Vingt-six ans de carrière
et autant de courts et de longs-métrages, de téléfilms et
d'épisodes de séries télévisées pour le réalisateur japonais
Ryûhei Kitamura dont la carrière oscille entre son pays d'origine
et les États-Unis. Vingt-six ans après le moyen-métrage d'action
Heat After Dark,
le voici qui revenait en 2022 avec The Price We
Pay.
Et le moins que l'on puisse dire est que le film ne fait ni dans la
dentelle, ni dans l'originalité. À vrai dire, des longs-métrages
comme celui-ci, il en existe un nombre incalculable. Tous ou presque
reposent sur le même concept initié il y aura bientôt cinquante
ans par Tobe Hooper et son légendaire Massacre à
la tronçonneuse !
Soit, une poignée d'individus se perdant en un lieu et en un temps
dans une contrée qui leur est étrangère... Abandonnés ici, les
adolescents roulant à bord d'un van dans l'air putride d'une
campagne livrée aux mains de familles d'autochtones dégénérés. À
leur place, trois hommes qui viennent tout juste de commettre un
meurtre et un vol d'argent chez un prêteur sur gages. Sans moyen de
locomotion, Alex, Cody et Shane prennent en otage Grace, laquelle
était justement en affaire avec la victime. Témoin du meurtre, la
jeune femme possède surtout un véhicule qui va permettre aux trois
criminels de prendre la fuite. Et vous savez comment cela se passe en
général dans ce genre de film... À cours d'essence, la voiture de
Grace va bien entendu finir par tomber en panne en pleine campagne et
elle et ses trois ravisseurs vont chercher à se mettre à l'abri
d'une ferme pour la nuit...
Le
lieu de toutes les horreurs à venir pour nos quatre protagonistes
qui vont très rapidement regretter d'y avoir foutu les pieds. Dans
le rôle d'Alex, l'acteur Emile Hirsch est un véritable électron
libre à tendance psychopathique ! Le genre d’individu
qui prend du plaisir à torturer et tuer comme il le signifiera avant
de subir les assauts d'un freak de sexe féminin presque digne d'un
certain Leatherface ! Tanner Zagarino interprète son frangin
Shane, personnage le moins intéressant du groupe tandis que Stephen
Dorff campe le rôle de Cody. La tête, disons, pensante du trio !
Quant à la jeune femme, c'est l'actrice Gigi Zumbalo qui l'incarne.
Face à ces quatre futures victimes d'une famille de timbrés comme
seules les profondeurs de l'Amérique semblent être capables de
donner naissance, trois spécimens d'une humanité comme le cinéma
d'épouvante et d'horreur en charrie régulièrement. Le jeune Tyler
Sanders interprète le dernier rejeton prénommé Danny tandis que
Vernon Wells (oui, oui, on parle bien ici de l'une des légendaires
icônes des la série B et du cinéma d'action des années
quatre-vingt) joue le rôle du grand-père et ''chirurgien'' du
long-métrage. Celui qui très certainement par esprit de vengeance
mais aussi sans doute en raison d'une part de folie relativement
prononcée, décime quiconque ose traîner dans les parages de la
ferme familiale. Afin de compléter ce ''merveilleux'' portrait de
famille, Ryûhei Kitamura ajoute au récit une créature dont les
''charmes'' auraient sans doute séduit le ''Tronche
de cuir''
de Massacre à la tronçonneuse.
Une créature hideuse prénommée Jodi qu'incarne l'actrice Erika
Ervin...
Une
boogeywoman (phénomène finalement assez rare en comparaison du
nombre de représentants de sexe masculin) de presque deux mètres
dotée d'une force incroyable et surtout, d'une résistance à toutes
épreuves. Avec autant de détails en main, on ose espérer que
l'aventure sera prometteuse en terme d'angoisse et d'hémoglobine.
Mais n'espérez surtout pas revivre ce même frisson ressenti presque
cinq décennies auparavant dans le Texas caniculaire de Tobe Hooper.
Manquant cruellement de rythme, The Price We Pay
est
surtout beaucoup trop bavard. Les personnages se déplaçant
lentement, les uns vociférant tandis que les autres (et le
grand-père en priorité) soliloquent ou gémissent ! Si le
plaisir de retrouver Vernon Wells est bien réel, la direction
d'acteurs et la mise en scène en général s'avèrent terriblement
poussives. Sans être catastrophique, il sera nettement plus aisé de
trouver une alternative en cinq minutes à ce The
Price We Pay
que d'éprouver le moindre frisson pour l'un ou l'autre de ses
personnages. Doté de quelques séquences horrifiques dont une
opération sans anesthésie et un final grand-guignolesque, le
long-métrage du réalisateur japonais se montre malheureusement
parfois ridicule. Ne serait-ce que cette improbable résistance
physique de Jodi qui après avoir subi nombre d'outrages physiques
(et non des moindres puisqu'elle va notamment recevoir l'équivalent
d'un tonneau entier d'acide sulfurique sur la tronche) se relève
encore et encore. Ici, pas d'atmosphère poisseuse à espérer et pas
un brin d'empathie pour le moindre personnage. Bref, un film qui se
regarde sans réel désintérêt mais aussi et surtout sans la
moindre passion...
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