À treize ans
d'intervalles, deux œuvres aux réalisateur et aux titres différents
vinrent au monde tout en entretenant cependant une étrange relation
quant au contexte dans lequel baignent leurs personnages respectifs.
En 1979, Joe d'Amato signait avec Buio Omega
(sorti sur notre territoire sous le titre Blue
Holocaust),
l'un des films les plus glauques et dérangeants qui soient. Interdit
à l'époque de sa sortie aux moins de dix-huit ans dans notre pays,
il a conservé malgré les décennies son caractère éminemment
putride. Une œuvre qui, si elle semble originale est en fait le
reflet morbide d'un long-métrage qui lui est donc antérieur de
treize ans. En effet, alors que nous sommes au beau milieu des années
soixante, le réalisateur italien Mino Guerrini abordait déjà les
étranges thématiques qui treize ans plus tard allaient faire de
Buio Omega,
le film culte que l'on connaît. Filmé en noir et blanc et
principalement interprété par l'acteur Franco ''Django''
Nero, Le Froid Baiser de la mort
(Il terzo occhio)
semble en tout point avoir effectivement inspiré la décennie
suivante l’œuvre de Joe d'Amato tant on y trouve déjà la plupart
des éléments constituant ce véritable cauchemar sur pellicule dont
le réalisateur accoucha en 1979. Il est donc déjà question ici de
mort, de nécrophilie, de gémellité, d'acide sulfurique, d'emprise,
d'amour, de passion et de folie. Tout comme ses personnages qui déjà
incarnent qui le fils d'une riche famille, qui une gouvernante
secrètement éprise de l'homme en question. Le mimétisme auquel
s'est adonné Joe d'Amato treize ans plus tard est si bien poussé
que Kieran Canter y incarnera lui aussi bien après Franco Nero, le
rôle d'un taxidermiste. Dans le film de Mino Guerrini, un empailleur
d'animaux dont la passion va très vite se répercuter sur le corps
de celle qu'il devait épouser mais qui meurt dans un curieux
accident de voiture...
Rapportant
son cadavre jusque dans sa fastueuse demeure où est morte sa mère
(l'actrice Olga Solbelli), Mino Alberti (Franco Nero, donc) attire
chez lui une strip-teaseuse de cabaret, puis plus tard une
prostituée, avant de coucher avec elles, sa fiancée défunte Laura
(Erika Blanc) allongée dans le même lit, et recouverte d'un drap.
On s'en doute, à la découverte du corps embaumé, les
amantes de passages hurlent et ne reste plus alors à Mino qu'à les
étrangler afin de les faire taire puis de compter sur le soutient de
la gouvernante Marta (l’envoûtante Gioia Pascal) pour se
débarrasser des cadavres. Presque un copier/coller semblable au
futur Buio Omega,
jusque dans la méthode employée pour faire disparaître les
cadavres. Mais nous ne sommes pas encore à la fin des années
soixante-dix lors desquelles les bandes horrifiques poisseuses
pullulaient. En terme d'horreur, Le Froid Baiser
de la mort
est aussi sobre que le Psychose
d'Alfred Hitchcock. Le sang apparaît forcément moins impressionnant
que dans l’œuvre de Joe d'Amato. Quant à Gioia Pascal, l'actrice
a beau arborer un joli minois et son personnage un caractère ambigu,
face à Franca Stoppi qui dans Buio Holocaust
interprétait de manière viscérale une Iris glaçante, la jeune
interprète ne pèse pas lourd dans la balance. Franco Nero
interprète un jeune homme séduisant mais sensiblement immature. Une
fois libérée des entraves maternelles et après avoir perdu celle
qu'il aimait (deux morts survenant le même jour), Mino perd la tête.
Tout comme d'une certaine manière Marta qui ne prend pas en compte
les dangers de vivre auprès d'un individu totalement obsédé par
Laura...
Survient
alors Daniela, la jumelle de celle-ci et naît alors une ambiguïté
que l'on mettra sur le compte de l'anachronisme puisque la jeune
femme débarque au château dans l'idée de retrouver le corps de sa
sœur à l'aide de deux hommes-grenouilles (Laura a en effet
officiellement disparu dans les profondeurs d'un lac) ! Sauf que
plus tard l'on apprend que la jeune femme a disparu voilà un an
déjà. Ambiance pesante, voire malsaine pour Le
Froid Baiser de la mort même
si l'on n'atteint jamais vraiment les divers points culminants en la
matière du plus que dérangeant Buio Omega de
Joe d'Amato. Le sang coule peu et les corps sont dissous en toute
discrétion puisque à l'abri du regard des spectateurs. Une
curiosité à découvrir, assez rare pour l'époque il faut le dire,
et à ranger aux côtés des films cités plus haut ou du plus
méconnu Gran Bollito
réalisé par l'italien Mauro Bolognini en 1977 et notamment
interprété par l'actrice américaine Shelley Winters (La concierge
du locataire
de Roman Polanski)...
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