Alors qu'à New-York,
Rabbi Jacob s'apprête à prendre l'avion pour la France, à Paris,
le révolutionnaire Mohamed Larbi Slimane qui prépare un coup d'état
dans son pays est traqué par Farès et sa bande. Fait prisonnier, le
leader du tiers monde Slimane est emmené dans une usine de
chewing-gum où il est interrogé par Farès.
Sur une route nationale,
Victor Pivert est au volant de sa voiture, pressé de retrouver sa
fille qu'il doit marier avec le fils d'une riche famille. A ses
côtés, son chauffeur Salomon. Pivert est un homme infect. Il n'aime
ni les noirs, ni les arabes, ni les allemands, ni les suisses, ni les
belges, et lorsqu'il apprend de la bouche même de son chauffeur que
celui-ci est juif, c'en est trop. Alors qu'il est au téléphone avec
sa femme, il apprend à celle-ci les origines de Salomon qui depuis,
a repris le volant. Et c'est l'accident. La voiture dégringole et
vient terminer sa course dans un lac.
Après avoir tenté de
l'en déloger, Victor Pivert et Salomon se séparent sur la route. Le
second part prévenir les gendarmes de l'accident, et quand à
Pivert, il se retrouve dans l'usine de chewing-gum dans laquelle est
retenu prisonnier Slimane...
Lorsque sortent Les
Aventures de Rabbi Jacob le 18 octobre 1973, la guerre du Kippour
était déclarée depuis presque deux semaines entre Israël et
plusieurs pays arabes. Malgré tout, Gérard Oury décide de sortir
le film à la date prévue. Un drame conséquent à sa sortie fit
parler de lui dans les médias. L'épouse de l'attaché de presse
Georges Cravenne, alors dépressive, prend en otage un avion (un
boeing 727) armée d'un fusil 22 long rifle, protestant notamment
contre la sortie du film qu'elle juge anti-palestinien. Aucun otage
ne sera tué mais malheureusement, l'épouse de Cravenne périra
de trois balles dans la tête tirées par un tireur d'élite.
Gérard Oury, qui tourna
avec Jean-Paul Belmondo, Coluche, Philippe Noiret, Gérard Jugnot,
Bourvil, ou encore Pierre Richard, offrit à Louis de Funès parmi
ses meilleurs rôles. Ils formèrent un duo réalisateur-acteur
formidable le temps de quatre œuvres inoubliables (Le Corniaud,
La Grande Vadrouille, La Folie Des Grandeurs et donc,
Rabbi Jacob).
Les Aventures de Rabbi
Jacob, s'il n'a pas rapporté
autant d'argent que La Grande Vadrouille, n'a pas à rougir face au
classique qui réunit de Funès et Bourvil. Leur dernière
collaboration se révèle être peut-être l'une des dix plus grandes
comédies françaises, porteuse d'un message fort sur l’antisémitisme
et la reconversion d'un homme pétri de préjugés qui, au cœur
d'une communauté qui va le prendre sous son aile, va changer ses
opinions.
Un
sujet que l'on aurait beaucoup de mal à imaginer transposé au
cinéma aujourd'hui tant toute l'hypocrisie qui caractérise notre
pays bâillonne ceux qui désirent s'exprimer sur des sujets aussi
délicats que l’antisémitisme. Derrière le message se cache une
œuvre drôlissime, ni pro-juifs, ni anti-palestinienne. Il est vrai
que « l'arabe » est ici montré du doigt à travers Farès
et sa bande quand le juif, lui, est montré comme faisant partie d'un
peuple accueillant et sans préjugés. Heureusement, le personnage de
Slimane (interprété par l'acteur Claude Giraud) montre un
hypothétique rapprochement entre juifs et arabes. Une idéologie qui
reste malheureusement encore aujourd'hui utopique mais qu'il fait bon
de voir dans ce film.
D'un
point de vue strictement technique et artistique, Les
Aventures de Rabbi Jacob est une
merveille. De très belles cascades (la voiture de Pivert dans le
lac), des scènes d'anthologie (l'usine de chewing-gum) et surtout,
une danse dont on ne se lassera jamais de parler, interprétée par
Louis de Funès lui-même qui répéta longuement la scène, et mise
en musique par Vladimir Cosma.
Un
classique...
Film cultissime ! J'ignorais l'anecdote de l'épouse de l'attaché de presse qui avait pris un avion en otage ! C'est énorme !
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