Pour son premier
long-métrage à voir le jour sur grand écran, on ne peut pas dire
que le réalisateur Nath Dumont ait choisi la facilité. Ou plutôt,
si. Enfin, non. Ou alors peut-être. Quoique cela dépend de l'angle
sous lequel l'on aborde le film. D'un point de vue strictement
scénaristique, 100 millions !
n'est pas allé chercher bien loin son inspiration. Car des comédies
qui mettent en scène des personnages face à des situations sociales
critiques, il suffit de piocher au hasard et à l'aveugle dans
l'immense vivier que regroupe le genre pour trouver de quoi
satisfaire sa curiosité. Les mettre ensuite face à une solution
radicale matérialisée à travers des gains très importants
(héritages, loto, etc...) est là encore une méthode couramment
utilisée dans ce genre de productions. Bref, on sait déjà à peu
près sur quoi l'on va tomber. Mais encore, bien écrit et
parfaitement interprété, la pilule aurait pu passer. Sauf qu'ici,
le réalisateur en remet une couche en offrant les deux principaux
rôles à un ''couple'' qui, réuni au cinéma, n'a jamais vraiment
fait d'étincelles. Il suffit de jeter un œil à la carrière de
Michèle Laroque pour s'en convaincre. Quant à Kad Merad, accepter
d'interpréter en 2018 le rôle du Docteur Steinman dans l'infâme
premier long-métrage en tant que réalisatrice de celle qui
persévérera dans la médiocrité en 2021 avec Chacun
chez soi et
2022 avec Alors on danse,
le pauvre est devenu l'une des risées du cinéma français.
Qu'attendre alors du long-métrage de Nath Dumont ? À priori,
pas grand chose. Surtout lorsque dans sa première partie, la comédie
accumule tous les poncifs du genre dans ce qu'il peut avoir de plus
navrant. Un copier/coller confinant au plagiat emprunté au pire de
ce que peut proposer la production française en matière de
comédie ! Ouvrier syndicaliste dans une imprimerie à la
dérive, Patrick (Kad Merad) vit avec son épouse Suzanne (Michèle
Laroque). L'entreprise risque de fermer ses portes tandis que le
couple n'arrive plus à payer les traites de leur maison. Leur
banquier (Sören Prévost dans le rôle de Monsieur Troadec) les
relance en permanence et ils s'attendent à voir débarquer chez eux
les huissiers. Mais si l'on vient frapper à leur porte, ça n'est
pas pour leur annoncer de mauvaises nouvelles mais pour leur
apprendre que Patrick a hérité de la faramineuse somme de cent
millions d'euros correspondant à un héritage. Bref, voilà le
couple désormais à l'abri du besoin. Patrick décide malgré tout
de continuer à travailler et à épauler ses collègues tandis que
Suzanne compte bien profiter de tout cet argent pour améliorer son
existence...
Si
dans les grandes largeurs le long-métrage s'inspire effectivement de
nombreuses comédies similaires, dans le détail, cela est parfois
encore plus flagrant. Le scénario lorgnant même du côté de
l'emprunt le plus éhonté. Un exemple ? Lorsque Patrick offre à
son ami et collègue Saïd (Fatsah Bouyahmed) une superbe voiture, il
est quasiment impossible de ne pas y voir un authentique plagiat de
la séquence de Ah ! si j'étais riche
de Michel Munz et Gérard Bitton dans laquelle Jean-Pierre
Darroussin/Aldo Bonnard offrait à son ami en collègue François
Morel/Jean-Phi la voiture de ses rêves. Sauf qu'ici, la mise en
scène de la séquence est totalement ratée. Pas la moindre trace
d'émotion. Mais comment s'attendre à autre chose lorsque l'on offre
à Kad Merad ou à Fatsah Bouyahmed l'opportunité de jouer sur la
fibre émotionnelle quand l'un et l'autre en sont incapables ?
Charriant continuellement son lot d'emprunts, de caractérisations et
de sujets déjà évoqués des dizaines voire des centaines de fois
au cinéma, l'on a droit à cette nouvelle mode consistant à
introduire un personnage dont la vocation est de venir en aide aux
migrants (Jade-Rose Parker dans le rôle d'Amandine, la fille de
Patrick et Suzanne). Venant de la télévision, Nath Dumont intègre
au casting l'acteur espagnol Agustín Galiana que les téléphages
connaissent notamment pour son rôle de Lisandro Iñesta entre 2020
et 2023 dans la série Ici tout commence.
Il incarne ici le rôle du galeriste Juan. Un homme séduisant qui va
tenter de séduire Suzanne alors que le couple est en plein conflit.
Notons également la présence de Martin Karmann dans le rôle de
Lucas, le fils de Patrick et Suzanne, patron d'une entreprise
florissante qui va avoir maille à partir avec le très zen et
écologiste PDG d'une entreprise, Jérôme Gauthier qu'interprète
Lionel Abelanski. Si tout est évidemment écrit d'avance et que rien
ne vient pratiquement étonner le spectateur durant le déroulement
du récit, on se surprend finalement à assister au spectacle avec un
certain plaisir. Comparé à la majorité des immenses purges qui se
prétendent être des comédies à sortir chaque année, Nath Dumont
parvient à sauver les meubles en multipliant les séquences plus ou
moins cocasses. Quelques petites idées originales malheureusement
noyées dans un conglomérat de redites qui finissent pourtant par
épuiser le spectateur...