturales auxquelles aurait donné vie
Wouter Zoon par on ne sait quel miracle. Ensuite, plus que l'humour
(qui ne génère finalement que des rires très sporadiques), c'est
la poésie qui se dégage de l’œuvre de Bruno Podalydès qui
maintient un certain intérêt. Sans elle, il est à craindre que le
film n'aurait sans doute pas eu le même charme. C'est même avec un
certain dédain que l'on assiste aux premières scènes d'un film
dont on se demande pour l'instant où il veut en venir. Ça n'est
d'ailleurs pas du côté du scénario qu'il faudra rechercher
l'intérêt de Bécassine !
mais plutôt de celui de ces quelques moments de magie dont Bruno
Podalydès parsème son long-métrage. Chaque personnage a droit à
son portrait haut en couleur et caricatural. D'un côté, les
bourgeois campés par Denis Podalydès et Karin Viard, de l'autre,
les domestiques incarnés par Josiane Balasko, Isabelle Candelier,
Jean-Noël Brouté et Philippe Uchan. Entre eux, une Émeline Bayart
qui au sortir de son personnage passablement stupide, révèle son
talent de comédienne, ainsi qu'un Bruno Podalydès s'offrant le rôle
de Rastaquoueros, ce marchand de rêve ambigu dont
l'acteur-réalisateur préfère ne pas définitivement ranger au
rayon des escrocs.
Un
visuel enchanteur et des moments de grâce qui font oublier la maigreur du
scénario, et une interprétation touchante, notamment de la part de
Émeline Bayart qui auprès de la jeune Maya Compagnie campe une
Bécassine proche de la jeune Loulotte. Bécassine !
est typiquement le,genre de long-métrage à l'attention des
familles. Il comblera les parents ainsi que les enfants. Si Bruno
Podalydès ne réalise pas là, son meilleur film, il aura au moins
réussi à s'approprier l'univers de Jacqueline Rivière et de
Émile-Joseph-Porphyre Pinchon pour en faire une sympathique
adaptation. A noter l'excellente partition musicale notamment
constituée d'oeuvres signées de Max Richter, Mozart, Bach, Chopin
ou encore Stavros Xarhakos...
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