Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

Labels


vendredi 27 janvier 2012

Braqueurs du dimanche: C'est Pas Parce Qu'on A Rien A Dire Qu'il Faut Fermer Sa Gueule de Jacques Besnard (1975)


Braquer la caisse de retraite de la SNCF, tel est le projet de Phano. Aidé de Max et Riton, deux pitoyables truands, le prétentieux cerveau de cette idée farfelue a déjà tout prévu. En effet, derrière le mur des toilettes de la gare de l'Est se trouve un coffre renfermant cinq millions de francs. Après avoir renvoyé Max et Riton pour incompétence, il réfléchit à "la paire de connards" qu'il pourrait engager pour l'aider à mener son projet à bien. Et qui mieux que ces deux hommes, minables petits voleurs engagés dans le vol de voitures et qui viennent de rentrer au bercail non pas au volant d'une luxueuse voiture mais derrière le guidon d'une "pétrolette" ?
Phano a tout prévu. Du porte-monnaie remplit de ferraille, aux tickets de métro. Une maquette également est mise à disposition, ainsi que trois petites statuettes à l'image des trois hommes. De quoi entraîner ses complices avant de les enfermer durant une journée entière derrière la porte numéro trois des toilettes de la gare. Phano en est persuadé, on se souviendra de lui comme l'on se souvient encore du "train postal".



Le seul véritable hic selon lui, c'est la dame pipi. Une vieille femme qui transige rarement avec les mauvais payeurs. Elle veille au confort des usagers, parle plusieurs langues, n'hésite jamais à partager un bon mot avec un client pressé de récupérer sa monnaie. Elle va même jusqu'à soutenir les problèmes urinaires d'un petit postier en mal de réconfort. Pendant que Phano informe ses deux complices, un point essentiel intrigue Max. Il se demande en effet comment les trois hommes vont pouvoir passer la journée entière dans les toilettes, à faire des allers et venues ininterrompus sans que la dame pipi ne remarque rien. Comme l'exprime Phano, "la voilà, la question à cinq millions".

L'idée est simple. Les trois hommes vont se relayer durant une journée entière et ne devront jamais laissé personne d'autre qu'eux entrer dans les toilettes numéro trois. Pour ne pas se faire remarquer auprès de la dame pipi, ils porteront une série de déguisements afin de se faire passer chaque fois pour une personne différente. Si au départ tout commence mal (à leur arrivée, un "mélomane" se trouve déjà enfermé dans les toilettes), Max et Riton se rendent vite compte que Phano a tout prévu. Du déblaiement des gravas issus de la destruction du mur attenant au coffre, à la façon de s'en débarrasser dans la zone de chantier près des toilettes. Pendant que l'un travaille d'arrache-pied à creuser le trou qui mènera jusqu'aux cinq millions de francs, les deux autres font autant de bruit qu'il le peuvent, permettant ainsi d'étouffer les bruits de perceuse ou de marteau.


Alors qu'il atteignent la surface arrière et métallique du coffre, les trois hommes quittent les toilettes pour ne revenir que tard dans la soirée. Une fois les lieux déserts, Max et Riton s'activent à percer le coffre pendant que Phano veille à l'extérieur. Les deux hommes se relayent une bonne partie de la nuit jusqu'à ce qu'une large ouverture soit pratiquée dans le coffre. Riton jubile. Il saute presque dans le trou et se retrouve coincé jusqu'à ce que Max lui vienne en aide. Le premier se saisit des liasses de billets pendant que le second les place soigneusement dans une valise qui se révèle très vite trop petite pour contenir la totalité de l'argent se trouvant dans le coffre. Se remplissant les poches ils doivent se résoudre à abandonner une partie de l'argent et omettent d'en parler à Phano.

Lorsqu'ils quittent les toilettes, dehors le jour se lève. Il commence à y avoir du monde dans la gare. Alors que le casse s'est bien déroulé, les ennuis commencent : D'abord, la voiture qu'ils ont prévu pour quitter l'enceinte de la gare ne veut pas démarrer. Ensuite, un flic se mêle à eux afin de les dégager de l'emplacement sur lequel leur voiture est garée. La valise échappe un instant à l'attention de Max et se retrouve sur le toit d'un car de touristes. Max parvient plus tard à la récupérer mais la laisse malencontreusement tomber à l'arrière d'une voiture qui fait route vers... la gare de l'Est !!! Une fois leur bien récupéré, les trois hommes sont résolus à prendre le métro. Une fois rendus chez Phano, ils comptent leur butin...

Ainsi prend fin la première partie du film. Quelques seconds rôles viennent y épauler Bernard Blier, Michel Serrault et Jean Lefebvre. On y voit effectivement quelques acteurs qui "débutent" comme Christian Clavier, Thierry Lhermitte et Gérard Jugnot, tout deux formés à l'équipe du Splendid. Le premier campe un flic homosexuel, le second un jeune militaire et le dernier, un postier atteint de fréquentes envies d'uriner. Tsila Sheldon campe cette dame pipi que nos larrons redoutent tant. Si les dialogues ne volent pas très haut, on savoure les rôles multiples qu'endossent les trois acteurs principaux et notamment Blier qui interprète chacun des siens de manière convaincante. Tour à tour prêtre, poissonnier ou bien encore touriste allemand, il fait montre du talent qu'on lui connaît même dans le moindre détail alors que Serrault et Lefebvre semblent jouer sans véritable conviction les personnages que leurs différents costumes les amènent à interpréter. Le premier s'octroie le rôle de personnages bien mis et respectables pendant que le pauvre Jean Lefebvre endosse celui d'hommes de petites conditions. Ce qu'il va supporter durant un temps avant de "voler" l'un des déguisements de son ami. Entre les deux hommes, les esprits s'échauffent parfois et le personnage de Serrault fait montre d'ambitions que Lefebvre ne peut avoir. Un brin stupide, ce dernier risque de faire capoter leur mission en griffonnant un mot apparemment anodin sur le mur des toilettes où ils s'enferment durant la journée.

Ensuite, une fois que l'argent a été compté et rangé, les trois hommes partent boire un coup histoire de fêter l’événement. Alors qu'un petit poste de télévision placé en hauteur au dessus du bar diffuse une information en relation avec l'affaire, la dame pipi entre dans l'établissement et se dirige vers Phano, Max et Riton. Sans qu'aucun ne s'en doute, elle a suivi le manège des trois hommes le jour où ils ont perpétré leur méfait et vient maintenant revendiquer le droit à sa part. Tous les quatre vont alors s'associer et créer un casino afin de faire fructifier l'argent. Ils parviennent à quadrupler la somme initiale. En chef d'entreprise, la dame pipi propose un jour de compter l'argent en compagnie de Phano, Max et Riton mais lorsqu'ils ouvrent ensemble le coffre, les billets ont disparu.

Au premier abord, le film ressemble à ces dizaines de films comiques que produisait le cinéma français à une certaine époque. Soit des œuvres plutôt insipides, aux blagues éculées et souvent interprétées par les mêmes acteurs et dont Jean Lefebvre était parfois le porte-drapeau. Pourtant, malgré un scénario faiblard, des situations répétées parfois à outrances (les allers-retours incessants entre la gare et les toilettes), on se prend au jeu de l'interprétation des trois acteurs principaux. Tour à tour, ils apparaissent affublés de tenues parfois encombrantes (Michel Serrault et son attirail de pécheur) ou exotiques (Bernard Blier en tyrolien amateur de petite parisiennes). L'apparition des seconds rôles est amusante, et notamment celle des membres du Splendid et forme un lot de clins d’œil que l'on aurait peut-être aimé voir de manière plus fréquente (pourquoi pas Balasko, Lamotte ou bien encore Anémone ?).

Bernard Blier est, comme à son habitude, le génial acteur que l'on connaît, faisant des situations même les plus improbables ou les moins convaincantes, de purs moments comiques. Le moindre mot, le moindre geste se savoure comme un pur morceau de cacao (sa réaction face au "voisin gênant" qui murmure d'une voix fausse un air de classique ou bien son irrésistible accent de poissonnier défendant avec ferveur sa "morue", affichant le même timbre lorsqu'il s'excuse après s'être débarrassé de son comptant de gravas sur la tête d'un travailleur du chantier situé à coté des toilettes). Michel Serrault est égal à lui-même et surjoue peut-être parfois consciemment certains de ses personnages à l'aide de son phrasé si particulier. Jean Lefebvre semble parfois absent, sous l'effet d'une substance endormante, ou bien peut-être est-il atterré par certaines actions que son rôle lui force à interpréter, toujours est-il qu'il vogue comme au beau milieu d'une brume dont il ne parvient que très rarement à s'échapper (l'extraordinaire moment de lucidité de Riton face au mur de policiers qui contrôlent les gens qui passent à leur portée après que le braquage de la caisse de retraite de la SNCF ait été découvert).

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...