Une étoile pour Kad Merad, une
autre pour Gérard Darmon, et surtout, une dernière pour Françoise
Fabian. Pas une de plus, et sur dix, ça ne pèse pas lourd.
Brillantissime est le premier, et espérons-le, dernier
long-métrage de et avec Michèle Laroque. Et un naufrage artistique
à l'ampleur abyssale. Rien que le titre est un mensonge éhonté qui
trompe sur la marchandise. L'actrice-réalisatrice aura beau avoir
convoqué une belle brochette d'acteurs, la sauce ne prend pas. Si sa
volonté fut de proposer un catalogue exhaustif de poncifs, de
répliques éculées et de clichés, Michèle Laroque a alors
parfaitement rempli sa mission. On ne peut concevoir Brillantissime
comme
l’œuvre d'une cinéaste accomplie. Comment
s'expliquer que le long-métrage soit aussi triste ? Que la
bande-musicale d'Alex Beaupain soit aussi désolante que la
directions d'acteurs ?A ce titre, seul Bénabar semble avoir
profité d'un scénario mort dans l’œuf pour composer la belle et
mélancolique chanson Cimetière du Midi. Concernant les
interprètes, pour revenir aux premiers évoqués, Kad Merad n'est
pas le plus mauvais même si on l'a connu en plus grande forme.
Gérard Darmon demeure peut-être l'un des rares à tirer son épingle
du jeu même si son interprétation est parfois fade. Quant à
Françoise Fabian, c'est bien elle qui incarne l'un des rares
personnages à demeurer véritablement intéressant. Allez, ajoutons
au tableau des quelques toutes petites bonnes idées, la
participation de l'espagnole Rossy de Palma en meilleure et originale
amie de l'héroïne Angela, interprétée, elle, par Michèle
Laroque.
Quant aux autres...
Pascal Elbé, Pierre Palmade, Marthe Villalonga ou Jean Benguigui,
tous sont sous-exploités. Concernant Michael Youn, cela peut encore
se comprendre. Un compagnon d'un soir, d'une nuit... Plutôt que de
s'attarder sur quelques idées, Michèle Laroque semble avoir
esquissé sur le papier une foule de propositions, sans faire le
choix entre certaines d'entre elles, nous les imposant et constituant
ainsi un catalogue complet de scènes convenues.
C'en est presque
dérangeant. Surtout lorsque l'on apprécie l'artiste qui à
plusieurs reprises à partagé la scène avec son complice,
l'excellent Pierre Palmade. Puisque l'on ne rit que très rarement,
on finit par espérer ce moment de tendresse ou d'émotion qui
survient désormais dans la majeure partie des comédies. C'est ainsi
qu'abandonnée par son petit ami, la fille d'Angela (Oriane Deschamps, la fille de Michèle Laroque dans la vie), chanteuse dans
un petit groupe de rock, se retrouve seule sur scène. Rejointe par
sa maman, mère et enfant interprètent ensemble la chanson La Vie
au Ras du Sol. C'est mignon,
sans plus. Pas de quoi verser sa petite larme ni de supporter les
effluves des autres spectateurs, je l'espère, aussi médusés que
j'ai pu l'être.
Je
disais donc plus haut qu'il m'était arrivé de ressentir une réelle
gêne devant certaines scènes. Michèle Laroque, Benjamin Morgaine
et Lionel Dutemple semblent avoir eu si peu d'imagination (trois
scénaristes et une majorité de scènes empruntées ailleurs, faut
le faire !!!) que l'on assiste parfois à un étalage de scènes
copiées, collées. Combien de fois avons-nous par exemple
effectivement déjà vu ce classique concernant le personnage
principal à mettre honteusement les pieds dans un sex-shop planqué
sous un imperméable et sous une épaisse paire de lunettes ? Ce
passage n'est que l'une des très nombreuses scènes piochant dans
l'immense banque cinématographique. Brillantissime
transpire
la naïveté à plein nez, mais lorsque l'on paye sa place pour voir
un film qui mériterait déjà à peine que l'on s'y abandonne devant
son propre écran de télévision, on a plus vraiment envie de
sourire de tendresse pour cette première et pauvre tentative ratée.
On s'apitoie. Ô, non pas pour
l'humoriste-actrice-réalisatrice-scénariste. Non pas pour ses
interprètes ou pour son équipe technique. Mais plutôt pour
soi-même, et pour tous ceux qui tomberont dans le piège. Peut-être
l'un des plus mauvais films qu'il m'ait été donné d'aller voir au
cinéma. Pas aussi désastreux que le néant absolu que fut
Paranormal Activity,
mais quand même sacrément décevant...
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