Les fans de Takashi
Shimizu et de cinéma d'épouvante japonais peuvent se réjouir car
cette année devrait sonner le retour de l'auteur en 2000 du
cultissime Ju-on
avec le troisième volet de sa trilogie consacrée aux villages
hantés. Débutée en 2019 avec Inunaki, le
village oublié (Inunaki
Mura),
le second volet est sorti en 2021 sous le titre Jukaï
- La forêt des suicides
(Jukai Mura).
Reposant sur une authentique et très longue séries de suicides se
déroulant régulièrement depuis des années dans la forêt de
Aokigahara située au pied du Mont Fuji, le film met en scène Hibiki
(l'actrice Anna Yamada), jeune adolescente désociabilisée vivant
avec sa sœur Naki et son beau-frère. Un soir, alors qu'elle assiste
à la retransmission en direct d'une vidéo filmée par une
youtubeuse, Habiki est témoin de sa disparition. Tout comme un
certain nombre de fidèles de sa chaîne, l'adolescente reçoit la
visite de la police qui l'interroge à ce sujet. Un événement qui
intéresse apparemment peu Takashi Shimizu puisque l'on a droit à
l'une des nombreuses ellipses qui vont avoir lieu durant ce récit de
presque deux heures. Écrit par le réalisateur lui-même ainsi que
par Daisuke Hosaka (les deux hommes ont débuté leur collaboration
sur le court-métrage NightCry
en 2015), le scénario de Jukaï - La forêt des
suicides
s'avère relativement complexe. Si le long-métrage évoque fort
logiquement les légendes qui entourent les suicides se déroulant
dans la forêt Aokigahara (réputée pour abriter des sédiments
rocheux qui absorbent les sons, l'ambiance y est anxiogène et le
sentiment d'abandon particulièrement prégnant), le réalisateur et
son scénariste ajoutent quelques éléments supplémentaires comme
cette étrange boite découverte par la famille de Hibiki sous les
fondations de leur demeure lors de leur emménagement. Ou encore
cette fantaisie qui veut qu'en un temps reculé furent sacrifiés des
habitants de basse condition afin d'apaiser les Dieux régnant sur
cette forêt. L'autre fait qui cette fois-ci semble être véridique
est la raison pour laquelle hommes et femmes choisissent ce lieu pour
se suicider. Il serait en effet assez peu évident de retrouver leur
corps tant la forêt s'avère dense. Un concept que Takashi Shimizu
reprend à son compte en lui offrant une forme véritablement
concrète puisque sa forêt va bientôt prendre vie... Une symbiose
entre la végétation et le corps des suicidés donnant lieu à
quelques séquences visuellement délirantes...
L'un
des principaux soucis avec Jukaï - La forêt des
suicides,
outre le fait que le film soit tant et si bien alambiqué qu'il
contraint d'observer un maximum d'attention devant son écran, c'est
sa durée... et donc son rythme. On imagine d'ailleurs assez bien à
quoi aurait ressemblé le long-métrage si Takashi Shimizu n'avait
pas tant abusé des ellipses... Peut-être aurions-nous eu droit à
un film de trois heures !!! De plus, et ça n'est pas faire
volontairement preuve de critique envers le peuple asiatique en
général et les japonais en particulier mais force est de
reconnaître qu'il est parfois compliqué de distinguer tel ou tel
personnage sans le confondre avec un autre. Est-ce un manque
d'attention ? Peut-être... Les japonophiles reconnaîtront à
peine ce qui distingue le pays dont est originaire le film de
l'Occident puisqu'en dehors de certaines habitations, les
personnages, dans Jukaï - La forêt des
suicides,
parcourent des espaces souvent impersonnels. L'on espère alors
très vite découvrir cet endroit mystérieux cité à de nombreuses
reprises et que l'on espère aussi inquiétant que le village du
précédent volet Inunaki, le village oublié.
Tournant autour d'une petite poignée de personnages gravitant
eux-mêmes autour de la très jolie Hibiki, le film fait appel au
don d'ubiquité, confondu ici avec la schizophrénie. Ce qui donne
lieu à quelques séquences qui marqueront les esprits des fans du
réalisateur, lequel semble toujours prompt à faire marcher son
imaginaire à plein régime. Nous ne sommes en effet pas prêt à
oublier cette séquence nocturne lors de laquelle l'adolescente
arpente les pièces de son appartement, entourée de revenants. Ou
plus tard, ces visions parfaitement démentielles situées dans le
fameux village, avec ses ''Freaks''
mi-humains, mi-végétaux ! Si Jukaï - La
forêt des suicides
est objectivement inférieur au premier volet de cette trilogie qui
devrait fort logiquement se conclure cette année, l’œuvre demeure
tout de même assez mémorable. Mettons-nous à rêver d'une version
allégée de tout un tas de séquences ou de plans inutiles... Notons
que la partition musicale est l’œuvre du compositeur Takashi
Ohmama, lequel signe ici un véritable opéra de la peur...
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