Eyes of a Stranger
est
intéressant à plus d'un titre. Non pas parce qu'il s'agit du
troisième long-métrage du cinéaste américain Ken Wiederhorn.
Non, ça, on s'en fiche un peu vu que le bonhomme n'a pas signé
grand chose de ''remarquable'' à part le nanar culte (mais
malheureusement assez mou) Le Commando des
Morts-Vivants en
1977, et quinze années plus tard le pitoyable Retour
des Morts-Vivants II,
suite du très réussi (et premier) volet de la saga signé Dan
O'Bannon. C'est plutôt du côté du casting que le film est d'abord
intéressant. Dans le rôle principal, l'actrice Lauren Tewes qui
dans la peau de la présentatrice télé Jane Harris est confrontée
à un tueur et violeur en série qui va s'avérer être un habitant
du quartier dans lequel elle réside auprès de sa jeune sœur Tracy
qui, la pauvre, est sourde, muette et aveugle depuis qu'elle a été
victime d'un viol. Une idée peu originale si l'on tient compte du
fait que même sans offrir autant de tares à la gamine de son héros,
le réalisateur Michael Winner signait en 1974 Un
Justicier dans la Ville dans
lequel l'épouse et l'enfant du héros incarné par l'acteur Charles
Bronson étaient elles-mêmes violées, la première finissant par
mourir sous les coups de ses assaillants et la seconde demeurant
catatonique. De même que Clint Eastwood s'en souviendra peut-être
au moment de tourner Le Retour de l'Inspecteur
Harry
en 1984 et dans lequel il sera confronté à une série de meurtres
perpétrés par une jeune femme traumatisée par le viol collectif
dont elle fut victime plus jeune.
Concernant
la méthode particulièrement sadique employée par le violeur et
tueur en série de Eyes of a Stranger
qui consiste à téléphoner à ses victimes afin de les terroriser
avant de s'en prendre physiquement à elles, le film semble quelque
peu s'inspirer de Terreur sur la Ligne
que réalisa Fred Walton en 1979 (soit deux ans auparavant) et sans
doute plus loin encore de l'excellent Peur sur la
Ville
de Henri Verneuil avec notre Jean-Paul Belmondo en vedette réalisé,
lui, en 1974.
Au
générique, donc, l'actrice Jane Harris qui, si elle n'a tourné que
trois longs-métrages pour le grand écran (les deux autres étant
les barrés The Doom Generation,
en 1995 et Nowhere
deux ans plus tard, tout deux signés par Gregg Araki), est surtout
connu pour avoir tenu le rôle de Julie McCoy durant dix ans dans la
célèbre série télévisée La Croisière
s'Amuse.
Outre de nombreuses séries où elle fit diverses apparitions,
l'actrice s'est généralemen t contentée d'apparaître dans tout une
série de téléfilms. À ses côtés, une toute jeune actrice qui
tournait là son deuxième long-métrage après avoir débuté cinq
ans auparavant (mais sans y être cependant créditée) dans le drame
de Reza Badiyi et Uri Massad, Tod eines Fremden.
Jennifer Jason Leigh est en effet la jeune Tracy qui vit aux côtés
de sa sœur Jane. Depuis, l'actrice a plutôt brillamment tracé sa
route et on a pu notamment la revoir plus tard chez Barbet Schroeder
(JF Partagerait Appartement),
les frères Coen (Le Grand Saut),
David Cronenberg (Existenz)
ou encore Brad Anderson (The Machinist)
et Quentin Tarantino (Les Huit Salopards).
Quant au rôle du violeur et assassin de Eyes of
a Stranger,
il est tenu par l'acteur John DiSanti qui malheureusement, est
sous-exploité.
Avec sa gueule de l'emploi, il aurait été
intéressant que le réalisateur développe davantage la
caractérisation de ce personnage qui en dehors de ses coups de fils,
ne prononcera que quelques phrases devant la caméra. Pas
le meilleur des slashers mais pas le pire non plus, Eyes
of a Stranger
est parfois ''creepy'',
parfois gore. Je pense notamment au premier double-meurtre et à la
dernière séquence se déroulant chez les deux sœurs. Une très
grosse baisse de régime survenant au beau milieu du film empêche
l’œuvre de Ken Wiederhorn d'atteindre les cimes du genre. C'est
d'autant plus dommage qu'il s'agit sans doute de l'un de ses
meilleurs films...
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