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jeudi 11 mars 2021

You Should Have Left de David Koepp (2020) - ★★★★☆☆☆☆☆☆

 


 

Attiré par l'idée alléchante de retrouver l'acteur Kevin Bacon dans un film d'horreur, d'épouvante, ou fantastique, genres qui lui conviennent relativement bien puisqu'il joua notamment dans Tremors de Ron Underwood en 1990, L'Expérience Interdite de Joel Schumacher la même année ou Hollow Man: L'Homme sans Ombre de Paul Verhoeven dix ans plus tard. Plus de vingt ans après Hypnose, il retrouve le réalisateur américain originaire du Wisconsin David Koepp avec un sujet beaucoup plus sombre que l'histoire de cet homme qui après avoir participé à une séance d'hypnose se mettait à voir des esprits. You Should Have Left (Tu aurais dû partir) sonne en fin de projection comme un message d'alerte à l'attention du spectateur qui aurait sans doute dû prendre en considération ce titre. Lequel, plus que de témoigner du contenu de l’œuvre, semble inconsciemment tout mettre en œuvre pour que l'on ne perde pas un peu plus de quatre-vingt dix minutes de notre temps. Car si le dernier long-métrage de David Koepp adapté du court roman éponyme de Daniel Kehlmann transporte derrière lui quelques bonnes idées d'écriture, le résultat à l'écran ne se fait malheureusement pas attendre longtemps. Non pas que You Should Have Left soit un calvaire à suivre, mais bizarrement, il semble souvent faire écho à l'un des propos que tiennent les deux principaux personnages Theo et Susanna Conroy qu'interprètent Kevin Bacon et Amanda Seyfried. Lesquels sont accompagnés par la jeune Avery Essex qui joue quant à elle le rôle de Ella, leur jeune enfant...


En effet, à plusieurs reprises est évoqué l'âge ''avancé'' de Theo et, allez savoir pourquoi, cela semble avoir des conséquences sur l'étrange climat qui règne dans cette maison du bout du monde isolée dans la campagne du Pays de Galles et trônant au sommet d'une colline. Si son étrange situation pourrait rappeler à certain l'angoissante demeure d'un certain Norman Bates, celle des Conroy est d'une architecture totalement différente. Moderne et donc particulièrement froide, voire sinistre, elle est l'un des éléments principaux du récit et participe de la même manière que dans le Psychose à l'élaboration d'un psychisme désordonné. Celui de Theo justement, que Kevin Bacon interprète à la manière d'un pensionnaire d'ehpad qui aurait voulu une dernière fois se dégourdir les jambes avant de retourner dans sa chambre. Si You Should Have Left est ennuyeux, ça n'est certes pas pour les bonnes raisons. Si l'on s'y ennuie (j'avoue même avoir été victime de deux ou trois micro-sommeils), ça n'est pas non plus à cause de la langueur de la mise en scène mais plutôt pour cette incapacité crasse du réalisateur à parvenir à hisser à la hauteur du matériaux d'origine, une œuvre qui sent au final, le réchauffé...


C'est à me demander si j'ai vu le même film que ceux qui évoquent la folie de son personnage principal quant il m'a semblé que les événements décrits dans You Should Have Left étaient d'un tout autre ordre. Bien qu'il semble tout d'abord que Theo perde effectivement peu à peu la tête, certains éléments semblent cependant contradictoires. Comme cette fuite qu'il entreprend au bras de sa fille, témoin alors évident du caractère fantastique que prend le film de David Koepp en cours de route. Mais là n'est plus vraiment le problème. Ce qui fait surtout défaut dans You Should Have Left est l'inefficience avec laquelle certains cadrages et certains montages ruinent l'impact de séquences qui se voudraient ''labyrinthiques''. Le film manque en effet de prendre de la hauteur lorsque son sujet devient véritablement passionnant : ce moment précis ou, après une très longue attente d'une heure, les choses se mettent enfin en place. Maintenant, ai-je échappé au concept ? Mais certaines incohérences, qui n'en sont d'ailleurs peut-être pas selon que l'on adhère à la thèse de la folie ou pas, s'expliqueraient-elles à travers la représentation concrète du marasme psychologique qui dévaste l'esprit de Theo ? Pas évident. À dire vrai, cette facette du récit est suffisamment plan-plan pour que l'on s'assoupisse rapidement. Seul éclair de génie qui retombe malheureusement comme un soufflet, l'évocation de cette demeure justement, dont la symétrie rappelle de très loin les œuvres d'un certain Maurits Cornelis Escher. Une idée trop tardivement et trop insuffisamment exploitée pour que You Should Have Left se révèle passionnant. D'autre plus que le reste est d'un convenu qui confine à la supercherie...

 

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