Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

Labels


Affichage des articles dont le libellé est Kad Merad. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Kad Merad. Afficher tous les articles

mercredi 27 août 2025

100 Millions ! de Nath Dumont (2025) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Pour son premier long-métrage à voir le jour sur grand écran, on ne peut pas dire que le réalisateur Nath Dumont ait choisi la facilité. Ou plutôt, si. Enfin, non. Ou alors peut-être. Quoique cela dépend de l'angle sous lequel l'on aborde le film. D'un point de vue strictement scénaristique, 100 millions ! n'est pas allé chercher bien loin son inspiration. Car des comédies qui mettent en scène des personnages face à des situations sociales critiques, il suffit de piocher au hasard et à l'aveugle dans l'immense vivier que regroupe le genre pour trouver de quoi satisfaire sa curiosité. Les mettre ensuite face à une solution radicale matérialisée à travers des gains très importants (héritages, loto, etc...) est là encore une méthode couramment utilisée dans ce genre de productions. Bref, on sait déjà à peu près sur quoi l'on va tomber. Mais encore, bien écrit et parfaitement interprété, la pilule aurait pu passer. Sauf qu'ici, le réalisateur en remet une couche en offrant les deux principaux rôles à un ''couple'' qui, réuni au cinéma, n'a jamais vraiment fait d'étincelles. Il suffit de jeter un œil à la carrière de Michèle Laroque pour s'en convaincre. Quant à Kad Merad, accepter d'interpréter en 2018 le rôle du Docteur Steinman dans l'infâme premier long-métrage en tant que réalisatrice de celle qui persévérera dans la médiocrité en 2021 avec Chacun chez soi et 2022 avec Alors on danse, le pauvre est devenu l'une des risées du cinéma français. Qu'attendre alors du long-métrage de Nath Dumont ? À priori, pas grand chose. Surtout lorsque dans sa première partie, la comédie accumule tous les poncifs du genre dans ce qu'il peut avoir de plus navrant. Un copier/coller confinant au plagiat emprunté au pire de ce que peut proposer la production française en matière de comédie ! Ouvrier syndicaliste dans une imprimerie à la dérive, Patrick (Kad Merad) vit avec son épouse Suzanne (Michèle Laroque). L'entreprise risque de fermer ses portes tandis que le couple n'arrive plus à payer les traites de leur maison. Leur banquier (Sören Prévost dans le rôle de Monsieur Troadec) les relance en permanence et ils s'attendent à voir débarquer chez eux les huissiers. Mais si l'on vient frapper à leur porte, ça n'est pas pour leur annoncer de mauvaises nouvelles mais pour leur apprendre que Patrick a hérité de la faramineuse somme de cent millions d'euros correspondant à un héritage. Bref, voilà le couple désormais à l'abri du besoin. Patrick décide malgré tout de continuer à travailler et à épauler ses collègues tandis que Suzanne compte bien profiter de tout cet argent pour améliorer son existence...


Si dans les grandes largeurs le long-métrage s'inspire effectivement de nombreuses comédies similaires, dans le détail, cela est parfois encore plus flagrant. Le scénario lorgnant même du côté de l'emprunt le plus éhonté. Un exemple ? Lorsque Patrick offre à son ami et collègue Saïd (Fatsah Bouyahmed) une superbe voiture, il est quasiment impossible de ne pas y voir un authentique plagiat de la séquence de Ah ! si j'étais riche de Michel Munz et Gérard Bitton dans laquelle Jean-Pierre Darroussin/Aldo Bonnard offrait à son ami en collègue François Morel/Jean-Phi la voiture de ses rêves. Sauf qu'ici, la mise en scène de la séquence est totalement ratée. Pas la moindre trace d'émotion. Mais comment s'attendre à autre chose lorsque l'on offre à Kad Merad ou à Fatsah Bouyahmed l'opportunité de jouer sur la fibre émotionnelle quand l'un et l'autre en sont incapables ? Charriant continuellement son lot d'emprunts, de caractérisations et de sujets déjà évoqués des dizaines voire des centaines de fois au cinéma, l'on a droit à cette nouvelle mode consistant à introduire un personnage dont la vocation est de venir en aide aux migrants (Jade-Rose Parker dans le rôle d'Amandine, la fille de Patrick et Suzanne). Venant de la télévision, Nath Dumont intègre au casting l'acteur espagnol Agustín Galiana que les téléphages connaissent notamment pour son rôle de Lisandro Iñesta entre 2020 et 2023 dans la série Ici tout commence. Il incarne ici le rôle du galeriste Juan. Un homme séduisant qui va tenter de séduire Suzanne alors que le couple est en plein conflit. Notons également la présence de Martin Karmann dans le rôle de Lucas, le fils de Patrick et Suzanne, patron d'une entreprise florissante qui va avoir maille à partir avec le très zen et écologiste PDG d'une entreprise, Jérôme Gauthier qu'interprète Lionel Abelanski. Si tout est évidemment écrit d'avance et que rien ne vient pratiquement étonner le spectateur durant le déroulement du récit, on se surprend finalement à assister au spectacle avec un certain plaisir. Comparé à la majorité des immenses purges qui se prétendent être des comédies à sortir chaque année, Nath Dumont parvient à sauver les meubles en multipliant les séquences plus ou moins cocasses. Quelques petites idées originales malheureusement noyées dans un conglomérat de redites qui finissent pourtant par épuiser le spectateur...

 

vendredi 20 juin 2025

Le dernier souffle de Costa-Gavras (2025) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Alors que deux propositions de loi sur la fin de vie et sur les soins palliatifs ont été examinées par l'Assemblée nationale en séance publique du 12 au 27 mai, le 12 février dernier est sorti en salle le long-métrage de Costa-Gavras, Le dernier souffle. Un cinéaste engagé qui à l'âge de quatre-vingt douze ans trouve encore la force d'aborder un sujet délicat, dans un contexte mortifère mais aussi et surtout humaniste. Ne nous trompons pas. La présence à l'image de l'acteur et humoriste Kad Merad ne doit pas nous faire oublier que le film s'éloigne drastiquement du caractère habituel des œuvres que l'ancien complice d'Olivier Baroux incarne. Ici, l'occasion de rire et de sourire se fait rare bien qu'un certain sens de l'humour permette parfois de désamorcer le climat de fatalisme qui touche à peu près tous ceux que les spectateurs auront l'occasion de croiser à l'écran. Kad Merad incarne le rôle du chef d'un service de soins palliatifs. Très proche de ses patients, le docteur Augustin Masset fait la connaissance de l'écrivain et philosophe Fabrice Toussaint qui après avoir subit une IRM croise la route de cet homme qui voue son existence à accompagner des patients en fin de vie. Le dernier souffle tourne donc principalement autour de ces deux personnages. Œuvre dans laquelle le sort des patients entre en résonance avec les inquiétudes de l'écrivain qui lui-même porte en lui les ''germe endormis'' d'une maladie qui pourrait hypothétiquement se ''réveiller'' et, dans le pire, le voir finir ses jours lui-même dans un service de soins palliatifs. Très loin encore de ce supposé postulat, le film est surtout construit autour de différents témoignages de patients livrés à travers la parole du spécialiste. Costa-Gavras prend le périlleux pari d'offrir à Kad Merad la difficile mission d'incarner un personnage formidablement proche de ses patients. Acteur généralement peu en accord avec ce que l'on peut attendre de lui lorsqu'il s'agit de transmettre de l'émotion à l'écran, il trouve cependant ici l'un de ses meilleurs rôles. Posé, sobre et impliqué, Kad Merad a surtout face à lui un Denis Podalydès toujours aussi exemplaire.


Le duo fonctionne à merveille et égaye d'une certaine façon un sujet qui a priori ne prête absolument pas à sourire. Adapté par le réalisateur lui-même, le script repose à l'origine sur l'ouvrage éponyme qu'ont écrit en commun l'écrivain, philosophe et haut fonctionnaire Régis Debray et le docteur Claude Grange, praticien hospitalier spécialisé en douleurs chroniques et soins palliatifs. Plutôt que de suivre en temps réel le quotidien du service du Docteur Augustin Masset, Costa-Gavras les met en scène lui et Fabrice Toussaint dans une succession ''d'anecdotes'', de témoignages relatant certains des cas les plus difficiles et touchants qu'ait eu à traiter le spécialiste. L'occasion de suivre comme si nous y étions, le quotidien de ces hommes et de ces femmes qui vouent leur existence à celles et ceux qui bientôt vont partir. Constitué de séquences qui peuvent être envisagées sous la forme d'histoires indépendantes les unes des autres tout en étant proches par la thématique qui les lie, Le dernier souffle s'avère parfois très pesant en ce sens où la Mort rôde véritablement autour de certains plans. Difficile en effet d'oublier la séquence entre Augustin Masset et Sidonie qu'incarne la formidable Charlotte Rampling. Cette manière subtile qu'a le cinéaste de la faire disparaître de l'image. Ou plus tard, ce point d'orgue lors duquel Costa-Gavras filme en plongée l'un de ses patients quelques heures avant sa mort, entouré des siens, modifiant sensiblement l'intensité lumineuse et rendant ainsi la séquence on ne peut plus bouleversante... Bref, l'on n'indiquera sans doute pas Le dernier souffle aux personnes en période de ''sinistrose'' au vu de son sujet et pourtant, le film vaut bien quelques sacrifices. Comme celui de mettre de côté sa peur de la mort ou de partir dans l'indignité physique ou morale... Notons la présence à l'écran de l'actrice Marilyne Canto qui incarne Florence, l'épouse de l'écrivain et philosophe. Si elle débuta sa carrière au cinéma en 1978 avec L'hôtel de la plage de Michel Lang, les plus anciens téléphages se souviennent sans doute d'elle pour sa présence dans la série Joëlle Mazart (la suite de Pause-café), série où l'héroïne était incarnée par Véronique Jannot et dans laquelle Marilyne Canto incarnait le rôle d'une véritable peste prénommée Béatrice...


 

lundi 10 mars 2025

Lune de miel avec ma mère de Nicolas Cuche (2025) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Maintenant que la pilule Jamais sans mon psy a fait son effet, me voici paré pour affronter l'un de mes pires cauchemars : Michèle Laroque ! Surtout que pour ouvrir les hostilités, nous la découvrons au bras de Kad Merad. Réveillant ainsi de douloureuses blessures. Celles provoquées par une certaine comédie qui contrairement à son titre, Brillantissime, ne l'était absolument pas. Les débuts de réalisatrice d'une actrice qui jusque là ne m'avait jamais donné ni le moindre mal de tête, ni la plus petite nausée mais qui depuis m'est devenue quasi insupportable à force d'accumuler au cinéma des personnages plus ringards les uns que les autres ! D'emblée, Lune de miel avec ma mère démarre par une cérémonie de mariage à l'église qui prend l'eau. Comme si l'attitude du psychiatre de Jamais sans mon psy avait eu raison de l'amour de sa fille Alice et de celui qui aurait dû devenir son beau-fils. Mais ne nous trompons pas. Il ne s'agit ici, ni d'évoquer la suite du long-métrage d'Arnaud Lemort ni de détailler une séquence post-générique qui aurait été offerte aux spectateurs qui seraient restés devant leur film jusqu'à la toute dernière seconde. Acteur d'origine belge, Julien Frison incarne l'un des deux principaux rôles de la dernière comédie de Nicolas Cuche auquel on doit notamment Prêt à tout en 2013 ou Pourris gâtés en 2020. Cinq ans après avoir mis en scène son dernier long-métrage à destination des salles obscures, Lune de miel avec ma mère est désormais directement visible sur la plate-forme de streaming Netflix. Mis à la disposition de ses abonnés le 12 janvier 2025, le film met donc en scène Michèle Laroque dans le rôle de Lily, la mère de Lucas, ce jeune homme qui devant tous ses invités vient de voir sa fiancée quitter l'église où le jeune couple avait prévu de se marier pour aller rejoindre son ancien petit ami. Désemparé, Lucas n'en a pas moins l'intention de partir profiter de l'île paradisiaque où il avait prévu d'emmener la jeune femme à laquelle il avait prévu de mettre la bague au doigt. Le jeune homme propose alors à sa mère l'idée insensée de venir l'accompagner jusqu'à l'île en question en se faisant passer pour un couple fraîchement marié ! Idée absurde qui leur permettra malgré tout de profiter du confort de la chambre la plus luxueuse d'un complexe hôtelier géré par une certaine Gloria (l'actrice Rossy de Palma) et par son assistant. Kad Merad, qui incarne de son côté Michel, l'époux de Lily, restera quant à lui à la maison.


Ce qui d'une certaine manière est plutôt une bonne chose. Lune de miel avec ma mère se concentre essentiellement sur les personnages interprétés par Michèle Laroque et Julien Frison. Et bien que l'étrange manège que vont jouer la mère et son fils puisse dégager des relents d'inceste (Lily n'hésitant pas à embrasser Lucas sur les lèvres à leur arrivée sur l'île), la comédie de Nicolas Cuche n'est absolument ni irrévérencieuse, ni le moins du monde dérangeante. L'idée de réunir une femme et son fils lors de la lune de miel de ce dernier peut sembler tout à fait singulière mais il faut savoir qu'à l'origine du scénario de Nicolas Cuche, Laure Hennequart et Laurent Turner se trouve la comédie espagnole Amor de Madre de Paco Caballero, elle-même directement sortie sur Netflix en 2022 et qui chez nous a été diffusée sous le titre Sous les palmiers, ma mère. Mais alors que nous aurions pu nous attendre au pire, sous ses allures de comédie française bien dans l'air du temps en ce sens où les amateurs n'ont généralement pas grand chose à se mettre sous la dent en terme d'originalité, la présence de Michèle Laroque est, ENFIN, beaucoup moins pesante ici qu'au sein des comédies qu'elle interprète ou réalise depuis maintenant pas mal d'années. De son propre aveu, l'actrice s'y éclate et ça se voit. Et même si le spectateur ne prend pas autant de plaisir à regarder les péripéties de ce faux couple de mariés que Lily profite de la situation pour s'amuser, on a évité le pire. D'autant plus qu'au delà de quelques gags pas vraiment drôles, Nicolas Cuche s'intéresse davantage à la relation entre la mère et le fils. Avec son léger strabisme, son air parfois ahuri et son caractère renfrogné, Julien Frison fait le taf ! Le jeune homme finira par se détendre entre les bras de la jolie Margot Bancihon qui incarne Maya, l'une des employées de l'hôtel tandis que Lily ira se réfugier auprès du méconnaissable Gilbert Melki qui de son côté interprète Peter, un véritable aventurier qui vit sur son voilier. Bref, on passe avec Lune de miel avec ma mère un moment plutôt agréable. Et même si la remarque se révèle redondante, on ne peut s'empêcher d'évoquer le fait que le film de Nicolas Cuche ira rejoindre les légions de comédies vite vues, vite oubliées...

 

jeudi 19 septembre 2024

Le larbin de Alexandre Charlot et Franck Magnier (2024) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Au risque d'en prendre plein la gueule, je ne me vois pas faire semblant et dire que Le larbin fut l'une des pires expériences cinématographiques de l'année. Car si tout y a commencé de manière terriblement laborieuse, je dois reconnaître avec toute la sincérité qui me caractérise que j'ai beaucoup aimé. Certains comparent la comédie de l'indécrottable duo de cinéastes Alexandre Charlot et Franck Magnier à The Truman Show de Peter Weir qu'il ne me semble pas avoir encore découvert. Tandis que beaucoup plus modestement, j'avoue que d'emblée, Le larbin semble devoir dégager ce même parfum de fumier qu'exhalaient certaines séquences de la comédie culte de Jean-Marie Poiré situées au temps de Louis VI Le Gros, Les visiteurs. Pourtant, ici, aucun phénomène lié à la sorcellerie permettant un voyage de plusieurs centaines d'années vers un futur, qui en l'occurrence se présentait pour le spectateur du début des années quatre-vingt, comme son propre présent. Laborieuse, donc, cette entrée en matière, avec ce jeune ''CON'' (trouvez meilleure définition de ce fils de... insupportable et je vous promets de changer la terminaison) et fils d'un chef d'entreprise dépassé par les outrances de sa progéniture, laquelle risque de faire perdre à son père sa place de PDG dans la boite qu'il dirige... Profitant des largesses financières de celui-ci, Louis Casteigne (Audran Cattin) passe son temps à faire l'idiot, entouré d'une bande d’énergumènes qui profitent de sa générosité pour foutre le souk partout où ils passent. Mais un jour, Jean-François Casteigne (Kad Merad) décide que cela doit immédiatement s'arrêter. Avec l'aide de son ami Chris Palmer (Clovis Cornillac) dont il finance généreusement les projets de films, l'homme d'affaire décide un soir où Louis est ivre de faire croire à son fils qu'il a atterrit à son réveil, en 1702. Là, il découvre qu'il n'est plus le gosse de riche qui peut se permettre tous les excès mais rien de plus que le valet de pisse du Vicomte de Panserepus (l'acteur Stéphan Wojtowicz)....


En réalité, financé par le père du garçon, Chris Palmer a reconstitué le début du dix-huitième siècle, aidé par des costumières, des décorateurs ainsi que des acteurs et des figurants afin de plonger littéralement Louis trois-cent ans avant son époque. Le choc est rude pour le jeune homme qui perd ainsi tous ses repères et tout le confort qu'il a acquis pour se retrouver désormais parmi les indigents. Il va devoir très rapidement s'adapter tandis qu'en coulisse Chris Palmer dirige sa troupe d'acteurs et de techniciens. Jusque là, l'idée est bonne. Sans Plus. On sait malheureusement déjà que les rires seront rares. N'oublions pas que les deux réalisateurs furent notamment les auteurs de l'affligeant Boule & Bill onze ans auparavant et de l'estimable Les têtes de l'emploi en 2016. Première déception : le jeune héros s'accommode relativement vite de sa situation. Le larbin ne prend donc pas le même parti que Les visiteurs qui jouait souvent sur le contraste entre Godefroy de Montmirail et son serviteur Jacquouille la Fripouille face à un monde moderne, technologique, hostile et malodorant. Étrangement, le film parvient à se sortir des contingences habituelles du cinéma humoristiques français de ces dernières années dès l'arrivée de la toujours aussi craquante Isabelle Carré. Un hasard qui ne s'explique pas forcément puisque en dehors d'Audran Cattin qui campe donc le rôle du ''Larbin'', la véritable vedette du film demeure Clovis Cornillac. Lâché ici comme un fauve, il agit tel un cinéaste narcissique dont l'ordre de grandeur ne passe que par trois noms : Orson Welles, Stanley Kubrick, et le sien... Petit à petit, Le larbin s'étoffe. Même s'il aura tout de même fallut patienter près de trois quart-d'heure (le film approche tout de même les cent-dix minutes). Beaucoup d'acteurs et de figurants pour finalement assez peu d'élus. Le spectateur a droit à l'idylle entre Louis et la charmante écuyère Lison (Jade Pedri), des séquences entrecoupées par les interventions survitaminées de Clovis Cornillac et soporifiques d'un Kad Merad en revanche très en retrait. Remake du film russe de Klim Shipenko, Kholop, sorti il il a cinq ans, Le larbin reste une sympathique comédie, classique dans le fond mais originale dans la forme...

 

dimanche 25 août 2024

Ce soir, je dors chez toi d'Olivier Baroux (2007) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Olivier Baroux, plus connu des téléspectateurs sous son simple prénom à l'époque où à la télévision il formait en compagnie de son ami Kad Merad le duo Kad et Olivier, cet humoriste et acteur s'est lancé pour la toute première fois dans la réalisation de longs-métrages en 2007 avec Ce soir, je dors chez toi. Son acolyte attendra quelques années de plus avant de réaliser lui-même un premier film avec Monsieur papa en 2011. Fidèle à son compagnon auquel il offrira ponctuellement des rôles dans certains des treize longs-métrages qu'il réalisera entre 2007 et 2022, Olivier Baroux lui confie dans Ce soir, je dors chez toi le rôle de l'éditeur littéraire et ami du héros, Jacques. À l'occasion de sa présence au sein d'un casting relativement sympathique, l'humoriste et acteur fait ce qu'il, à l'époque, savait faire de mieux : donner dans le pastiche avec ce personnage un peu ringard, affublé d'un duffle-coat mauve et d'une perruque blonde proche de celles dont il était le porteur à l'époque de l'émission La grosse émission sur la chaîne Comédie ! créée en 1997 par l'ancien Nuls, Dominique Farrugia. Un véritable vivier de talents que ce programme qui en outre fut une très intéressante plate-forme pour la troupe des Robins des Bois parmi lesquels Pierre-François Martin-Laval, Marina Foïs et Jean-Paul Rouve sont ceux qui par la suite paraissent avoir le mieux géré leur carrière. Concernant ce dernier, on a pu notamment le voir dans les quatre volets de la franchise Les Tuche également réalisés par Olvier Baroux, mais aussi dans quelques drames et thrillers, tels Bunker Paradise de Stefan Liberski en 2005 ou Le Consentement de Vanessa Filho l'année dernière, ou le voir s'afficher lui-même derrière la caméra à quatre reprises entre 2008 et 2018. Ici, il incarne l'écrivain Alex dont le premier roman vient de connaître un succès d'estime. Alors qu'il est sous contrat avec une maison d'édition et que Jacques lui met la pression afin qu'il écrive et qu'il lui confie le plus rapidement possible son prochain manuscrit, Alex rencontre Lætitia Cosso. Ils tombent sous le charme l'un de l'autre et au bout d'un an, la jeune femme propose à l'homme qu'elle aime de venir s'installer chez lui...


Mais après une nuit agitée durant laquelle Alex va faire de nombreux cauchemars, celui-ci s'inquiète de la nouvelle situation qui se profile. Et pour décourager Lætitia de venir effectivement vivre avec lui, il demande à Jacques de venir s'installer chez lui et de se faire passer pour dépressif... Les bases du récit sont ainsi définies. Comédie romantique légère et inoffensive, Ce soir, je dors chez toi est plaisant à regarder. Lætitia est incarnée à l'écran par l'actrice Mélanie Doutey. La jeune interprète alors proche de la trentaine à l'époque du tournage débutait sa carrière huit ans auparavant dans Les Gens qui s’aiment de Jean-Charles Tacchella dans lequel elle interprétait un tout petit rôle ! Dans Ce soir, je dors chez toi elle incarne l'un des deux principaux personnages, en jeune femme séduisante et touchante face à un Jean-Paul Rouve dont le rôle n'assume absolument pas certains des choix de couple. Réfractaire à l'idée de partager sa vie avec Lætitia tout en l'aimant sincèrement, l'un et l'autre des interprètes captivent par leur authenticité. Le spectateur notera la présence à l'écran des véritables parents de Mélanie Doutey. Fille de Arièle Semenoff et d'Alain Doutey (éternel Camille de la série de l'été de Jean Sagols en 1988 et 1989, Orages d'été), ils incarnent à l'écran la mère et le père de la jeune femme. Si Ce soir, je dors chez toi est une très sympathique comédie, on ne rit pas forcément aux éclats. Pourtant, les différentes interventions de Kad Merad dans le rôle du meilleur ami faussement dépressif demeurent pour les amateurs de l'ancien humoriste, un véritable régal. Quelques séquences plus profondes viennent émailler un récit pourtant relativement convenu. Adapté de la bande-dessinée Monsieur Jean des dessinateurs et scénaristes français Philippe Dupuy et Charles Berberian, le film d'Olivier Baroux se regarde donc sans déplaisir. Pas inoubliable mais très largement au dessus de ce qu'engendre le cinéma comique français depuis ces vingt dernières années...

 

mercredi 13 mars 2024

Dany Boon - Bienvenue chez les Ch'tis de Dany Boon (2008) - ★★★★★★★☆☆☆




Quoi de mieux pour débuter un cycle consacré à Dany Boon que de démarrer par son plus grand succès ? Durant plus de quarante années, La grande vadrouille de Gérard Oury avec plus de dix-sept millions d'entrées est demeuré numéro un au box-office français avant d'être détrôné en 2008 par Bienvenue chez les Ch'tis, second long-métrage du réalisateur, scénariste, producteur et humoriste Dany Boon qui encore aujourd'hui détient le records d'entrées sur notre territoire avec plus de vingt millions de tickets vendus. Plus que les réelles qualités de cette comédie familiale, les raisons de son succès reposent sans doute sur la popularité du long-métrage auprès du public originaire du Nord qui s'est fort logiquement pressé à l'entrée des salles de cinéma dans la région Nord de notre pays. En effet, le second film réalisé et interprété par Dany Boon deux ans après La maison du bonheur rend hommage aux habitants du bassin minier et de l'ancien Pas-de-Calais connus sous le nom de Ch'tis. Une œuvre que l'on classifiera pour commencer en parallèle à la carrière d'humoriste de son auteur, lequel rendra tout d'abord hommage aux gens du Nord avec son spectacle Dany Boon : A s'baraque et en ch'ti en 2003. L'aventure commence en 2006 lorsqu'il imagine une œuvre se déroulant dans le pays qui l'a vu grandir. Originaire d'Armentières dans ce que l'on a désormais communément l'habitude de nommer Les Hauts-de-France, il passe un an sur le script de sa future comédie avant de s'adjoindre les services des scénaristes Franck Magnier et Alexandre Charlot. À l'origine, Kad Merad n'était pas le premier acteur pressenti pour interpréter le rôle de Philippe Abrams mais José Garcia. Aux côtés de l'ancien complice d'Olivier Baroux du duo Kad et O, l'acteur franco-algérien compose avec une petite troupe d'interprètes fort sympathiques dont Line Renaud qui pour la seconde fois après La maison du bonheur travaillait aux côtés de Dany Boon. Zoé Félix, Anne Marivin, Philippe Duquesne et surtout le très fidèle Guy Lecluse (que l'on retrouvera notamment dans Rien à déclarer, Supercondriaque et La Ch'tite famille eux aussi réalisés par l'humoriste en 2011, 2014 et 2018) rejoignent le projet qui débute un an plus tard, en 2007. Comme l'évoque le personnage de Philippe Abrams, quelques séquences furent tournées à Salon-de-Provence où travaille tout d'abord l'un des deux principaux protagonistes du récit avant que l'équipe toute entière ne se déplace jusqu'à Bergues dans Les Hauts-de-France.


Le récit de Bienvenue chez les Ch'tis nous conte l'histoire du directeur d'une agence de La poste située à Salon-de-Provence désirant se rapprocher de la Méditerranée. Sous la pression de son épouse Julie (Zoé Félix), il tente un coup de bluff lors d'un entretien en se faisant passer pour un homme en fauteuil roulant afin de convaincre M. Lebic (Jérôme Commandeur), un inspecteur du travail, de lui accorder le poste qu'il convoite. Malheureusement pour lui, le pot-aux-roses est découvert et le voilà désormais contraint d'accepter une mutation dans le Nord pour les deux prochaines années. Refusant de l'accompagner dans ses nouvelles fonctions, Julie et leur fils Raphaël (Lorenzo Ausilia-Foret) restent donc dans le Sud. Convaincu que son départ pour le Nord sera une véritable épreuve (l'échange entre Kard Mérad et le grand-oncle de son épouse excellemment interprété par Michel Galabru semble d'ailleurs lui donner raison), Philippe Abrams va découvrir que les habituels clichés liés à cette région supposée ici inhospitalière ne rentrent pas vraiment dans le cadre des rencontres qu'il y fera... Avec tout l'humour qui le caractérise, celui consistant à s'auto-parodier, Dany Boon, dans le rôle du facteur et du carillonneur Antoine Bailleul mais surtout dans celui de réalisateur et scénariste s'amuse des stéréotypes qu'il mettra en scène lors de la première partie. Une fois évacuées les banalités, le film montre la petite ville de Bergues sous un jour très positif. Véritable laboratoire d'une population très accueillante mais aux coutumes gastronomiques parfois étonnantes comme celle de plonger dans le café une tranche de pain tartinée de Maroilles, les clichés s'envolent à tel point que notre héros tout d'abord réfractaire s'y sentira très rapidement chez lui. Drôle, parfois caricatural mais jamais vulgaire, Dany Boon prend un malin plaisir à se moquer non pas des autochtones mais de ceux qui en ont une image faussée. Ajoutée au portrait de cette ville du Nord et de ses sympathiques habitants, il se crée une relation avec la charmante guichetière et comptable Annabelle Deconninck qu'incarne la délicieuse Anne Marivin. Quant à Guy Lecluse et Philippe Dusquesne, ils arborent tous les deux les oripeaux des rares postiers de Bergues. À le redécouvrir aujourd'hui et bien des années après l'engouement de la presse et du public, seize ans après sa sortie sur les écrans internationaux, Bienvenue chez les Ch'tis a plutôt bien vieilli...

mercredi 25 janvier 2023

Citoyen d'honneur de Mohamed Hamidi (2022) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Avec une régularité presque parfaite, le réalisateur franco-algérien Mohamed Hamidi revient cette année avec son nouveau long-métrage Citoyen d'honneur. Lui qui aime généralement confronter les cultures (La Vache), les milieux sociaux (Jusqu'ici tout va bien) ou bousculer certaines règles (composer une équipe de football féminine dans Une belle équipe) sur le ton de l'humour a cette fois-ci décidé de concentrer toutes ses ''obsessions'' en un seul film puisque Citoyen d'honneur met en scène l'acteur Kad Merad dans le rôle de l'écrivain Samir Amin de retour dans sa ville natale, Sidi Mimoun, après avoir reçu le prix Nobel de littérature. Vivant depuis trente ans à Paris, il est l'objet de nombreuses convoitises mais refuse presque systématiquement toute proposition d'interviews ou d'hommages. ''Presque toutes'' car l'une d'elles le séduit immédiatement, lui offrant l'occasion de partir pour l'Algérie, là où il vécut les vingt premières années de sa vie pour y être fait citoyen d'honneur... ''Du rire et de l'émotion''... Aïe ! Il y a de quoi se faire du mouron car si Kad Merad est un personnage sympathique et si dans le registre du rire, fut un temps, le bonhomme était plutôt drôle (surtout lors de son duo avec Olivier Baroux), dans celui de l'émotion, c'est déjà une autre paire de manches. Pas vraiment convaincant... ! Heureusement, c'est ici avec parcimonie que l'acteur exprime son ressenti. Plus fermé que réellement expressif, on le remerciera vivement de ne pas s'être singé comme il le fait généralement en cas de nécessité... Non, ici Kad Merad se montre humble. Sans doute son personnage le veut-il ainsi. Comme le désirent sans doute le réalisateur et son scénario...


Il n'est bien évidemment pas question ici de renier une quelconque appartenance à une terre d'accueil mais plutôt de rendre hommage au pays qui a vu naître le héros de l'histoire. Mais si sur le papier, réconcilier le prix Nobel de littérature avec ses racines est une vertu relativement remarquable, à l'écran, les prétentions semblent avoir été malheureusement revues à la baisse. En soit, Citoyen d'honneur n'est pas un mauvais film. Sans jamais hésiter entre humour et émotion puisque le premier s'offre une large place tandis que la seconde s'installe timidement au détour de quelques rares séquences, sa courte durée (1h36) empêche parfois Mohamed Hamidi d'aller au fond des choses. Certes, le réalisateur exploite la gentillesse de ses villageois, la corruption du pays, la menace islamique ou le retour au pays d'un émigré qui a réussi, mais parmi ces quelques thématiques, certaines manquent d'être approfondies. Aux côtés de Kad Merad, l'acteur franco-algérien Fatsah Bouyahmed minaude dans le rôle de l'employé de mairie Miloud face à cet illustre écrivain dont toute l'Algérie semble apparemment si fière. Le responsable de la culture Hamid Mezouar (Zinedine Soualem) pousse sa gueulante et disparaît quasiment de l'image, le maire (l'acteur Brahim Bihi) déroule le tapis rouge à Samir pour ensuite se dégonfler devant une partie de ses concitoyens, quant à Jamel Debbouze, il offre une visite bourrée d'anecdotes du cimetière de Sidi Mimoun. Restent Mehdi (Brahim Bouhlel), personnage attachant aux aspirations d'écrivain et surtout Selma (Oulaya Amamra), jeune rappeuse et militante contre le pouvoir en place. Tourné au Maroc et non pas en Algérie pour des questions de précautions, Citoyen d'honneur a beau faire une démonstration de certaines revendications, tout semble au final plutôt timide...

 

vendredi 12 août 2022

L'année du requin de Ludovic et Zoran Boukherma (2022) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Je ne roule pas sur l'or (petit postier sans la moindre envergure) ni ne suis masochiste. Mais alors, qu'est-ce qui peut bien me pousser à franchir parfois la porte d'une salle obscure quand je sais que le film qui y sera projeté aura probablement plus de chances d'être un navet qu'un chef-d’œuvre ? Plaisir malsain de jeter l'argent par les fenêtres ou simple envie de pointer le majeur devant ceux qui dénigrent avant d'avoir vu ? Non mais sans déconner ! Jean-Pascal Zadi était demeuré jusque là un inconnu. Du moins, en ce qui me concerne. Et pourtant, ce curieux sosie d'un Eddie Murphy qui se serait fait arnaquer par un prothésiste dentaire du dimanche tourne ses propres longs-métrages depuis dix-sept ans. Né à Bondy, et donc pas très loin de la ville qui m'a vu naître, le bonhomme multiplie les casquettes de réalisateur, producteur, rappeur et donc, acteur. En 2020, il réalise le surestimé Tout simplement noir dont le titre et l'affiche donnent une image assez précise de son contenu. En 2022, il trône au beau milieu de celle du nouveau long-métrage des jumeaux Ludovic et Zoran Boukherma. Auteurs en 2020 de la très sympathique comédie horrifique Teddy, les deux frangins reviennent donc cette année avec L'année du requin dans lequel apparaissent également, et SURTOUT, Marina Foïs et Kad Merad qui, fruit du hasard ou non, se croisèrent notamment à la fin du siècle dernier sur la ''regrettée'' chaîne Comédie. Si Teddy mettait au centre de l'intrigue un adolescent atteint de lycanthropie, les frères Boukherma semblent cette fois-ci être attirés par un autre mythe du cinéma fantastique et d'épouvante puisque comme paraissent l'indiquer le titre et le synopsis, un requin géant menace les vacanciers de La Pointe, un village du sud de l'hexagone. Si le film prend encore une fois la forme d'une comédie horrifique, les deux réalisateurs témoignèrent cependant de leur volonté de respecter certains codes propres aux genres horreur et épouvante avec, sans doute, en ligne de mire, la volonté de rendre hommage aux Dents de la mer d'un certain... Steven Spielberg...


Marina Foïs passe ici de la comédie et du drame au cinéma d'horreur et d'épouvante humoristique et ce, pour la seconde fois puisque l'année dernière on a pu la voir dans le très saignant et drôlatique Barbaque de et avec Fabrice Eboué ! Kad Merad, lui, accumule les interprétations (souvent trop) légères sur grand écran, dans une grande majorité de comédies qui ne le sont pas moins, souvent fidèle envers son ancien complice Olivier Barroux pour lequel il a jusqu'à maintenant accepté de tenir la vedette dans six de ses longs-métrages. Narré par Ludovic Torrent (au visage duquel on serait tenté de vouloir jeter un seau d'eau glacée tant son phrasé ''mou du genou'' épuise à la longue), le récit démarre par la mort d'un touriste qui au beau milieu de la mer est emporté sous les flots, laissant derrière lui une eau gorgée de sang. Avec ses références et son mélange des genres, forcément, L'année du requin intrigue. Mais déçoit également. On aimerait pourtant pouvoir se satisfaire de cette histoire toute bête d'un petit bled du sud de notre pays où s'entrechoquent meurtres sanglants perpétrés par un requin, une fliquette qui avant de prendre sa retraite veux mener son enquête jusqu'au bout, accents girondins et des seconds rôles plus ou moins intéressants. Le soleil de plomb ne semble pas avoir écrasé que les seuls personnages primaires et secondaires dont la diction a la lourdeur de celle du touriste qui s'exprime tout juste après avoir fait sa sieste. La mise en scène toute en apesanteur estivale imprime au récit un rythme de saison qui n'a pas davantage d'intérêt que la lente narration de Ludovic Torrent. On sent pourtant malgré tout pointer la volonté d'injecter un peu de cynisme à l'ensemble. Et sans doute de folie bizarre et décalée jusque dans l'accumulation de cadrages en plongée/contre-plongée dont l'efficience reste encore mal définie...


Au bout de trois quarts-d'heure environ, L'année du requin prend une tournure tout à fait inattendue. Voire surprenante. On passe de la comédie horrifique au drame. Une rupture de ton bienvenue où interviennent les réseaux sociaux, lesquels s'acharnent alors sur notre pauvre héroïne, incapable de prévoir et d'empêcher une nouvelle victime. La bande musicale d'Amaury Chabauty se fait plus pesante, plus douloureuse. Ludovic et Zoran Boukherma évoquent avec justesse l'implication des réseaux sociaux formant un tribunal populaire dans lequel tout le monde peut s'exprimer. Sans être glaçant, cet aspect renforce le côté dramatique d'un récit où à contrario, les deux jumeaux invoquent trop timidement cette vérole que l'on nomme Wokisme quand d'autres n'ont jamais peur de s'attaquer à cette bien-pensance qui semble désormais se généraliser sur notre territoire (Barbaque de Fabrice Eboué, donc, mais aussi le délicieusement trash Oranges sanguines de Jean-Christophe Meurisse). Le personnage qu'interprète Marina Foïs (celui de Maja, ais-je oublié de préciser) y quitte enfin sa forme amorphique et de cette chrysalide dont elle se libère naît une femme beaucoup plus fragile qu'il n'y paraissait jusque là. De la comédie vaguement horrifique dont les frères Boukherma avaient accouché, L'année du requin se mue quelque part en un drame jamais vraiment bouleversant mais parfois touchant. Le film repose presque exclusivement sur les épaules de Marina Foïs puisque la totalité des acteurs qui l'accompagnent, de Kad Merad et Jean-Pascal Zadi jusqu'aux seconds rôles, demeurent quasiment insignifiants. Quelques rares effets gore également, dont certains amuseront ceux qui dénicheront immédiatement la supercherie (le nez dans le sable). Ça n'est pas une surprise, mais Kad Merad a toujours autant de difficulté à jouer sur le thème du drame quant Marina Foïs y arrive quant à elle sans trop forcer. Bref, si L'année du requin demeure moins surprenant que le précédent long-métrage de Ludovic et Zoran Boukherma et s'il reste forcément moins impressionnant que celui de Steven Spielberg, vu le nombre de purges qui furent produites au hasard Outre-Atlantique sur le sujet les décennies suivantes, le cinéma français peut se vanter cette année de s'être doté de cette curiosité...

 

dimanche 12 juin 2022

Mais qui a re-tué Pamela Rose ? de Kad Merad et Olivier Baroux (2012) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

À l'origine, il faut remonter jusque dans les années quatre-vingt dix lors desquelles, le duo d'humoristes Kad Merad et Olivier Baroux animaient l'émission Rock'n'roll circus sur Oui FM ! Entre 1992 et 1997, il mettent effectivement en scène des sketchs et parmi ceux-ci, une série intitulée Mais qui a tué Paméla Rose ? dont le titre faisait très clairement référence à la série américaine créée par le réalisateur David Lynch, Twin Peaks. Une série humoristique radiophonique qui se transforme ensuite en une série télévisée elle aussi bourrée d'humour lorsque le duo intègre l'équipe de La Grosse émission diffusée sur Comédie !. Deux ans après leur passage sur la chaîne créée à l'origine en 1997 par l'ancien Nuls Dominique Farrugia, Kad Merad et Olivier Baroux se retrouvent au cinéma grâce à l'adaptation de leurs sketchs sur grand écran. C'est le réalisateur Eric Lartigau qui réalise la version cinématographique simplement intitulée Mais qui a tué Pamela Rose, lequel en profite ainsi pour débuter sa carrière au cinéma (on le verra d'ailleurs trois ans plus tard derrière la caméra de Un ticket dans l'espace dans lequel il retrouvera les deux humoristes ainsi que Guillame Canet, André Dussollier, Thierry Frémont ou les deux anciens Robins des Bois, Marina Foïs et Pierre-François Martin-Laval. Quant à Mais qui a tué Pamela Rose, il sera pour Olivier Baroux l'occasion de jouer pour la première fois au cinéma tandis que son comparse avait déjà figuré pour de petits rôles dans une poignée de longs-métrages (Le pharmacien de Garde de Jean Veber ou La beuze de François Desagnat et Thomas Sorriaux). Alors qu'il a déjà réalisé quatre films dont le premier volet de la saga Les Tuche ou l'excellent L'italien (dont il offrit le premier rôle à son binôme humoristique), Olivier Baroux réalise lui-même en 2015 une suite inattendue de l'adaptation de leur série de sketchs sous le titre (absurde mais bien dans le ton de l'humour du duo) Mais qui a re-tué Pamela Rose ?. Si cette fois-ci Eric Lartigau ne fait plus partie de l'aventure, Olivier Baroux ne sera pas seul à la mise en scène puisque Kad Merad qui jusque là n'avait réalisé qu'un seul long-métrage (Monsieur Papa en 2011) sera à ses côtés afin d'assurer une partie de la réalisation. ..


Réalisé presque dix ans après les premières aventures du duo d'agents du FBI Richard Bullit et Douglas Ripper qui en 2003 furent conviés à enquêter sur la mort d'une jeune femme survenue dans la petite localité de Bornsville, les deux hommes ne se sont plus revus depuis très longtemps. Trahit par Ripper qui lui a volé sa petite amie (Laurence Arné dans le rôle de la blonde botoxée, Linda), Bullit vit désormais dans un quartier tranquille, entouré de voisins charmants tandis que Ripper, bedonnant et déprimé depuis qu'à son tour il se soit fait volé le cœur de celle qu'il aime par son supérieur hiérarchique (Laurent Lafitte, égal à lui-même, dans le rôle de David Perkins) continue d'exercer son métier d'agent du FBI. Oui mais voilà, le corps de Pamela Rose ayant disparu après avoir été exhumé, les deux hommes vont se réunir à nouveau afin de se lancer dans une nouvelle enquête. Première constatation : il ne reste plus grand monde du casting d'origine. À dire vrai, si l'on ne tient pas compte du fait que Laurent Lafitte était au générique du premier dans le rôle d'un ambulancier et Lionel Abelanski dans celui d'un lieutenant seuls Kad Merad et Olivier Baroux reprennent du service. Exit donc Gérard Darmon, Jean-Paul Rouve, Bénédicte Loyen, François Cluzet, Alain Chabat qui faisait une très sympathique apparition dans le rôle d'un chanteur de country ou encore Marina Foïs en cliente de pharmacie et Virginie Ledoyen en femme de ménage espagnole. Dans cette séquelle, nous retrouvons donc Audrey Fleurot dans le rôle de la présidente des États-Unis of America, Laurent Lafitte, comme précisé plus haut, Guy Lecluyse dans celui de Steven Kowachek ou Omar Sy dans la peau du garde du corps William Mosby. Sans compter tous les petits rôles composés par François Morel, Alain Doutey, Patrick Bosso ou bien encore le chef-cuisinier Guy Savoy qui interprète son propre rôle...


Olivier Baroux et Kad Merad demeurent une fois de plus à l'écriture, toujours accompagnés par le scénariste Julien Rappeneau. Si le premier long-métrage réunissant les personnages de Bullit et Ripper avait été exclusivement tourné dans l'hexagone, une partie du second fut par contre réalisée sur le territoire américain et plus précisément à Washington où se situe la Maison Blanche. Les deux acteurs/réalisateurs expliqueront d'ailleurs la présence de faux raccords par la volonté de vouloir exploiter au maximum les prises de vue exécutées devant le célèbre monument. On retrouve bien entendu l'humour typique du duo même si en comparaison cette séquelle est un peu plus faible que le premier volet en terme de comique. Mais qui a re-tué Pamela Rose ? mêle une fois de plus comédie et policier et les gags naviguent entre absurde et grotesque. Que le film n'ait pas la portée des sketchs d'antan ne fait aucun doute mais il n'en bénéficie pas moins de quelques séquences plutôt amusantes comme l'interrogatoire mené par un Bullit en mode ''pervers'' auprès d'une jeune femme dans une église, le coup de la porte qui claque, le combat de catch ou la visite de l'avion présidentiel Air Force One. Malheureusement, le long-métrage a du mal à tenir sur la longueur et souffre de la présence de séquences inutiles dont l'humour tombe à plat. Mais pour une alternative française à l'esprit des ZAZ, Mais qui a re-tué Pamela Rose ? ne s'en sort pas trop mal. Et puis, c'est à cette époque là, toujours un plaisir que de voir se recomposer le fameux duo Kad et O. À noter que les aventures de deux des agents du FBI les plus maladroits ne se sont pas terminées avec la sortie de ce film puisque fin 2020, Kad Merad et Olivier Baroux ont créé un concept de film audio basé sur leur célèbre duo. La chose se nomme Bullit et Riper et a été diffusée pour la première fois sur Canal+ le 25 décembre de cette même année...

 

lundi 6 avril 2020

Une Belle Equipe de Mohamed Hamidi (2020) - ★★★★★★★☆☆☆



Après les hommes et la natation synchronisée (Le Grand Bain de Gilles Lellouche), les handicapés et le basket (Chacun Pour Tous de Vianney Lebasque), les homosexuels et le water-polo (Les Crevettes Pailletées de Cédric Le Gallo et Maxime Govare), voici qu'est mise en lumière une discipline qui, il n'y a pas si longtemps, était ''réservée'' aux hommes : le football féminin. Ce sont donc cette fois-ci les femmes qui sont mises à l'honneur avec Une Belle Équipe de Mohamed Hamidi, dont le sympathique Jusqu'ici tout va bien était sortit sur les écrans français début 2019. Du football et des femmes ? Pourquoi pas ! C'est ce que l'on appelle la parité et il n'y a aucune raison pour qu'elles se contentent de laver le short et le maillot de leur conjoint. Par contre, il va bien falloir qu'un jour on cesse d'essorer le sujet jusqu'à ce qu'il n'en demeure plus une goutte ! Parce qu'à force de reprendre toujours le même thème en ne lui accordant qu'une légère variante (pour faire avaler la pilule à un public qui ne se rend apparemment pas encore compte qu'on le prend pour un idiot), le cinéma français va finir par tourner en rond et se mordre la queue. Rien ne nous dit d'ailleurs que l'on ne verra pas très bientôt sur grand écran une équipe de volley-ball exclusivement constituée d'hommes de petite taille, du tir à l'arc pour non voyants, ou un championnat d'haltérophilie réservé aux transgenres. Essayez donc ensuite d'aller défendre la comédie française face à ceux qui la dénigrent quant on ne nous propose plus dans les salles obscures, qu'une succession de ''Copier/coller'' du dernier grand succès comique de l'année (Le Grand Bain en 2018, soit dit en passant).

Faut-il pour autant rejeter en bloc le concept de Une Belle Équipe ? Pas forcément, non. Que l'on soit pour ou contre l’équité, macho ou pas, que l'on aime le foot ou qu'il nous sorte par les yeux, tout ce que l'on est en droit d'attendre du long-métrage de Mohamed Hamidi, c'est qu'il nous fasse rire, ou du moins, nous divertir sans que jamais, nous n'ayons le sentiment de n'être face qu'à un ersatz de l'excellent Le Grand Les Crevettes Pailletées. Peut-être même qu'il conviendra à ces ''nerveux'' qui s'excitent devant leur télé dès que l'on évoque la diffusion du moindre match de football féminin, de découvrir que même leurs épouses pourraient un jour cracher des ''enfoiré !'', ''enculé !'' ou tout autre gracieuseté à un arbitre refusant l'obtention d'un but au profit de leur équipe préférée. D'un point de vue de la mise en scène, le réalisateur se repose sur des acquis instaurés par ceux qui se sont engouffrés dans la brèche les premiers. C'est donc du classique que Mohamed Hamidi nous propose en mettant à l'honneur comme tant d'autres de nos jours, une petite ville du nord pourtant sortie de l'imaginaire des scénaristes Alain-Michel Blanc, Camille Fontaine et Mohamed Hamidi. En effet fictive, le tournage a quand même eu lieu dans une commune française des ''Hauts de France'', à Douai, où ont notamment vu le jour le réalisateur Christian de Challonge et l'humoriste Hugues Duquesne.

''Il faut choisir son camp...''

C'est donc dans la petite commune imaginaire de Clourrières que le réalisateur installe toute son équipe, et notamment un casting riche des présences de Kad Merad, Alban Ivanov (très à la mode actuellement), David Salles, André Wilms ou Guillaume Gouix. Côté femmes, Céline Sallette, Sabrina Ouazani, Laure Calamy ou encore Myra Tyliann, Manika Auxire et Marion Mezadorian viennent le compléter fort logiquement puisque toutes unies, elle feront partie de l'équipe de football féminin de Clourrières et porteront short, maillot et chaussures à crampons. Si le sujet n'est pas neuf, on se surprend tout de même à rire parfois. Et même assez souvent à vrai dire. Manika Auxire fait l'unanimité avec son franc parler, Laure Calamy est jubilatoire dans le rôle de l'épouse se rebellant, Sabrina Ouazani est touchante en reprise de justice et Céline Sallette est épatante en nouvelle directrice du club de foot. Du coté des hommes, Kad Merad fait le taf même s'il reste toujours aussi inexpressif, Alban Ivanov est drôle en Mimil pas très finaud. Quant à Guillaume Gouix, Frédéric Pellegeay et David Salles, ils campent (surtout pour les deux derniers), une belle brochette de connard machos. On a évidemment droit à tous les poncifs du genre. Entre les moqueries de la part de ces messieurs et leur incapacité à s'occuper des enfants lorsque leurs épouses sont à l’entraînement. Après, Une Belle Équipe fonctionne autour d'un scénario ultra-minimaliste et surtout, peu profond. Ce qui n'empêche pas la comédie de Mohamed Hamidi de respirer la bonne humeur. Impossible de s'ennuyer devant cette équipe de foot féminin plutôt réjouissante...

vendredi 8 novembre 2019

Mes Stars et Moi de Laeticia Colombani -2008) - ★★★★★☆☆☆☆☆



Pour son deuxième long-métrage, la réalisatrice française Laeticia Colombani passe du thriller À la Folie... Pas du Tout à la comédie. Alors que son troisième film tarde à voir le jour (la sortie de La Tresse était à l'origine prévue pour l'année dernière et aucune date n'a encore été arrêtée). Mes Stars et Moi met en scène un Kad Merad particulièrement populaire depuis le début de ce siècle. Alignant un grand nombre de films dont pas mal de comédies familiales, l’œuvre de Laeticia Colombani ne déroge donc pas à la règle, ni même à celle des comédies légères, si légères qu'elles finissent par tomber très rapidement dans l'oubli. Il n'empêche qu'avec son casting constitué de vedettes du cinéma français, on pouvait s'attendre à un scénario s'alignant sur les présences de Catherine Deneuve et Emmanuelle Béart. Pourtant, Mes Stars et Moi s'avère malgré les promesses de son synopsis, d'une affolante platitude. On ne reviendra pas sur le jeu monolithique auquel nous a toujours habitué un Kad Merad toujours plus à l'aise dans la comédie que dans le sentiment pour se raccrocher au script, particulièrement accrocheur.

L'histoire de Robert Pelage, qui pour se rapprocher de ses actrices fétiches a accepté un emploi d'agent d'entretien dans une agence artistique. Fasciné par Solange Duvivier (Catherine Deneuve), Isabelle Séréna (Emmanuelle Béart) et la toute jeune Violette Duval (Mélanie Bernier), Robert s'incruste dans leur loge, chez leur agent Dominique Bhé (Dominique Besnehard), manipule leur entourage, et surtout harcèle ses actrices préférées. Pénétrant un jour dans le bureau de l'agent de Solange Duvivier et Isabelle Séréna, il ajoute sur son bureau une photo de Violette Duval, la protégée d'un agent qui gère relativement mal de sa carrière. Séduit par la photo de la jeune actrice, Dominique Bhé décide de lui proposer un rôle dans un film en préparation, réunissant ainsi les trois actrices sur le même plateau de tournage. Malheureusement, celles-ci se rendent rapidement compte que les soucis qu'elles rencontrent depuis peu sont l’œuvre de Robert. Notamment responsable des soucis que rencontre Isabelle Séréna avec son compagnon Bruno, un rugbyman, les trois actrices décident de se venger en s'attaquant directement à la source de leurs problèmes...

Débutant sous les meilleurs augures, Mes Stars et Moi n'est malheureusement pas la comédie telle que le spectateur aurait pu l'imaginer. Rarement drôle et assez mou, le film déroule son intrigue sans sursauts humoristiques et le spectateur a tendance à s'ennuyer. Pourtant, l'idée d'un trio d'actrices charmantes décidées à en découvre avec leur fan numéro un s'avère à l'image, assez fade. De même, lorsque la réalisatrice choisit d'entrer dans l'intimité d'un homme quitté par une épouse et une fille fatiguées des exactions de l'époux et du père, Laeticia Colombani s'y prend relativement mal et l'émotion est aux abonnés absents. Trop léger et caricatural, Mes Stars et Moi passe en coup de vent sans laisser la moindre trace. Au final, le spectateur se retrouve devant une comédie française comme il en pleut depuis trop d'années en France. À éviter sous peine de s'endormir...

jeudi 7 novembre 2019

Bis de Dominique Farrugia (2015) - ★★★★★★★☆☆☆



Bis ou le voyage dans le temps ''à la française''. Réalisé en 2015 par le réalisateur, scénariste, producteur et humoriste français Dominique Farrugia (ancien membre des Nuls), on n'a forcément pas envie de taper dessus. Parce que le nom de son auteur est synonyme de tant de plaisir donné dans notre cœur d'ancien téléspectateur, qu'on accepterait tout ou presque, même le pire (La Stratégie de l’Échec). Fort heureusement, avec cette histoire improbable adaptée pour le grand écran par le réalisateur lui-même ainsi que par Nans Delgado et Frédéric Hazan à partir d'une idée originale de Julien Rappeneau et Alexandre de La Patellière, Dominique Farrugia parvient à donner corps à une comédie qui ne passera finalement qu'à côté d'une certaine émotion. De celle qu'évoque ce temps révolu et que l'on rêverait de pouvoir changer sous certains de ses aspects les plus sombres. Une chance que vont pouvoir s'accorder les deux héros de ce drôle de récit auquel participent Franck Dubosc, pas encore auréolé par l'inattendu succès de son premier long-métrage en tant que réalisateur (Tout le Monde Debout), et Kad Merad, l'acolyte du productif Olivier Baroux avec lequel il partage une passion pour l'humour et la comédie depuis leur rencontre sur Oui FM en 1991.

Projetés en 1986, soit presque vingt ans en arrière, le restaurateur et vendeur de sushis Eric Drigeard et le gynécologue Patrice Olesky s'offrent l'occasion de revivre leurs années de jeunesse tout en fomentant au fil du récit, l'espoir de pouvoir changer certains petits détails qui leur permettront dès leur retour dans le présent d'en profiter des bénéfices apportés. Mais d'ici là, c'est la surprise. Pour Eric, cet éternel charmeur, divorcé et collectionneur de maîtresses inquiété par le fisc et le bougon Patrice, époux et père de famille qui sent bien que ses rapports avec sa femme Caroline (la toujours épatante Alexandra Lamy) ont changé avec le temps, il va falloir composer durant un temps avec ce retour aux sources. Car dans leur corps de quadragénaires (Dominique Farrugia et les scénaristes ont eu la bonne idée de laisser à leurs deux interprètes, l'opportunité d'incarner leur personnage à l'âge de l'adolescence, ce qui accentue l'effet comique de certaines situations), ils vont devoir faire à nouveau face à leur parents et leur entourages qui eux les perçoivent tels qu'ils étaient en 1986. A ce titre, le film s'amuse à révéler dans le reflet l'image de nos deux héros tels qu'ils furent à l'époque. On imagine alors le temps qu’exigèrent et les nombreux fous rires que provoquèrent ces séquences particulièrement bien orchestrées.

Si la passion n'est pas forcément au rendez-vous, on s'attache tout de même à ces deux hommes aux philosophies de vie diamétralement opposées mais cependant demeurés amis depuis les années collège. La fibre nostalgique est malheureusement peu efficiente. En effet, à part quelques objets (la cafetière, le téléphone fixe, la camionnette du père restaurateur d'Eric) et des standards de la variété issus du l'époque, rien d'autre ne nous rappelle que l'on est bien en 1986 et non pas en 2015 au moment du tournage. C'est sans doute l'un de ces détails qui fait que Bis n'obtient pas totalement ses galons de grande comédie française même s'il dépasse de loin la majeure partie de la production hexagonale en cette année 2015. Honnête mais trop peu touchante (le spectateur appréciera malgré tout la relation entre les personnages incarnés par Franck Dubosc et Gérard Darmon), le film de Dominique Farrugia est simple, léger, sans aucune prétention. À l'image du bonhomme...
Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...