La saga Ringu
est maintenant vieille d'un peu plus de deux décennies. Plus de
vingt années qu'est née la légende de Sadako, cette gamine aux
pouvoirs médiumniques si puissants que son père, effrayé, décida
de la jeter au fond d'un puits d'où elle revint afin de jeter un
sort sur celles et ceux qui entrent en contact physique avec elle. Il
faut savoir que cette version de la légende qui selon les divers
longs-métrages la mettant en scène peut varier est issue d'une
autre légende qui date de l'époque Edo. En effet, Sadako semble
être inspirée d'une histoire de fantômes japonais connue sous le
nom de Banchō Sarayashiki dans laquelle une femme fut jetée dans un
puits par un samouraï après avoir été assassinée. Environ deux
siècles après apparaissait sur les écrans du monde entier le
premier volet de la saga Ringu
lui-même inspiré du roman éponyme écrit en 1991 par le japonais
Kōji Suzuki. Depuis, nombre de volets ont vu le jour. Si le premier
sorti en 1998 et réalisé par Hideo Nakata demeure évidemment le
meilleur d'entre tous, il
ne faut pas pour autant ignorer certaines des séquelles ou des
remakes qui furent tournés par la suite. À commencer par les deux
épisodes qui avec le premier forment la trilogie originale (Ringu
2
de Hideo Nakata et Ringu 0
de Norio Tsuruta) et le reboot américain qui n'est en fait qu'un
remake plutôt bien fichu et réalisé par Gore Verbinski en 2002.
Après une séquelle américaine elle aussi réalisée trois ans plus
tard, le mythe est reparti ''vivre'' dans son pays d'origine pour
renaître sous la forme d'un diptyque titré Sadako
3D
1
et 2.
Réalisés en 2012 et 2013 par Tsutomu Hanabusa, on aurait pu penser
que la saga allait prendre fin une bonne fois pour toute...
Mais
c'était sans compter sur le retour du créateur originel Hideo
Nakata qui l'année dernière en 2019, eut la bonne idée de se
fendre d'un onzième opus (si on ajoute à ceux cités plus haut
ainsi qu'à celui-ci tous ceux qui furent produits entre 1998 et
2005). Une bonne idée puisque contre toute attente, cette lassitude
que l'on pouvait prétendre ressentir à force de redondance s'avère
en fait totalement absente de ce nouveau projet. Mieux, pour les
petits nouveaux qui seraient nés trop tard, ce Sadako
cuvée
2019 peut se savourer sans que découvrir l’œuvre originale ne
soit nécessaire. Ce qui serait tout de même dommage si l'on tient
compte de ses qualités intrinsèques. L'intrigue de ce onzième opus
se déroule majoritairement entre les murs d'un établissement
hospitalier où sont traités les troubles mentaux. C'est là que
travaille la psychologue Mayu Akikawa (délicieuse Elaiza Ikeda),
chargée de s'occuper de l'une des plus anciennes patiente de
l'établissement et d'une mystérieuse gamine (la jeune actrice
Himeka Himejima) dont la mère s'est officiellement suicidée par le
feu (causant ainsi la mort de quatre autres personnes vivant dans le
même immeuble qu'elle et sa fille). Kazuma (l'acteur Hiroya
Shimizu), le frère de Mayu est youtubeur. Mais alors que ses
dernières vidéos attirent moins de monde, il décide de se rendre
dans la demeure où a eu lieu l'incendie afin d'y tourner sa
prochaine vidéo. Depuis qu'il a pénétré l'appartement sans
autorisation, sa sœur n'a plus aucune nouvelle de lui. Alors que
d'étranges événements liés à la petite fille dont elle a la
charge a l’hôpital se manifestent, Mayu décide d'enquêter afin
de retrouver son frère disparu...
Si
une grande majorité du long-métrage (environ les deux tiers) se
situe dans l'établissement hospitalier, la dernière demi-heure se
consacre à la recherche de Kazuma et au sujet principal qui n'est
autre que Sadako, la diabolique enfant qui donne son nom au titre.
Vingt et un ans après le premier Ringu,
Hideo Nakata prouve qu'il n'a pas perdu son sens de la mise en scène
et nous offre un lot de scènes effrayantes relativement raisonnable.
Sadako est
presque... miraculeux puisqu'il atteint largement ses objectifs. Le
réalisateur multiplie les séquences d'angoisse, aidé en cela par
une partition musicale et un sound design qui font leur petit effet à
de nombreuses reprises. Quelques visions fugaces ou nettement plus
marquées demeurent fort convaincantes. Elaiza Ikeda, Hiroya Shimizu
et les autres interprètes jouent le jeu à fond pour le bonheur des
amateurs de fantômes japonais. Peut-être pas la claque à laquelle
on aurait aimé assister mais une très bonne surprise tout de même,
n'en déplaise à ceux qui ne jurent que par l'original...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire