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dimanche 18 août 2024

She Will de Charlotte Colbert (2022) - ★★★★☆☆☆☆☆☆

 


 

Il y a encore deux heures, le concept d'Elevated Horror était un schéma de cinéma qui m'était relativement flou. Pour ne pas dire totalement étranger. Et après une projection longue de quatre-vingt quinze minutes, j'étais près à le bannir de mon vocabulaire et de mes futures nuits cinéphagiques tant She Will de Charlotte Colbert m'apparut d'une inconsistance crasse. S'intégrant dans le courant actuellement bien rôdé du cinéma d'horreur post-Metoo dont font désormais parti Men d'Alex Garland, Invisible Man de Leigh Whannell, deux œuvres au demeurant tout à fait satisfaisantes, ainsi que, paraît-il, Promising Young Woman d'Emerald Fennell sur lequel se sont penchés tant de critiques virulents qu'il faudra bien qu'un jour j'y jette un œil, She Will est une immense déception... Bannir ? L'Elevated Horror ? Peut-être pas finalement puisque après quelques recherches, je découvrais que parmi une liste de films longue comme la Loire s'inscrivaient notamment des œuvres telles que The Witch de Robert Eggers, Possessor de Brandon Cronenberg, Midsommar d'Ari Aster, Eraserhead de David Lynch ou encore Under the Skin de Jonathan Glazer. Bref, que des petites merveilles (si l'on ne tient évidemment pas compte de la merde que réalisa l'amateur d'onanisme David Lowery en 2017, A Ghost Story) dont ne fait par contre absolument pas partie She Will. Je veux bien pardonner ce faux pas d'une réalisatrice qui là se lance dans son premier long-métrage (après trois courts, format qu'elle aurait également dû consacrer à sa dernière création) mais mon dieu que She Will peut être insignifiant. Qu'il s'agisse du sujet du patriarcat évoqué avec la finesse d'un hippopotame passant entre les rayons d'une cristallerie ou de celui du traumatisme vécu par l'héroïne qui pour le coup est remarquablement incarnée par Alice Krige, le premier long-métrage de Charlotte Colbert est raté ! Produit par le réalisateur italien Dario Argento qui s'y connaît pourtant tout particulièrement en sorcellerie puisqu'il fut lui-même auteur d'une trilogie formée autour de Suspiria en 1977, Inferno en 1980 et tardivement conclue avec La Terza Madre en 2007 !


N'étant plus tout à fait une valeur sûre du cinéma d'horreur et d'épouvante bien que son dernier film Occhiali Neri ne soit pas le plus mauvais qu'il ait mis en scène voilà deux ans, il lui arriva de produire quelques très bonnes pellicules par le passé comme le Dawn of the Dead de l'américain George Romero. Mais c'était il y a bien longtemps et aujourd'hui l'on n'est jamais certain que Dario Argento puisse encore nous faire rêver. En tant qu'auteur ainsi qu'en tant que producteur puisque She Will est une proposition de cinéma horrifique auteurisant des plus dispensable. Disposant d'un cadre exceptionnel (celui de l’Écosse) et de techniciens de talent (décors et photographies sont absolument remarquables), le scénario de Charlotte Colbert et Kitty Percy est un panier percé qui a laissé s'échapper son contenu au fil du récit. Alors oui, She Will est parfois magnifique. Des extérieurs jusqu'à certaines séquences nocturnes véritablement flamboyantes (le sabbat autour du feu) accompagnées par l'envoûtante partition du compositeur britannique Clint Mansell, d'un point de vue artistique, esthétique, rien à dire, c'est presque un sans fautes. Mais pour le reste, le film de la réalisatrice n'est qu'un pompeux exercice de style auquel d'autres se sont adonnés avec autrement plus de talent. Une coquille vide, voilà ce qu'est She Will, une œuvre abusivement adoubée par celles et ceux qui ne souffrent certainement plus de ce cinéma adolescent et bis qu'avaient toujours représenté les œuvres horrifiques et qui aujourd’hui et plus que jamais veut entrer dans la cour des grands. Mais pour cela, encore faut-il avoir les épaules larges et le dos solide pour supporter un tel challenge. Les prétentions et les ambitions de Charlotte Colbert collent malheureusement assez mal au conflit qui oppose l'écriture à l'esthétique. On pourra toujours arguer que dans le domaine de l'Elevated Horror She Will est mille fois plus ''vivant'' que la merde intégrale, hautaine et arrogante de David Lowery. Mais cela ne suffit pas pour en faire un bon film. En général, lorsque durant la projection l'on se demande quand va vraiment démarrer l'intrigue et qu'en consultant notre montre (ou notre smartphone) l'on s'aperçoit que le film a déjà commencé depuis une heure, ça sent pas très bon. Et dans le cas de She Will, cela sent même très mauvais...

 

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