Il y a les films que l'on
aime détester et ceux que l'on ose à peine réprimander. Hounded
de Tommy Boulding fait partie de ces derniers. Autant de naïveté
dans la mise en scène, dans le propos ou dans l'interprétation
confine soit au supplice, soit à une certaine forme de gêne de la
part du spectateur. Très premier degré et parvenant donc très
difficilement à désamorcer des situations terriblement
inconfortables de mièvrerie, celui pour qui l’œuvre est son
premier long-métrage risque d'avoir beaucoup de mal à justifier un
tel désastre artistique et encore davantage de mal à retrouver un
job après ce Hounded...
faisandé ! Sur un postulat des plus classique, le long-métrage
met en scène quatre jeunes gens qui après avoir cambriolé la
demeure d'un riche propriétaire pour financer en partie les études
de l'un d'eux vont accepter un second contrat. Celui-ci devra être
le dernier et permettre à Vix, Chaz, Chaz et son frère Leon de
quitter le foyer qui les abrite. S'introduisant dans une superbe et
immense propriété située dans un coin reculé de la campagne
anglaise, les quatre amis sont loin d'imaginer ce qui les attend.
Durant un court instant l'on a affaire à un terrain de jeu proche de
l'excellent Don't Breathe
de Fede Alvarez. Mais ici, ce qui semble attendre nos quatre jeunes
gens va en réalité se rapprocher davantage du thème autour duquel
tourne Les Chasses du comte Zaroff
de Ernest B. Schoedsack et Irving Pichel et de tout un tas de
succédanés qui depuis ont vu le jour. Car l'erreur de Vix, Chaz,
Chaz et Leon est d'avoir choisi la mauvaise maison. Celle appartenant
à Katherine Redwick (l'actrice Samantha Bond) dont la passion
première semble être la chasse à courre. Débute alors une traque
sur le territoire immense de la châtelaine et des membres de sa
famille. La consanguinité étant vaguement évoquée, on ne
s'étonnera pas d'y découvrir une famille de timbrés sans morale
dont le goût pour la chasse et le sang ne paraît avoir aucune
limite.... Avec Hounded,
il faut avant tout garder en tête que tout espoir d'y voir l'honnête
descendant de tout un pan du cinéma horrifique est parfaitement
inutile. L’œuvre de Tommy Boulding, si tant est que l'on puisse
définir Hounded
ainsi, est un désastre à tous les étages...
Non
content d'être risible dans son doublage en français (Samantha Bond
y ''bénéficie'' effectivement d'un traitement vocal absolument
grotesque entre langue châtiée et ton précieux), le film est une
accumulation de fautes d'appréciations. Si tout est écrit d'avance
et qu'aucun des quelques twists survenant en fin de métrage
n'étonnera personne, le pire est ce premier degré qui donne un ton
très particulier au long-métrage. Alors que des dizaines, que
dis-je, des centaines de séries Z mal fagotées MAIS volontairement
portées sur le second degré naissent chaque année pour le plaisir
des fans de ce genre désormais surexploité,le ton particulièrement
sérieux de Hounded
fait que le résultat à l'écran génère plus de pitié vis à vis
de son auteur et de ses interprètes que de rage, de rejet ou de
haine envers ces derniers. Que dire si ce n'est que le film est
mauvais... mais mauvais à un point, mes amis... On ne s'étonnera
pas que la caractérisation ait été revue à la baisse puisque dans
le genre, c'est une habitude. De toute manière, Hannah Traylen, Ross
Coles, Nobuse Jnr et surtout Malachi Pullar-Latchman forcent
tellement le trait que nourrir à la source la personnalité de leur
incarnation n'aurait servi à rien. On n'y croit pas une seule
seconde. Quant aux autres, qu'il s'agisse de Samantha Bond, de James
Lance et de tous ceux qui constituent la famille Redwick et, plus
tard, les clients et la propriétaire de l'auberge, que dire sinon
que là encore, le jeu d'acteur est d'une indicible cruauté pour le
spectateur ayant fait l'effort de ses délester d'une poignée
d'euros pour louer la chose. Inutile d'évoquer la photographie de
Martyna Knitter, à peine digne d'un téléfilm estampillé ''années
quatre-vingt, en Angleterre'' !
Hounded
est laid, bancal, inintéressant. Le pitch pourtant ''intriguant''
est sous-exploité et la mise en scène, je le répète,
DE-SAS-TREU-SE !!! Et pourtant, oui, pourtant, un petit je ne
sais quoi empêche de vouloir enfoncer plus profondément le
long-métrage de Tommy Boulding. Car aussi mauvais soit-il, Hounded
semble avoir été mis en scène avec le plus grand sérieux comme
semble en témoigner le ton imprimé au récit. Le britannique, sans
doute involontairement, y a déniché l'une des clés indispensables
de l'art du nanar.
Laissons donc à Hounded
l'occasion de mûrir quelques années au fond d'un placard, à la
suite de quoi, on le ressortira pour les grandes occasions :
lors de soirées séries Z, pizzas et bières...
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