Depuis un siècle
environ, les catastrophes maritimes fascinent écrivains,
scénaristes, producteurs, réalisateurs et spectateurs. L'un des
faits-divers les plus tragiques ayant réellement eu lieu concerne
bien évidemment le célèbre paquebot transatlantique britannique
Titanic qui malgré sa
réputation de navire insubmersible a coulé en moins de trois heures
après avoir percuté un iceberg situé dans l'océan Atlantique
Nord, faisant ainsi près de mille cinq-cent victimes. Il était
donc inévitable de voir fleurir nombre de longs-métrages plus ou
moins inspirés du naufrage ayant eut lieu dans la nuit du 14 au 15
avril 1912. Atlantic
d'Ewald André Dupont en 1929. Atlantique, latitude 41°
de Roy Ward Baker en 1958. S.O.S. Titanic
de William Hale et David Janssen en 1979. et bien entendu le plus
célèbre et rentable de tous, le Titanic
de James Cameron en 1997. D'autres cinéastes ont eux aussi
''profité'' de l'intérêt mêlé de terreur que peuvent générer
de telles catastrophes. Qu'elles soient dues à des phénomènes
naturels (L'aventure du Poséidon
de Ronald Neame dans lequel un paquebot était renversé par une
immense lame de fond) ou que des actes criminels mettent en péril
l'existence des passagers et de l'équipage (Terreur
sur le Britannic
de Richard Lester dans lequel un individu ordonnait que lui soit
remise une forte somme d'argent à défaut de quoi il ferait exploser
les bombes qu'il a préalablement installées à différents endroits
d'un paquebot de croisière), l'histoire ne fait chaque fois que se
répéter. C'est ainsi qu'à vu le jour Panique à
bord (The
Last Voyage)
d'Andrew L. Stone en 1960. Cette fois-ci, le paquebot en question se
nomme le Claridon.
Un vieux bateau qui vit ses derniers jours lors d'un trajet situé
sur l'océan Pacifique. C'est à son bord qu'a notamment pris place
Cliff Henderson (Robert ''Les incorruptibles''
Stack), son épouse Laurie (l'actrice Dorothy Malone) et leur fille
Jill (la toute jeune Tammy Marihugh)...
Réalisé
et écrit par l'un des spécialistes du film noir Andrew L. Stone qui
deux ans auparavant signait Cri de terreur (Cry
Terror!)
dont l'intrigue tournait entre autre autour d'un avion de ligne dans
lequel était placée une bombe, Panique à bord
vaudra
surtout pour certains aspects comme la personnalité de son
commandant de bord (le capitaine Robert Adams, incarné par George
Sanders), aveuglé par la confiance qu'il met entre les mains des
ingénieurs qui conçurent un navire qui pourtant ne semble plus
vraiment fiable. Incapable de prendre la moindre décision
raisonnable, celui-ci mettra du temps avant d'opter pour l'évacuation
des passagers. S'ouvrant sur une voix-off désignant pratiquement le
paquebot comme un personnage à part entière, le long-métrage
diffère de la concurrence en ce sens où il ne perd pas de temps à
caractériser le moindre de ses personnages et en les plongeant
directement dans l'action lors d'un incendie s'étant déclaré dans
l'une des chaudière du Claridon.
Ce qui pourrait apparaître comme une volonté d'apporter de la
vigueur et du rythme à Panique à bord
a malheureusement les défauts de ses qualités. Quoi qu'il arrive,
quoi qu'il en coûte en pertes humaines, impossible d'être touché
par le moindre décès. D'autant plus que le décompte des morts se
fait hors champ de la caméra ! Le film d'Andrew L. Stone a
malheureusement très mal vieilli. En témoigne plus encore que les
couleurs délavées des bobines, le look parfois cheap de certains
personnages comme la fille du héros et sa coiffure désormais
improbable. Un héros qui d'ailleurs tente de sauver son épouse
coincée sous des décombres à la suite de l'explosion de l'une des
chaudières du paquebot...
Il
manque à Panique à bord non
seulement un certain sens du rythme mais une ambiance qui rendrait
crédible les péripéties de l'équipage et des passagers. Pas ou
peu de musique et une caméra qui ne simule même pas le tangage du
navire. On a très vite le sentiment que tout n'a été tourné qu'en
studio malgré la preuve faite par l'image que l'action se déroule
effectivement à bord d'un paquebot. Si George Sanders incarne un
commandant de navire parfaitement détestable, Robert Stark manque
cruellement de charisme. Surtout dans la version français où
l'acteur américain est pitoyablement doublé par l'acteur et
directeur artistique Marc Cassot ! Le film exploite souvent très
mal les environnements et la richesses de certains d'entre eux (on
pense notamment à l'immense salle de restauration). Le film nous
fait en outre bénéficier de quelques attitudes déconcertantes
comme un Cliff Henderson figé à plusieurs reprises au bas et en
haut des escaliers de la chaudière incriminées alors même que sa
femme attend qu'il vienne la libérer de la carcasse de métal qui
écrase ses jambes et l'empêche de se mouvoir (à noter la présence
aux côtés de Robert Stack de l'acteur afro-américain Woody Strode
dans le rôle du courageux machiniste Hank Lawson). Pour autant,
Panique à bord nous
gratifie de quelques séquences remarquables comme celle où perchée
au dessus du vide, la fille de Cliff Henderson tente de rejoindre
son père de l'autre côté du gouffre en passant sur une étroite
planche. Concernant la catastrophe à proprement parler l'on
appréciera l'inondation de la chaudière ou la cheminée s'écrasant
sur le toit du paquebot, et même un final proprement apocalyptique.
Pour le reste, Panique
à bord
manque de rythme et son ambiance ne rend pas toujours vraiment compte
de la terreur de devoir sauver sa peau et celle des autres alors que
le paquebot s'apprête à sombrer. Honnête, sans plus...
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