Avec une régularité
presque parfaite, le réalisateur franco-algérien Mohamed Hamidi
revient cette année avec son nouveau long-métrage Citoyen
d'honneur.
Lui qui aime généralement confronter les cultures (La
Vache),
les milieux sociaux (Jusqu'ici tout va bien)
ou bousculer certaines règles (composer une équipe de football
féminine dans Une belle équipe)
sur le ton de l'humour a cette fois-ci décidé de concentrer toutes
ses ''obsessions'' en un seul film puisque Citoyen
d'honneur met
en scène l'acteur Kad Merad dans le rôle de l'écrivain Samir Amin
de retour dans sa ville natale, Sidi Mimoun, après avoir reçu le
prix Nobel de littérature. Vivant depuis trente ans à Paris, il est
l'objet de nombreuses convoitises mais refuse presque
systématiquement toute proposition d'interviews ou d'hommages.
''Presque toutes'' car l'une d'elles le séduit immédiatement, lui
offrant l'occasion de partir pour l'Algérie, là où il vécut les
vingt premières années de sa vie pour y être fait citoyen
d'honneur... ''Du
rire et de l'émotion''...
Aïe ! Il y a de quoi se faire du mouron car si Kad Merad est un
personnage sympathique et si dans le registre du rire, fut un temps,
le bonhomme était plutôt drôle (surtout lors de son duo avec
Olivier Baroux), dans celui de l'émotion, c'est déjà une autre
paire de manches. Pas vraiment convaincant... ! Heureusement,
c'est ici avec parcimonie que l'acteur exprime son ressenti. Plus
fermé que réellement expressif, on le remerciera vivement de ne pas
s'être singé comme il le fait généralement en cas de nécessité...
Non, ici Kad Merad se montre humble. Sans doute son personnage le
veut-il ainsi. Comme le désirent sans doute le réalisateur et son
scénario...
Il
n'est bien évidemment pas question ici de renier une quelconque
appartenance à une terre d'accueil mais plutôt de rendre hommage
au pays qui a vu naître le héros de l'histoire. Mais si sur le
papier, réconcilier le prix Nobel de littérature avec ses racines
est une vertu relativement remarquable, à l'écran, les prétentions
semblent avoir été malheureusement revues à la baisse. En soit,
Citoyen
d'honneur n'est
pas un mauvais film. Sans jamais hésiter entre humour et émotion
puisque le premier s'offre une large place tandis que la seconde
s'installe timidement au détour de quelques rares séquences, sa
courte durée (1h36) empêche parfois Mohamed Hamidi d'aller au fond
des choses. Certes, le réalisateur exploite la gentillesse de ses
villageois, la corruption du pays, la menace islamique ou le retour
au pays d'un émigré qui a réussi, mais parmi ces quelques
thématiques, certaines manquent d'être approfondies. Aux côtés de
Kad Merad, l'acteur franco-algérien Fatsah Bouyahmed minaude dans le
rôle de l'employé de mairie Miloud face à cet illustre écrivain
dont toute l'Algérie semble apparemment si fière. Le responsable de
la culture Hamid Mezouar (Zinedine Soualem) pousse sa gueulante et
disparaît quasiment de l'image, le maire (l'acteur Brahim Bihi)
déroule le tapis rouge à Samir pour ensuite se dégonfler devant
une partie de ses concitoyens, quant à Jamel Debbouze, il offre une
visite bourrée d'anecdotes du cimetière de Sidi Mimoun. Restent
Mehdi (Brahim Bouhlel), personnage attachant aux aspirations
d'écrivain et surtout Selma (Oulaya Amamra), jeune rappeuse et
militante contre le pouvoir en place. Tourné au Maroc et non pas en
Algérie pour des questions de précautions, Citoyen
d'honneur
a beau faire une démonstration de certaines revendications, tout
semble au final plutôt timide...
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