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lundi 19 août 2024

L'obsédé (The Collector) de William Wyler (1965) - ★★★★★★★★★★

 


 

L'obsédé (The Collector) de William Wyler, c'est d'abord deux magnifiques interprètes, dont les carrières respectives débutèrent sensiblement à la même période. Deux comédiens d'origine britannique qui forment ici un duo inoubliable. Un ''couple'' dont la bizarrerie n'a d'égal que la puissance des échanges verbaux et comportementaux qu'ils n'auront de cesse de multiplier l'un envers l'autre. Samantha Eggar incarne Miranda Grey, une jeune et très séduisante étudiante en art, entourée de très nombreux amis et qui un jour est la victime d'un enlèvement. Séquestrée dans la demeure isolée d'un certain Freddie Clegg, celui-ci est interprété par Terence Stamp. Avant de devenir l'une des thématiques préférées des genres Torture-Porn et Rape and Revenge, le film de séquestration coula de très beaux jours dans des œuvre sensiblement moins portées sur l'horreur ou l'épouvante et donc nettement plus ''raffinées''. S'exportant jusque sur le territoire français, le réalisateur Pierre Granier-Deferre s'empara notamment du sujet en 1975 avec l'excellent La cage dans lequel le personnage de Julien interprété par l'acteur Lino Ventura fut la victime de son ex-épouse Hélène (l'actrice suédoise Ingrid Thulin) qui l'enferma dans la cave de sa demeure où elle avait préalablement installé une cage... Dans un contexte ornemental nettement moins sordide, William Wyler convie le public à suivre les mésaventures d'une jeune femme tombée entre les griffes d'un déséquilibré mental qui, incapable de l'aborder comme le ferait n'importe quel autre homme psychiquement structuré, a choisi de l'enlever et de la séquestrer dans un caveau attenant à la propriété qu'il vient fraîchement d'acquérir. Reposant sur l'ouvrage éponyme du romancier lui aussi britannique John Fowles, l'écrivain quitte son poste d'enseignant pour se consacrer désormais à sa carrière d'auteur. The Collector est son premier ouvrage et rencontre un franc succès lors de sa sortie en 1963. Deux ans plus tard, le réalisateur William Wyler s'approprie donc les droits du roman dont il confie alors l'adaptation sous forme de scénario à son auteur lui-même ainsi qu'à John Kohn et Stanley Mann.


Tout en étant d'une remarquable limpidité dans son exécution, le récit développe en contrepartie la relation trouble entre un homme et sa proie. Chacun figurant l'archétype même d'un milieu social censé ne jamais croiser le regard de l'autre. Et pourtant, sans cette affreuse machination fomentée par l'un au préjudice de l'autre, les deux protagonistes de L'obsédé auraient pu passer pour un couple charmant, voire même très glamour. Partant d'un postulat on ne peut plus embryonnaire (il l'aime, il l'enlève. Elle veut fuir, elle le caresse dans le sens du poil), le long-métrage de William Wyler développe tout au long du récit la personnalité de Freddie et de Miranda. Laissant à la pensée du spectateur le choix de faire personnellement son petit bout de chemin à l'issue duquel les rapports, sans qu'ils ne s'inversent jamais vraiment, permettent de temporiser le comportement asocial de l'un et la détresse de l'autre. Au delà de la perversité que véhicule le sujet de l'enlèvement et de l'obsession maladive d'un homme pour une femme, il en est une autre que cultive le scénario et à laquelle le réalisateur tarde véritablement d'apporter une réponse définitive. Là où Freddie expose très clairement ses sentiments l'on se demande dans quelles mesures Miranda se joue de la fragilité de son ravisseur pour le manipuler et ainsi pouvoir quitter sa prison dorée. D'une ampleur dramatique et émotionnelle extraordinaire, L'obsédé jouit en outre d'une écriture remarquable à laquelle rendent formidablement hommage Samantha Eggar et Terence Stamp qui de leur toute jeune carrière d'interprètes se hissent déjà au somment de leur art. Beau et cruel, parfois glaçant mais aussi souvent (et étonnamment) chaleureux, la beauté des sentiments, qu'ils demeurent ou non en totale contradiction avec le statut des deux personnage, tout permet à L'obsédé d'afficher un caractère très particulier où le kidnappeur demeure finalement attachant ou en tout cas, très difficilement haïssable... Bref, en cette année 1965, William Wyler signait un authentique chef-d’œuvre. Aussi considérable d'un point de vue cinématographique que purent l'être quelques années auparavant Psychose d'Alfred Hitchcock, Le voyeur de Michael Powell ou plus tard, Les Tueurs de la lune de miel de Leonard Castle...

 

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