Si
la carrière de l'actrice américaine Carrie Snodgress n'a jamais
vraiment marqué l'esprit des cinéphiles et autres vidéophages, une
grande partie des plus anciens se souvient pourtant forcément
d'elle. Plus connue pour ses traits que pour son nom, elle a
notamment interprété le rôle de Hester dans le film fantastique de
Brian De Palma Furie
en 1978 ainsi que celui de Sarah Wheeler dans l'excellent western de
Clint Eastwood Pale Roder, le cavalier solitaire
en
1985. Mais le plus marquant d'entre tous demeure sans doute celui
qu'elle incarna l'année suivante dans La loi de
Murphy
de J. Lee Thompson. Mélange de thriller, film policier et action,
l'actrice y troque son joli minois pour le regard halluciné d'une
véritable sociopathe n'ayant absolument rien à envier à des
dingues de la trempe d'Evelyn Draper (Jessica Walter dans Un
frisson dans la nuit
de Clint Eastwood), d'Alex Forrest (Glenn Close dans Liaison
Fatale
d'Adrian Lyne) ou d'Annie Wilkes (Kathy Bates dans Misery
de
Rob Reiner)... Carrie Snodgress y dessoude hommes et femmes avec une
indifférence en terme d'émotion. À plus proprement parler, on
pourrait même l'envisager prendre du plaisir au meurtre sans que
l'on connaisse durant une grande partie du long-métrage les raisons
qui la poussent à tuer l'entourage du flic incarné par l'éternel
Charles Bronson, Jack Murphy. La loi de Murphy
en tant que concept créé par l'ingénieur aérospatial
américain Edward A. Murphy Jr
exige que rien ne permettra d'éviter un malheur, un obstacle ou
n'importe quel imprévu... C'est un peu le destin du héros de ce
long-métrage s'éloignant assez peu de certains canons du cinéma
d'épouvante des années quatre-vingt. Concernant Charles Bronson,
rien de vraiment neuf. Le bonhomme a la gâchette facile et ça n'est
pas la première fois que l'un des membres de la famille dont il
incarne ici l'époux est la victime d'un homicide. Sauf que dans le
cas présent, les meurtres s'enchaînent avec une diabolique
régularité. Sans cacher l'identité de la responsable de meurtres
majoritairement commis à l'aide d'armes à feu, les raisons
profondes de ses actes sont par contre dissimulés jusqu'à ce que
Jack Murphy, alors soupçonné d'avoir tué sa future ex-épouse et
son nouveau compagnon, fasse appel à l'un de ses collègues de
bureau. Accompagné durant tout le récit par l'actrice Kathleen
Wilhoite, le personnage interprété par Charles Bronson donne la
réplique à une Arabella McGee au langage de charretière
permanent...
La
gente féminine est ici traitée d'une manière qui lui est des plus
défavorable. Entre une ex-épouse dansant à moitié nue dans une
boite de nuit, une ''complice'' forcée de suivre le faux coupable et
crachant au visage des hommes qu'elle croise toute une collections
d'insanités et une tueuse en série totalement givrée, question
finesse, les hommes n'ont absolument rien à leur envier !
Charles Bronson est ici plus proche de la victime que du justicier
auquel il nous avait habitués. L'ancien ''super-héros'' des
quartiers défavorisés new-yorkais se fait dans le cas présent
véritablement ''émasculer'' par les représentantes féminines. Au
sens propre (un coup de pied bien placé entre les jambes lors d'une
tentative d'arrestation) comme au sens figuré puisqu'il passe du
statut de chasseur à celui de proie ! Mais bon, comme l'on
imagine assez mal le personnage terminer son existence entre quatre
planches, on se doute que son affrontement avec une Carrie
Snodgress, ici, véritablement flippante, permettra une conclusion
heureuse des événements. L'actrice tire véritablement son aiguille
du jeu et incarne une antagoniste parmi les plus effrayantes du
septième art. Parfois dé-féminisée à outrance (en soulevant
notamment des haltères), le réalisateur J. Lee Thompson et le
scénariste Gail Morgan Hickman traitent le personnage non pas sous
le seul angle de l'esprit de vengeance (vous comprendrez ses
véritables raisons aux deux tiers du récit) mais dans une volonté
d'en faire une icône de la folie la plus furieuse et immorale qui
soit. Sur fond de mafia italienne (une part congrue du récit
notamment incarnée par l'immortel Richard Romanus), La
loi de Murphy
ravira les fans de Charles Bronson, de cinéma d'action et de séries
B... Un excellent cru...
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