Orgies sadiques de
l'ère Edo...
Avec un titre pareil, on s'attend forcément à des douceurs
asiatiques mélangeant érotisme délicat et tortures plus ou moins
raffinées. Troisième volet de la saga des Joy
of Torture du
réalisateur japonais Teruo Ishii, Zankoku
ijō gyakutai monogatari: Genroku onna keizu
(qui
signifie à peu de chose près dans notre pays, Histoires
d'abus anormaux et cruels : Genroku, généalogie de la femme)
propose trois actes dont les récits demeurent indépendants les uns
des autres. On retrouve cet art de la lictiophilie cher au genre qui
nous préoccupe ici. Rien de bien méchant face aux déviances les
plus étranges et dérangeantes auxquelles le spectateur pourra
notamment faire face devant le Shogun's Sadism de
Yūji Makiguchi qui sortira sept ans plus tard en 1976 et qui dans la
saga semble se poster en neuvième et ultime position après huit
volets tous exclusivement réalisés par Teruo Ishii. Et donc parmi
eux, ces Orgies sadiques de l'ère Edo
s'inscrivant dans un genre bien précis. Celui du ero
guro nansensu
qui a l'origine fut un mouvement littéraire avant d'être récupéré
par le cinéma, et notamment à travers l’œuvre de Teruo Ishii,
justement. Dans ce troisième volet, le Japon féodal est à
l'honneur. Ses costumes, ses coiffures, ses modes de vie et ses
traditions. Les femmes sont apprêtées telles des geishas, le visage
blême, poudré, le corps recouvert du yukata
traditionnel et la tête coiffée du Taka Shimada. Quant aux hommes,
ils revêtent le Jinbei et sont tous coiffés du Chon mage, front
rasé, cheveux huilés et attachés au dessus du crâne en chignon...
Les
costumes font donc illusion. Tout comme les décors, d'ailleurs. Mais
plus qu'un film reposant sur d'authentiques faits ayant eu lieu
durant l'ère Edo, cet Orgies sadiques de l'ère
Edo s'intéresse
tout d'abord saux penchants les plus inavouables de ses
protagonistes. Le premier acte repose en effet sur le mensonge et la
trahison. On y voit effectivement un homme manipuler une jeune femme
qu'il séduira avant de la convaincre de se prostituer. En effet,
afin d'échapper à l'emprise d'un chef de clan auquel elle doit de
l'argent, Oito (l'actrice Masumi Tachibana) accepte que Hanji
(l'acteur Toyozô Yamamoto) efface sa dette. Mais celui-ci étant
ensuite à court d'argent, la jeune femme offre son corps à des
inconnus afin de le rembourser. Une histoire simple... si seulement
ne s'y cachait pas derrière, de plus funestes desseins. Plutôt
timide en matière d'érotisme et d'outrages physiques, on aura tout
de même droit à une double séance de bondage et de flagellation
exécutée jusqu'au sang avec à terme, un avortement à coups de
pierres. Le second acte démarre, lui, par la tentative de viol d'une
femme par deux nains qu'elle s'empresse ensuite de fouetter avant de
les faire fuir. On apprend alors qu'il s'agissait d'un simulacre
organisé par la jeune femme elle-même. Au cœur de ce second récit,
la nymphomanie et le goût prononcé pour l'exhibitionnisme, le
voyeurisme et l'acte sexuel prodigué par des indigents. Chaque
moment est l'occasion pour l’héroïne d'exposer son intimité à
la vue de quiconque pose son regard sur elle. Jusqu'à ce que la
vérité, cruelle, ne nous soit révélée à travers une séance
d'hypnose...
En
dehors de quelques séquences présentant les courbes de l'actrice
principale, là encore, l'érotisme se veut léger, bien qu'accentué
par le sujet de la nymphomanie, lequel submerge littéralement le
propos. Au passage, nous noterons la présence d'un beau mâle
couleur ébène apparaissant à l'écran affublé de deux grotesques
boucles d'oreilles signifiant en partie, et s'il était besoin, son
appartenance à une tribu africaine. Le noir indigène comme peu de
cinéastes auraient le courage (ou l'impudence) de le décrire de nos
jours. Quant au sadisme promis par le titre français, le réalisateur
japonais semble avoir choisi de le réserver pour la troisième
partie du long-métrage qui s'ouvre sur une femme traînée au sol
par un cavalier et sa monture. Une séquence qui en précède une
autre, plutôt ahurissante lors de laquelle de jeunes geishas toutes
de rouge vêtues sont tuées par des taureaux excités par la couleur
de leur tenue. L'une d'elles (l'actrice Miki Obana dans le rôle
d'Omitsu) va survivre pour servir d'objet sexuel au seigneur des
lieux. Ou l'art du bondage qui au Japon est nommé Kinbaku
(ligotage
japonais) et qui ici est servi sur fond noir. Ceux qui veulent du
sexe et du sang feraient pourtant mieux de retourner voir le Caligula
de Tinto Brass avec
Malcolm McDowell dans sa version pornographique car ici, en dehors
d'un accouchement par césarienne pratiqué au sabre et sans
anesthésie, les orgies sadiques promises s'avèrent quasi-absentes.
Restent quelques visions sympathiques, comme ce couloir recouvert de
tentures du premier acte ou cette galerie de miroirs du troisième où
le rouge et l'or dominent.Une entrée en matière relativement timide
dans l'univers du réalisateur japonais Teruo
Ishii et au final, rien de véritablement transcendant...
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