Drôle de film que ce
Devil's Express
que l'on rangera immédiatement dans la catégorie des films de
Blaxploitation
fantastiques.
Une poignée d'années en arrière, un certain Bruce Lee faisait
fureur dans son pays d'origine, la Chine, avec un petit nombre de
films de kung-fu dont The Big Boss,
La Fureur du Dragon
ou Le Jeu de la Mort.
La communauté afro-américaine n'étant pas la dernière à se
réapproprier à l'époque certains thèmes abordés par le septième
art, plusieurs réalisateurs de ce courant prendront les choses en
main et mettront en scène quelques alternatives plus ou moins
réussies des grands thèmes de l'épouvante dont furent à l'origine
Mary Shelley ou Bram Stoker. L'occasion de pouvoir découvrir durant
la première moitié des années soixante-dix les étonnants Blacula
de William Crain en 1972, Scream Blacula Scream
de Bob Kelljan en 1973 ainsi que Blackenstein
de William A. Levey la même année. D'autres imagineront des récit
carrément farfelus mais pas moins originaux comme les authentiques
films cultes que sont Change of Mind
de Robert Stevens (1969) ou le drôlatique The
Thing with Two Heads
que Lee Frost réalisa en 1972. Une époque bénie pour le cinéma de
Blaxploitation
horrifique et fantastique dans lequel s'engouffre donc en 1976 le
réalisateur Barry Rosen qui la même année réalisera son second et
dernier long-métrage, la comédie dramatique The
Yum Yum Girls.
Devil's Express demeure
l'un des films de Blaxploitation
les plus bigarrés,et par conséquent, l'un des plus fous en terme de
mélange des genres. Souvent incongru, ce mixage entre film d'arts
martiaux, policier, épouvante et fantastique n'est cependant pas, il
faut le reconnaître, une grande réussite...
On
peut même dire que Barry Rosen réalisait là, l'un des films de
Blaxploitation
les moins convaincants. Pour commencer, revenons tout d'abord sur le
contexte. Luke, l'un des grands spécialistes du Kung-fu de New-York
part faire un voyage jusqu'en Chine en compagnie de son ''frère''
Rodan afin de participer à un combat opposant l'un des grands
maîtres chinois de la discipline à des adversaires venus du monde
entier. Là bas, Rodan tombe sur plusieurs sépultures dont il vole
certains biens précieux dont une amulette. Ce qui provoque dès le
retour des deux hommes dans leur pays, les foudres d'un démon qui
cherche à mettre la main sur l'amulette afin de la détruire et de
pouvoir enfin dominer le monde. Pendant ce temps là, la police
enquête sur une série de meurtres touchant les communautés
chinoises et afro-américaines. Des combats opposent ces deux
communautés qui ne se doutent pas qu'en réalité, les morts que
compte chaque camp sont l’œuvre d'une créature diabolique vivant
dans le métro new-yorkais, laquelle est de plus capable de prendre
la forme d'un proche ou d'un ennemi. Voilà pour l'ambitieux
scénario. Ambitieux mais sacrément bordélique. Si peu à peu la
lumière est faite sur les véritables enjeux, l'intrigue est dans sa
première partie relativement brumeuse. Une accumulation de séquences
qui ne semblent tout d'abord avoir aucun lien entre elles. Situé
dans le quartier du Bronx dont le réalisateur fait le théâtre
d'affrontements entre gangs rivaux, Devil's
Express
n'est dans l'esprit qu'une petite production estampillée Z qui ne
génère au fond que poilades et railleries tant la mise en scène et
surtout l'interprétation sont en dessous de tout.
Enfin,
presque tout puisque le plus grand défaut de Devil's
Express,
ce sont en réalité ses combats. L'acteur Warhawk Tanzania (second
et dernier film pour lui après Black Force
de Michael Fink l'année précédente) se prend pour le basketteur
Kareem Abdul-Jabbar qui s'opposait à Bruce Lee dans Le
Jeu de la Mort en
1972. Sauf qu'ici, les combat que mène tout d'abord Luke face au
gang chinois puis contre la créature diabolique dans ses derniers
instants ont de quoi faire rire. Les coups ne sont jamais portés et
cela se voit. Les acteurs ne s’effleurent même pas, ce qui donne
lieu à des combats invraisemblables. Bref, on n'y croit pas un seul
instant. D'autant plus que les chorégraphies se résument à pas
grand chose. Filmées n'importe comment, leur mise en scène est
plate et l'on n'en ressort jamais en se disant que l'on a assisté au
combat du siècle, de la décennie ou même de l'année. Les meurtres
sont quant à eux le plus souvent filmés hors champ de la caméra.
En fait, Devil's Express sent
le film fauché. Seul ''point positif'' du long-métrage de Barry
Rosen, cette curieuse créature qui avant de se transformer en pizza
sur pattes réfugiée dans le métro new-yorkais (elle ne supporte en
effet pas la lumière du jour), déambule dans les rues de Harlem
lors de plans interminables. Exhibant une paire d'yeux blancs
incroyablement globuleux, la chose possède un petit quelque chose de
vraiment dérangeant. Un détail qui ne suffit malheureusement pas à
réévaluer de façon positive ce très mauvais film de
Blaxploitation
au scénario, de surcroît, relativement succinct...
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