''Inspiré d'une
histoire vraie...''. Voilà bien
le genre d'accroche qui depuis des lustres n'a guère plus d'effets
tant les producteurs et les distributeurs ont abusé de son usage.
Elle est loin l'époque où Ruggero Deodato faillit être jeté en
prison tant son Cannibal Holocaust
avait chez certains laissé l'impression de faire partie de cette
fascinante (mais néanmoins peu ragoûtante) frange du cinéma
d'horreur où les meurtres sont parait-il bien réels ! Car
voyons, à part deux ou trois séquences objectivement injustifiables
lors desquelles le réalisateur et son équipe se sont laissés aller
à quelques sordides meurtres d'animaux, le reste n'était que
fiction. Depuis, des milliers d'autres longs-métrages ont tenté de
réitérer l'exploit du vérisme en affirmant mordicus sur leur
affiche ou au tout début du générique un bon gros ''inspiré
de fait réels''
auquel plus personne ne croit cependant aujourd'hui. The
Atticus Institute de
Chris Sparling fait quant à lui partie d'un autre type de
longs-métrages, au fond pas si éloignés du concept reposant sur
des faits avérés, mais qui au final entrent dans une catégorie
volontairement mensongère mais dont les auteurs se déchargent
d'emblée de toute responsabilité quant à la mystification dont ils
furent pourtant les organisateurs en invoquant le concept de
documenteur.
Pas la peine de vous faire un dessin du dit concept puisque tout est
dans cette contraction des termes Documentaire
et Menteur !
À titre d'exemple, l'un des plus brillants dans le domaine reste
très certainement le film belge de Rémy Belvaux, André Bonzel et
Benoît Poelvoorde C'est arrivé près de chez
vous que
les trois hommes réalisèrent voilà plus de trente ans...
Depuis,
de l'eau a coulé sous les ponts et si certaines personnes en
enjoindront peut-être d'autres à aller jeter un œil à tel ou tel
film reposant sur ce type de concept, votre serviteur vous
conseillera en priorité d'aller contempler l'une des merveilles du
genre notamment interprété en 2004 par l'immense Werner Herzog.
Lequel, entre des dizaines de fictions et de documentaires qu'il mit
lui-même en scène s'est prêté au jeu avec l'excellent Incident
at Loch Ness
de Zak Penn ! Mais pour en revenir à The
Atticus Institute
de Chris Sparling, l'usage de faux documents vidéos et
photographiques passés sous filtres vintage, de commentaires audios
et la participation de faux témoins (mais vrais comédiens) ne
laisse aucun doute sur la tromperie et ce, dès les toutes premières
secondes. Ce qui aurait pu ruiner l'intérêt du long-métrage se
révèle finalement assez anecdotique puisque le montage de The
Atticus Institute permet
malgré tout au spectateur de s'imprégner de l'ambiance et du sujet
pour ne plus avoir à se soucier si les images d'archives sont
réelles ou non. Ou si même plus simplement The
Atticus Institute
est authentiquement inspiré d'une histoire vraie. Le titre du film
se réfère à un institut qu'aurait fondé un certain docteur Henry
West (incarné à l'image par l'acteur William Mapother) spécialisé
dans le domaine de la Perception
extrasensorielle
ou PES
dont fait notamment partie la télépathie. Ici, le champ
d'investigation dépasse de très loin les espérances des
scientifiques puisque l'institut Atticus va très prochainement
accueillir parmi ses patients une certaine Judith Winstead qu'incarne
Rya Kihlstedt dont la ressemblance avec l'actrice Ellen Burstyn qui
interprétait la mère de la pauvre Regan dans L'exorciste
de William Friedkin n'est peut-être pas une simple coïncidence !
La
jeune femme semble dotée de pouvoirs télé-kinésiques si
remarquables qu'elle sera invitée par Henry West et son équipe à
participer à un certains nombre de tests qui s'avéreront tous
concluants. L'occasion pour l'un des personnages de faire le
parallèle entre Judith et la célèbre para-psychologue russe Nina
Kulagina qui au milieu du siècle dernier était prétendument
détentrice du pouvoir de télékinésie. La jeune femme aura surtout
été doté du don d'affabulatrice puisqu'il fut prouvé plus tard
qu'elle utilisait notamment des aimants afin de simuler le
déplacement d'objets par sa seule pensée ! La référence est
donc ici, à minima, remarquablement inappropriée. Concernant le
film, plus les expériences se multiplient et plus l'équipe de
scientifiques remarque des incidents qui semblent avoir des origines
qui dépassent de très loin le simple phénomène de télékinésie...
The Atticus Institute
exécute alors un grand écart en passant de la médecine
psychiatrique et la pseudo-science au pur film fantastique à
tendance démoniaque. C'est bien donc essentiellement sur le montage
que repose tout l'intérêt du long-métrage. Une œuvre visuellement
plutôt sobre, à l'image de Rya Kihlstedt qui n'en fait jamais trop
et de la mise en scène qui va droit à l'essentiel. Le découpage
est en effet relativement riche, passant de vidéos de caméras de
surveillance à des séquences filmées par les témoins eux-même
des événements, en passant donc aux témoignages récents ou des
photographies enrichies de documentaire sonores. Bref, Chris
Sparling réussi là une œuvre très divertissante et jamais
ennuyeuse. Pourtant pas ''authentique'' pour un sou et à mi-chemin
entre le documenteur et le Found-Footage, mais avec juste ce qu'il
faut d'effets spectaculaires pour alimenter le récit dans ce qu'il
incarne de sensationnel... Bon........ Mais........ Pour être tout
à fait honnête, cela vaut surtout pour la première moitié du
récit car il est un fait que The Atticus
Institute aurait
malgré tout gagné en puissance s'il avait été pensé comme un
moyen-métrage plutôt qu'un format long car l'on remarquera qu'au
bout d'un certain temps, le film semble malheureusement tourner en
rond...
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