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vendredi 14 décembre 2018

La Región Salvaje d'Amat Escalante (2017) - ★★★★★★★☆☆☆



J'en attendais peut-être trop de la part de La Región Salvaje, le dernier long-métrage du cinéaste mexicain Amat Escalante qui m'avait fait forte impression il y a dix ans tout rond avec Los Batardos, son deux long-métrage. Son dernier né souffre d'une contrainte tellement pesante que celle-ci plane très rapidement sur une œuvre qui manque singulièrement de folie comparée au terrifiant Possession du réalisateur polonais Andrzej Zulawski. Ce dont le film d'Amat Escalante ne manque pas en revanche, c'est de sexe. Ici, il prend la forme la plus classique mais se prolonge sous un aspect qui convoque le fantastique avec cette étrange créature vivant dans une cabane au fond des bois et scrupuleusement veillée par Maria Vega et son époux scientifique. Une bête faisant furieusement penser à celle de Zulawski, tentaculaire, dont les protubérances sont autant de bras pénétrant les diverses zones érogènes de celles qui la rencontrent. Drame fantastique, La Región Salvaje mêle cet élément d'épouvante au cadre classique d'un couple explosant après la rencontre d'un homme confronté à une créature qui, si tant est qu'il soit possible de l'imaginer faire partie de l'espèce humaine, semble être hétérosexuelle.
Cet homme, c'est Fabian, frère d'Alejandra, beau-frère et amant d'Angel. C'est après avoir fait la connaissance de Veronica à l’hôpital où il travaille que le jeune homme croise la route de la créature enfouie dans ce temple du plaisir miteux au cœur d'une région sauvage. Il en reviendra le crâne défoncé, nu, et dans le coma. Veillé par sa sœur, celle-ci fait à son tour la connaissance de Veronica. Ancienne « amante » de la bête, Veronica s'insinue discrètement dans la vie d'Alejandra et de ses deux enfants après que Fabian ait été accusé à tort d'avoir battu son beau-frère et invite sa nouvelle amie à faire la connaissance avec les Vega ainsi qu'avec la créature. Au contact de celle-ci, Alejandra va devenir plus forte tout en ne pouvant plus résister au plaisir sexuel que lui apporte la créature, bouleversant ainsi son existence...

Si dans le fond La Región Salvaje promettait un spectacle inattendu et radical, dans la forme, certains éléments se révèlent au final plutôt décevants. Le dernier film d'Amat Escalante, est une œuvre éminemment sexuée. L'acte y est des plus primitif, filmé froidement. Un homme et une femme. Puis deux hommes entre eux. Et pour finir, une femme et la bête. Une créature immonde, crainte, tout en provoquant chez celles qui entrent en contact physique avec elle, une addiction extraordinaire. Pulsion rime ici avec fascination. La Región Salvaje connaît un déroulement relativement classique. On y croise en effet un trio de personnages dans leurs activités quotidiennes. Un récit presque trop simple connaissant des ruptures de ton « fantastiques » à l'arrivée de cette créature qui tout en offrant un plaisir sexuel démultiplié par autant de tentacules ornés de bouches avides à leur extrémités, parvient à arracher à Veronica d'abord, puis à Alejandra ensuite, un peu de leur humanité. On découvre cette dernière effectivement capable d'abandonner ses enfants, de trahir son époux. Et pourtant, dans la chronologie des événements, ces faits étant relatés avant sa première rencontre avec la créature, on peut alors supposer que celle-ci permet à ses proies d'exprimer leur nature profonde.

La Región Salvaje est une bonne surprise même si l'on pouvait en attendre davantage. Dans l'ombre de Possession, l’œuvre d'Amat Escalante ne fait malheureusement pas le poids. Malgré l'excellente interprétation de Ruth Jazmin Ramos (Alejandra), Simone Bucio (Veronica), Jesus Meza (Angel) et Eden Villacencio (Fabian), le film est parfois pesant, mais pas forcément dans le bon sens. Le mexicain y décrit le pouvoir du sexe tout en livrant un message un peu lourd sur le péché qu'il représente à certains égards. L'aspect parfois réaliste au demeurant convaincant ne fait pas le poids dès lors que certaines séquences plombent le rythme déjà peu soutenu du long-métrage. La fascination s'exerce en fait surtout en présence de la créature et de son environnement. La Región Salvaje souffre d'une partition musicale parfois inquiétante mais en général trop discrète pour créer un climat anxiogène suffisamment riche pour que l'on ressorte de l'expérience tout à fait convaincus. Une semi-déception...

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