Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

Labels


dimanche 29 novembre 2020

Vital (ヴィタール) de Shin'ya Tsukamoto (2004) - ★★★★★★★☆☆☆



Shin'ya Tsukamoto, l'auteur en 1989 du parangon du cyberpunk avec le cultissime, foutraque, punk et très bruyant Tetsuo. Après ça, le cinéaste japonais aurait pu se reposer sur ses lauriers, mais non. Il a fallut qu'il persévère jusqu'à offrir deux séquelles à son bébé et surtout qu'il poursuive sa carrière en réalisant toute une série de longs-métrages cultes parmi lesquels on trouve Hiruko the Goblin en 1990, Tokyo Fist en 1995, Bullet Ballet en 1998, Gemini en 1999, le splendide A Snake of June en 2002 ou le court-métrage Haze en 2005. Mais Shin'ya Tsukamoto ne s'est pas arrêté là puisque jusqu'en 2018, année de sortie de son dernier long-métrage Killing, il n'a eu de cesse de surprendre ses fans. Et notamment en 2004 lorsqu'il produit l'une de ses œuvres les plus étonnantes et personnelles. Loin du bruit et de la fureur de son premier film, loin des bizarreries qui émaillent la plupart de ses longs-métrages, Shin'ya Tsukamoto signait une œuvre intimiste honorant le corps humain, célébrant la passion, l'amour, la mort et donc par extension, la vie. Nouvel objet filmique non identifié en cette année 2004 avec ce récit tout en nuance et en pudeur qui nous conte l'étrange relation d'un étudiant en médecine avec le corps d'une jeune femme décédée lors d'un accident de voiture dans lequel il était lui-même impliqué...


Quelques parasites bruitistes persistent ça et là mais l'essentiel de ce Vital est à chercher ailleurs. L'émotion qui s'en dégage est déjà beaucoup moins évidente que dans n'importe quelle autre romance filmée sur pellicule ou au format numérique. Le cinéaste japonais qui signe également le scénario frôle parfois les limites, surtout lorsque son œuvre s'approche dangereusement des frontières qui l'éloignent de la nécrophilie mais il ne les franchira cependant pas un seul instant. On est donc encore très loin d'un Aftermath réalisé par le cinéaste espagnol Nacho Cerda dix ans auparavant. Et c'est tant mieux puisque Vital nous emporte sur un terrain inattendu. Celui de la poésie. Une ode à la passion et à l'amour, donc, qui perdurent au delà de la mort. Le film paraît se résumer à peu de chose puisque nombre de séquences montrent le ''héros'' Hiroshi Takagi (Tadanobu Asano) demeurant prostré au dessus du cadavre de la jeune Ryōko Ooyama (Nami Tsukamoto) qu'il a par un hasard incroyable, la charge de disséquer. Devenu amnésique à la suite de l'accident, il entretient en outre une relation houleuse avec Ikumi (Toulou Kiki), elle aussi étudiante en médecine...


Vital s'éloigne de l’œuvre dérangeante qu'il paraît être. Shin'ya Tsukamoto fait preuve d'une sensibilité qui déjà explosait dans le remarquable A Snake of June deux ans auparavant. Le japonais évoque à travers son dixième long-métrage les relations tumultueuses et passionnées qu'entretiennent ses deux amants ainsi que les rapports qui unissent malgré eux le jeune étudiant en médecine avec les parents de Ryōko Ooyama. Surtout, Shin'ya Tsukamoto ne se fait pas le réalisateur d'une œuvre gratuitement sulfureuse et montre avec ce film un respect immodéré pour le corps humain, qu'il s'agisse de l'exprimer à travers la danse contemporaine ou plus objectivement à travers la cérémonie lors de laquelle les corps ''sacrifiés'' au bénéfice de la médecine terminent leur long chemin dans un four crématoire. Mieux, le cinéaste impose une vision juste des rapports que peuvent entretenir le jeune rescapé et les parents de la jeune femme qui à travers celui qu'ils considèrent d'abord comme responsable de sa mort, nourrissent l'image de leur fille en lui demandant d'entretenir son souvenir. Si Shin'ya Tsukamoto n'accouche certes pas d'un nouveau classique, Vital ne peut laisser indifférent. Et même si son traitement apparaît souvent hermétique, nul doute qu'il marquera les esprits de ses fans. La passion selon Saint Shin'ya...

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...