Près de dix ans après
avoir tourné Comme un avion,
le réalisateur, scénariste et acteur Bruno Podalydès semble
vouloir ostensiblement reprendre le concept dans une version
''augmentée'' même si l'on remarque assez vite que La
peite vadrouille
manque parfois de cette inspiration qui à l'époque fut l'une des
principales qualités de ce récit dans lequel il s'était lui-même
mis en scène dans le premier rôle. Cette fois-ci, ça n'est plus à
lui qu'il offre le rôle principal mais à une bande d'interprètes
hétéroclites parmi lesquels l'on retrouve notamment Sandrine
Kiberlain, Daniel Auteuil, son frère Denis Podalydès, Isabelle
Candelier ou encore Florence Muller. Une œuvre emplie de poésie et
d'innocence malgré un sujet tournant autour d'une rencontre
romantique virant à l'escroquerie. Franck Pauilahc (Daniel Auteuil)
est le PDG d'une grande entreprise qui demande à l'une de ses
employées, Justine (Sandrine Kiberlain), de lui organiser un
week-end en amoureux pour la modique somme de quatorze-mille euros.
S'empressant d'en parler à son mari Albin (Denis Podalydès),
celui-ci évoque l'idée de se mettre dans la poche la moitié du
budget tout en proposant à quelques amis dans le besoin de se
partager le reste en participant à une escroquerie dont sera la
victime le pauvre chef d'entreprise. Lorsque le jour J arrive, quelle
n'est pas la déconvenue du couple lorsqu'il découvre que celle qui
doit partager avec Franck ce week-end en amoureux n'est autre que
Justine ! Épaulés par Jocelyn (Bruno Podalydès), le frère
d'Albin et accessoirement capitaine de la Pénichette, de Sandra et
Rosine (Isabelle Candelier et Florence Muller) ou du jeune mousse
Ifus (Dimitri Doré), Justine et et son mari vont proposer à Franck
de traverser un canal à bord d'une péniche. Et alors que le PDG
tentera de séduire la jeune femme, Albin et ses complices tenteront
de lui soutirer un maximum d'argent... Pour son dernier long-métrage,
Bruno Podalydès reste non seulement fidèle à certains interprètes
mais aussi à son style si particulier. La petite
vadrouille
est une comédie farfelue et parfois poétique, naïve même diront
certains, réunissant un panel d'interprètes qui malgré les
générations qui les séparent créent au sein du casting une
véritable homogénéité. Et ce, malgré le bordel ambiant qui règne
au sein de cette organisation ''criminelle'' peu habituée à ce
genre de manigances.
Pauvre
Daniel Auteuil qui endosse ponctuellement le costume du ringard,
celui que l'on n'avait sans doute pas revu depuis l'improbable La
personne aux deux personnes
de Nicolas et Bruno en 2008. Naïf mais touchant, il incarne donc un
PDG naviguant sur les eaux troubles d'une arnaque dont les auteurs
vont scrupuleusement lui vider les poches. Le film étant bourré
d'idées géniales bricolées avec les moyens du bord par une équipe
de bras cassés, on rit beaucoup devant les péripéties de cette
bande d'escrocs amateurs. Sandrine Kiberlain n'a ici jamais parue
aussi fraîche et pimpante. Presque belle finalement, dans son
apparat de ''séductrice'' qui n'a franchement pas l'air d'avoir
envie de jouer le jeu et se comporte comme ces mendiants qui dans les
grandes villes s'inventent une histoire miséreuse pour vous soutirer
quelques euros. Très drôles furent Isabelle Candelier et Florence
Muller, la première se grimant notamment en artiste-peintre vendant
une abominable croûte à trois mille euros (!!!) ou se relookant
façon ''diseuse de bonne aventure''. Tout est bon pour vider les
poches d'une bonhomme qui ne compte pas son argent. La seconde,
elle, incarne tout d'abord une influenceuse qui sur internet propose
ses services lors de très courtes séances de psychanalyse ou
d'hypnose tandis qu'une fois embarquée à bord de la Pénichette,
elle endosse le costume de l'employée un peu gauche et au regard
perpétuellement inquiet ! Une grande partie du long-métrage
ayant été tournée sur le canal du Nivernais, La
petite vadrouille
et une comédie d'aventures lancée au rythme de neuf kilomètres par
heures. Une lenteur qui malheureusement se ressent au bout d'un
certain temps. Car si certaines séquences s'avèrent véritablement
amusante dans leur absurdité et dans l'attitude de ses personnages,
le dernier long-métrage de Bruno Podalydès semble parfois inachevé.
Le film ressemble au fond à ces spectacles donnés en Province,
réunissant de petites troupes d'interprètes méconnues qui de
villes en villages tentent de gagner leur vie en donnant des
spectacles avec tout le ''talent'' qui les caractérise. Bref, si
l'on aime le cinéma de Bruno Podalydès, il y a de grandes chances
pour que l'on apprécie celui-ci. Les autres, eux, trouveront
peut-être qu'il lui manque un peu de finition...
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