Par l'odeur alléché,
mais plus sûrement par le goût du sang et des fluides corporels
sous toutes leurs formes, l'évocation de cette obscure production
nippone datant des années soixante-dix parfois comparée au mythique
Hei tai yang 731
de T. F. Mou (Camp 731
chez nous et Men Behind the Sun
à l'internationale) ne pouvait qu'attiser ma curiosité. Un film à
peine concevable à l'époque et dont l'écho des atrocités
retentissent encore lorsque l'on redécouvre la chose aujourd'hui. Le
Japon féodal dans toute sa
splendeur
son horreur. Un catalogue de tortures qu'aucun autre être vivant que
l'homme ne pourrait concevoir. Quarante-six ans déjà que la bête
est née et pourtant, peu de films peuvent se vanter d'être aussi
vomitifs. Deux récits pour un seul long-métrage certes relativement
court puisque n'excédant pas les quatre-vingt minutes. Et autant de
temps pour mettre en scène à deux siècles de distance des
individus sans le moindre sens moral. D'une part un homme d'état
sadique et pervers qui du haut de son statut de magistrat en profite
pour laisser libre cours au plus perverses tortures qu'il exige de
ses administrés qui sous ses ordres, imaginent les pires sévices.
Et d'autre part, un homme d'un statut bien moins important puisque
étant aux services d'un propriétaire de bordel afin de payer ses
dettes. Se réduisant à une peau de chagrin, le scénario ne sert
que de prétexte à une somme conséquente d'actes barbares dont
certains demeurent encore parfois insoutenables. Après un générique
en forme de mise en bouche étalant de véritables images d'archives
de charniers humains, le film démarre en grandes pompes avec
l’ébouillantage d'une jeune femme, la pendaison puis le dépeçage
d'un homme, avant de se poursuivre par les flammes d'un bûcher au
sein duquel se consume le corps d'une jeune incendiaire. Nous sommes
alors en 1628 et c'est ainsi donc que débute
Ushiaki No Kei
de Yuji Makiguchi, réalisateur japonais dont on ne sait pas grand
chose de sa carrière dans notre pays. À part, désormais, qu'il fut
donc l'auteur en 1976 d'une œuvre particulièrement gratinée en
matière de scènes d'horreur. Où quand le gore n'avait déjà plus
grand chose à voir avec celui de son créateur de génie,
l'américain Herschell Gordon Lewis (Blood
Feast,
2000
Maniac,
Color
Me Blood Red,
etc...)...
Sans
doute moins traumatisant que le Hei
tai yang 731
de T. F. Mou qui lui reposait sur d'authentiques expériences menées
au sein de l'unité militaire de recherche bactériologique de
l'Armée impériale japonaise numéro 731 entre 1932 et 1933, Ushiaki
No Kei
propose une succession d'atrocités, et ce, malheureusement au
détriment d'un scénario rachitique. Une absence presque totale de
cohésion dans le montage et une réalisation bancale par contre
rattrapées par une constante inventivité dans les actes de
barbaries qui y sont exposées. Des effets gore parfois étonnamment
réussis, voire même franchement gerbants. Comme cette pauvre jeune
femme écartelée à l'aide de deux buffles lors d'une séquence
vraiment horrible et que l'on conseillera aux plus sensibles d'y
assister munis d'un sac en papier ou d'un seau en cas de mouvement
antipéristaltique imprévisible ! D'une totale gratuité, les
séquences d'horreur s'enchaînent avec autant de régularité qu'une
chaîne de dépeçage dans un abattoir. Ushiaki
No Kei
traite à minima du christianisme et de sa chasse par des
représentants de l'état qui agissent alors en toute impunité.
N'espérez surtout pas voir le Bien l'emporter sur le Mal. Tout ici
est fait pour que le spectateur garde sur le visage la moue de dégoût
que lui inspirent les faits relatés. Avec un petit air de
psychédélisme qui ne tient qu'à la volonté de cacher les sexes
durant l'action mécanique qui s’enclenche lorsque les corps en
sueur s’entremêlent dans un érotisme léger, mais qui parfois
confine à la déviance (en témoigne la séquence pseudo-zoophile de
léchage canin). Si le premier acte est nettement plus convaincant
dans tous ses aspects, le second choisi de mettre un peu moins de
sang tout en offrant au spectateur médusé, d'autres fluides
corporels que ce dernier sera content de n'avoir pas à sentir les
effluves. De tous les personnages, nous retiendrons tout d'abord
Sutezo, le ''héros'' du second chapitre à l'expression typique du
théâtre Nô. Caricatural et outrancier, il marque de son emprunte
le cadre sordide qu'impose le récit. Tout comme cette vieille femme
pratiquant de manière barbare et sadique un avortement ou plus tôt,
chez ce chef de clan au sadisme rare. Une pellicule poisseuse, gore à
souhait, outrancière et hystérique. Une véritable curiosité à
(re)découvrir de toute urgence...
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