Attiré par l'idée
alléchante de retrouver l'acteur Kevin Bacon dans un film d'horreur,
d'épouvante, ou fantastique, genres qui lui conviennent
relativement bien puisqu'il joua notamment dans Tremors
de Ron Underwood en 1990, L'Expérience Interdite
de Joel Schumacher la même année ou Hollow Man:
L'Homme sans Ombre
de Paul Verhoeven dix ans plus tard. Plus de vingt ans après
Hypnose,
il retrouve le réalisateur américain originaire du Wisconsin David
Koepp avec un sujet beaucoup plus sombre que l'histoire de cet homme
qui après avoir participé à une séance d'hypnose se mettait à
voir des esprits. You Should Have Left
(Tu aurais dû
partir) sonne en fin de projection comme un message d'alerte à
l'attention du spectateur qui aurait sans doute dû prendre en
considération ce titre. Lequel, plus que de témoigner du contenu de
l’œuvre, semble inconsciemment tout mettre en œuvre pour que l'on
ne perde pas un peu plus de quatre-vingt dix minutes de notre temps.
Car si le dernier long-métrage de David
Koepp adapté du court roman éponyme de Daniel Kehlmann transporte
derrière lui quelques bonnes idées d'écriture, le résultat à
l'écran ne se fait malheureusement pas attendre longtemps. Non pas
que You Should Have Left
soit un calvaire à suivre, mais bizarrement, il semble souvent faire
écho à l'un des propos que tiennent les deux principaux personnages
Theo et Susanna Conroy qu'interprètent Kevin Bacon et Amanda
Seyfried. Lesquels sont accompagnés par la jeune Avery Essex qui
joue quant à elle le rôle de Ella, leur jeune enfant...
En
effet, à plusieurs reprises est évoqué l'âge ''avancé'' de Theo
et, allez savoir pourquoi, cela semble avoir des conséquences sur
l'étrange climat qui règne dans cette maison du bout du monde
isolée dans la campagne du Pays de Galles et trônant au sommet
d'une colline. Si son étrange situation pourrait rappeler à certain
l'angoissante demeure d'un certain Norman Bates, celle des Conroy est
d'une architecture totalement différente. Moderne et donc
particulièrement froide, voire sinistre, elle est l'un des éléments
principaux du récit et participe de la même manière que dans le
Psychose
à l'élaboration d'un psychisme désordonné. Celui de Theo
justement, que Kevin Bacon interprète à la manière d'un
pensionnaire d'ehpad qui aurait voulu une dernière fois se dégourdir
les jambes avant de retourner dans sa chambre. Si You
Should Have Left est
ennuyeux, ça n'est certes pas pour les bonnes raisons. Si l'on s'y
ennuie (j'avoue même avoir été victime de deux ou trois
micro-sommeils), ça n'est pas non plus à cause de la langueur de la
mise en scène mais plutôt pour cette incapacité crasse du
réalisateur à parvenir à hisser à la hauteur du matériaux
d'origine, une œuvre qui sent au final, le réchauffé...
C'est
à me demander si j'ai vu le même film que ceux qui évoquent la
folie de son personnage principal quant il m'a semblé que les
événements décrits dans You Should Have Left
étaient d'un tout autre ordre. Bien qu'il semble tout d'abord que
Theo perde effectivement peu à peu la tête, certains éléments
semblent cependant contradictoires. Comme cette fuite qu'il
entreprend au bras de sa fille, témoin alors évident du caractère
fantastique que prend le film de David Koepp en cours de route. Mais
là n'est plus vraiment le problème. Ce qui fait surtout défaut
dans You Should Have Left
est l'inefficience avec laquelle certains cadrages et certains
montages ruinent l'impact de séquences qui se voudraient
''labyrinthiques''. Le film manque en effet de prendre de la hauteur
lorsque son sujet devient véritablement passionnant : ce moment
précis ou, après une très longue attente d'une heure, les choses
se mettent enfin en place. Maintenant, ai-je échappé au concept ?
Mais certaines incohérences, qui n'en sont d'ailleurs peut-être pas
selon que l'on adhère à la thèse de la folie ou pas,
s'expliqueraient-elles à travers la représentation concrète du
marasme psychologique qui dévaste l'esprit de Theo ? Pas
évident. À dire vrai, cette facette du récit est suffisamment
plan-plan pour que l'on s'assoupisse rapidement. Seul éclair de
génie qui retombe malheureusement comme un soufflet, l'évocation de
cette demeure justement, dont la symétrie rappelle de très loin les
œuvres d'un certain Maurits Cornelis Escher. Une idée trop
tardivement et trop insuffisamment exploitée pour que You
Should Have Left
se révèle passionnant. D'autre plus que le reste est d'un convenu
qui confine à la supercherie...
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