Climat apathique, rythme
léthargique, ambiance lourde... Le réalisateur allemand
originaire de Francfort Christian Alvart signait l'année dernière
un thriller glauque qui n'a pas grand chose à envier aux
longs-métrages les plus sombres du genre. Comme parfois dans ce
genre de production, Freies Land
convoque deux flics qui n'ont pas grand chose en commun. Dans le cas
présent, il s'agit des inspecteurs Patrick Stein et Markus Bach. Le
premier est jeune, propre sur lui et respectueux de la loi. Quant au
second, il a de la bouteille, est rustre et mène ses enquêtes à sa
manière. Deux modes de pensées et deux manières d'aborder
l'affaire qui est en cours qui vont provoquer quelques frictions
entre les deux hommes. Alors que le mur de Berlin s'est effondré et
que l'Allemagne est réunifiée depuis peu, Stein et Bach sont
chargés d'enquêter sur la disparition de deux jeunes filles dont
les cadavres seront malheureusement rapidement retrouvés. Torturées,
violées puis assassinée, les deux flics vont unir leur tempérament
pour retrouver celui ou ceux qui se sont rendus responsables des
atrocités commises sur les deux gamines...
L'action
se situe dans un coin perdu de l'Allemagne et dans un contexte
difficile dont la chute du mur de Berlin n'est pas forcément signe
de progrès social pour tout le monde. Tension nerveuse et atmosphère
suintante sont les valeurs ajoutées à ce long-métrage qui prend
son temps pour dénouer les nœuds de cette affaire complexe menée
sur le même tempo qu'un épisode de la série allemande Derrick.
Remake germanique du thriller espagnol La Isla
Minima,
Freies Land plonge
littéralement le spectateur dans les affres d'une enquête dont on
ne soupçonnera que très tardivement l'identité du tueur. Entre
station d'épuration, campagne allemande, ferme désaffectée, bars
et pavillon de chasse, l’œuvre de Christian Alvart semble tout
d'abord décrire une enquête poussive, s'étirant sur deux trop
longues heures, la présence de certaines séquences pouvant se
révéler discutables, voire exagérées dans leur durée, mais qui
au fond participent de l'élaboration scrupuleuse d'un scénario
écrit par le réalisateur lui-même ainsi que par Siegfried Kamml et
qui n’omet par la caractérisation de ses deux principaux
personnages...
Entre
le jeune flic imperturbable, marié et futur père d'un enfant à
venir et l'inspecteur bedonnant, buveur invétéré de bière et de
vodka, le long-métrage hésite entre en faire les deux seuls héros
capables de résoudre cette monstrueuse affaire ou en faire deux
antagonistes peu sympathiques. Ce qui est certain, c'est que les
acteurs Trystan Pütter et surtout Felix Kramer campent à merveille
ces deux personnages antinomiques mais qui, chacun à leur façon,
veulent en découdre avec le tueur. Le cadre dans lequel est tourné
Freies Land
renforce le sentiment de pessimisme qui se dégage de l’œuvre de
Christian Alvart. Plutôt que de faire de ses deux flics des supers
héros à l'américaine à qui toute entreprise réussi, le
réalisateur allemand les désigne au fond comme des individus tout à
fait communs. D'un côté la rigueur, de l'autre ''l'instinct''. À
chacun maintenant de choisir son camp. Presque caricatural dans son
approche désespérée du sujet abordé, Freies
Land enfonce
encore davantage le clou en convoquant le compositeur Christoph
Schauer qui à travers sa partition musicale fini de glacer les sangs
du spectateur, la photographie de Christian Alvart (encore lui!)
n'étant elle non plus, pas étrangère au sentiment d'angoisse que
dégage le long-métrage. Est-ce la durée ? La noirceur du
propos ? La mise en scène cathartique ? Toujours est-il
que l'on ressort quelque peu épuisé de cette expérience moite, léthargique,
fangeuse et diablement accrocheuse...
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