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dimanche 2 février 2025

Un ours dans le Jura de Franck Dubosc (2025) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Camping, Disco, Bienvenue à bord, trois exemples de comédies françaises ringardes notamment interprétées par un comique dont le style entre lui-même dans ce registre. Une catégorie que l'humoriste, acteur, scénariste et réalisateur Franck Dubosc semble par ailleurs assumer parfois avec un certain panache. Comme d'autres avant lui, il a décidé de passer derrière la caméra en 2018 en réalisant son tout premier long-métrage intitulé Tout le monde debout. Et par un fait qui pourrait passer comme tout à fait extraordinaire, le film s'avère convaincant, connaît un grand succès dans les salles françaises, auprès des critiques, que celles-ci soient professionnelles ou non. Une popularité d'ailleurs méritée. Quatre ans plus tard, Franck Dubosc se lance dans la périlleuse aventure consistant à passer sans encombres le cap de la deuxième réalisation. Mais sans être un mauvais film, Rumba la vie n'en est pas moins une petite déception en ce sens où sa seconde comédie s'avère déjà beaucoup plus ordinaire. Toujours est-il que l'on ne lui prêtera malgré tout pas les mêmes basses ambitions qu'une Michèle Laroque qui elle, s'enferre dans une carrière de réalisatrice médiocre, dont l'approche ringarde et passéiste de l'humour en font le souffre-douleur des vrais amateurs de comédies françaises. Passée l'épreuve finalement pas toujours très convaincante du second film en tant que réalisateur malgré d'assez bons retours de la presse spécialisée et d'une partie du public, Franck Dubosc revenait en tout début d'année 2025 avec un troisième long-métrage qui plus qu'une simple comédie mêle avec un certain talent l'humour noir et le thriller.


Dans ce nouveau film où il s'invite en tant qu'interprète principal aux côtés de Laure Calamy et de Benoît Poelvoorde, l'acteur, réalisateur et scénariste s'offre et nous offre par la même occasion un véritable bain de jouvence en allant en outre côtoyer le cinéma de Jean-Christophe Meurisse qui en deux films (Oranges sanguines en 2021 et Les pistolets en plastique en 2024) s'est fait l'un des portes-drapeaux d'un cinéma humoristique hexagonal quelque peu transgressif en y apportant une touche de noirceur particulièrement jouissive. Sans juger ses concitoyens, Franck Dubosc se fait ici en de raisonnables quantités, le transfuge des maux qui atteignent notre société en les transposant sur les terres jurassiennes. C'est donc dans le Jura, à Morbier, à Vaudioux et à Bois-D'Amont qu'il transporte toute son équipe technique et ses interprètes pour aborder le sujet des migrants, du trafic de drogues et des moyens limités dont est pourvue sa petite brigade de gendarmes à la tête de laquelle nous retrouvons donc le belge Benoît Poelvoorde. Dans le rôle du major Roland, l'acteur y déploie le talent qui est le sien, un humour tragi-comique qui depuis longtemps maintenant est devenu l'une de ses marques de fabrique. En père divorcé d'une gamine en pleine crise d'adolescence (Kim Higelin dans le rôle de Blanche), Roland va devoir faire face à ce qui restera sans doute l'affaire criminelle la plus ''remarquable'' de sa carrière. En effet, le gendarme va devoir résoudre aux côtés de son adjointe Florence (Joséphine de Meaux) la mort d'une femme et de deux hommes retrouvés morts dans d'affreuses circonstances à l'intérieur d'un véhicule abandonné. Le scénario de Franck Dubosc ne laisse planer aucune zone d'ombre s'agissant du ''mystère'' qui éventuellement pourrait entourer ces trois individus dont on devine immédiatement qu'ils furent liés à un trafic de drogue.


Quant à leur mort, là encore, aucune énigme à devoir déchiffrer pour le spectateur qui d'emblée assiste aux deux séquences qui mises en parallèle expliquent la mort des uns et des autres. Franck Dubosc et Laure Calamy interprètent les rôles de Michel et Cathy. Un couple de paysans, parents d'un ''Doudou'' (Timéo Mahaut) atteint de troubles psychiatriques légers. Après avoir involontairement causé un accident qui a provoqué la mort d'un homme et d'une femme, Michel rentre chez lui. Accueilli par son épouse qui l'interroge sur sa blessure au front, l'homme lui avoue avoir tué deux personnes. Se rendant ensemble sur le lieu du drame, Cathy prend la décision de ''nettoyer'' la scène de crime afin de faire disparaître tout élément pouvant incriminer son mari. Mais alors que Michel ouvre le coffre de la voiture des deux victimes, les événements vont prendre une toute nouvelle tournure... La comparaison avec le cinéma des frères Coen n'étant pas excessive, il est vrai que l'on retrouve dans le ton d'Un ours dans le Jura celui d'un Fargo ou de tout autre thriller auquel les deux réalisateurs américains s'amusent à injecter un brin d'humour noir. Même écourté, le temps de présence du charismatique Louka Meliava dans le rôle de l'iroquois semble plus ou moins se référer au personnage d'Anton Chigurh qu'incarna le génial Javier Bardem dans No Country for old Men... toutes proportions gardées, bien évidemment. Calmant ses ardeurs d'humoriste beauf depuis un certain temps en dehors de ponctuelles piqûres de rappel, Franck Dubosc forme aux côtés de Laure Calamy un couple touchant, au bord de la rupture sentimentale tandis que Benoît Poelvoorde incarne un gendarme mais aussi et surtout un père de famille blessé par sa rupture d'avec son ex femme qui depuis a refait sa vie et par l'absence de communication avec sa fille qui pourtant vit sous son toit. Drôle, saignant, cynique et touchant, Un ours dans le Jura réussit haut la main son mélange des genres. Après deux heures ou presque de projection, l'on sort de la salle avec la certitude d'un réalisateur et d'un scénariste né qui trop longtemps est resté caché dans l'ombre des autres...

 

vendredi 1 mars 2024

Un plan parfait de Pascal Chaumeil (2012) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Si l'on se fie strictement à l'affiche et à l'air de benêt qu'y arbore l'acteur, réalisateur, scénariste et humoriste Dany Boon, Un plan parfait pourrait s'envisager comme une comédie française simplement bête et innocente. Si l'apparente invraisemblance de certains sentiments véhiculés par le récit se joue entre le charme de l'actrice Diane Kruger et la physionomie nettement plus ''brute de décoffrage'' de Dany Boon, le regretté Pascal Chaumeil qui deux ans auparavant aura réussi le coup parfait avec L'arnacœur prouve qu'une ''Belle'' et une ''Bête'' ont tout autant le droit et la possibilité de s'aimer que n'importe quel autre couple. C'est d'ailleurs une habitude pour Dany Boon chez qui le contraste entre les différents personnages qu'il incarne sur grand écran et ceux auxquels il se frotte est parfois étonnant. Dans le cas de Un plan parfait, il s'agit tout d'abord de briser une malédiction. Celle qui en général touche tous les membres de la famille d'Isabelle. Chaque premier mariage se soldant par un divorce, celle qui prévoit d'épouser dans un mois son compagnon Pierre (l'acteur Robert Plagnol) a décidé de défier en duel le mauvais sort en épousant tout d'abord le premier venu, puis de divorcer pour enfin épouser en seconde noce l'homme de sa vie. Une vie d'ailleurs bien rangée. Isabelle et Pierre sont tous les deux dentistes, travaillent dans le même cabinet, partagent absolument tout et vivent l'un et l'autre vingt-quatre heures sur vingt-quatre. On devine alors que sa rencontre avec Jean-Yves, employé du Guide du Routard va changer bien des choses dans la future perspective de vie du couple formé par la très belle jeune femme et son compagnon. Mais d'ici là, beaucoup d'eau aura coulé sous les ponts. Le récit étant développé sous forme de flash-back, l'occasion y est notamment offerte de découvrir dans des rôles secondaires les acteurs Jonathan Cohen et Étienne Chicot ainsi que les actrice Alice Pol, Laure Calamy et Bernadette Le Saché.


Lesquels participent tous à un dîner organisé par la maîtresse de maison (un brin froide et rigide) et lors duquel chacun va tenter de réconforter Valérie (Laure Calamy) qui vient d'être quittée par son petit ami. Ensemble, ils vont lui raconter l'aventure qu'a vécu Isabelle au bras de Jean-Yves. Les scénaristes Laurent Zeitoun et Yoann Gromb sur la base d'une histoire écrite par Philippe Mechelen développent un récit autour de deux personnages qui n'ont absolument rien à voir l'un avec l'autre. D'un côté, une jeune et très belle dentiste aux revenus et à l'existence fort satisfaisant. De l'autre, un célibataire apparemment bourru et endurci passant son temps sur les routes. C'est sur ce point que l'invraisemblance de cette romance à venir est éclipsée au profit d'une réalité : la monotonie du couple ravageant la passion, c'est ailleurs qu'Isabelle trouvera finalement l'amour. Ce n'est pas révéler un secret d'état que d'afficher au milieu de cet article ce que tout le monde aura deviné par avance. Surtout que derrière les oripeaux de la perfection que semble afficher le personnage interprété par Robert Pagnol, un détail viendra bientôt gripper la relation qu'il entretient avec celle qu'il doit épouser dans un mois. Savoureuse comédie romantique, Un plan parfait sera l'antépénultième long-métrage cinématographique de Pascal Chaumeil qui malheureusement mourra d'un cancer à l'âge de cinquante-quatre ans le 27 août 2015. Le couple Diane Kruger/Dany Boon fonctionne à merveille et même si l'on peut douter de la véracité des sentiments de la première envers le second, on plonge, littéralement. Au delà de l'humour qui ne faillit jamais vraiment, le film se montre également parfois touchant. Surtout lors du dernier tiers. Le réalisateur et toute son équipe n'ont semble-t-il pas ménagé leurs efforts puisque ils se déplaceront, ainsi que le principal duo, jusqu'à Moscou, en Russie, ainsi qu'au Kenya, au cœur d'un petit village Maasaï ! Des cadres dépaysants pour la sensuelle et séduisante Isabelle mais aussi pour le public qui se prend à rêver d'une idylle de cette ampleur... Bref, Un plan parfait est une bonne surprise, divertissante, amusante et parfois émouvante. Sans doute en deçà de L'arnacœur, il est vrai, mais ne boudons pas notre plaisir de redécouvrir cette sympathique comédie romantique qui affiche désormais les douze ans d'âge...

 

vendredi 26 janvier 2024

Bonne conduite de Jonathan Barré (2023) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Il y a des patronymes qui ne trompent pas sur la marchandise. Jonathan Barré est né à Quimper et pour son troisième long-métrage, l'auteur de l'émission Very Bad Blagues avec Grégoire Ludig et David Marsais du Palmashow signe peut-être là, sa meilleure comédie. Si le fait que le duo continue depuis les débuts du réalisateur, scénariste et producteur à graviter autour de lui puisse être davantage envisagé comme un projet entre potes plus que celui d'un homme simplement fidèle à ceux qui lui ont permis de mettre le pied à l'étrier du septième art, le risque de voir la carrière de Jonathan Barré tourner en rond ne semble pour l'instant pas d'actualité. Son approche du cinéma semble au contraire mûrir l'idée selon laquelle s'approcher du brûlant et antinomique astre solaire de la comédie noire ne peut être que la meilleure voie menant à la consécration. Après le très anecdotique La Folle Histoire de Max et Léon en 2016 et Les vedettes en 2022, Bonne conduite imprimait l'année suivante un ton nettement plus abrupte même si là encore, la part belle est d'abord offerte à la comédie. C'est peut-être d'ailleurs cela que l'on reprochera en priorité au nouveau long-métrage du français qui par conséquence ne coche absolument pas toutes les cases du film culte ! Le double sens du titre n'étant pas tout à fait représentatif du cynisme qui imprime l’œuvre dans son ensemble, c'est peut-être outre-Atlantique qu'ils ont su le mieux saisir le message du film qui là-bas a été retitré Serial Driver. La maturité passe ici chez Jonathan Barré par l'emploi d'une Laure Calamy dont la carrière s'est déjà envolée depuis un certain nombre d'années. Rappelons simplement sa participation aux tournages du phénoménal Seules les bêtes de Dominik Moll en 2019 ou des excellents Antoinette dans les Cévennes de Caroline Vignal en 2020 et A plein temps d'Eric Gravel en 2021. Une actrice qui laisse moins de place à l'image au duo Grégoire Ludig et David Marsais tout en évitant de les écraser par sa seule présence.


Car on ne sait plus alors qui des uns ou de la troisième est la véritable vedette de cette comédie noire à la française. La Belgique n'étant qu'à sept ou huit-cent kilomètres de la ville d'origine du cinéaste, on aurait sans doute apprécié qu'il s'y arrête afin de s'imprimer de cet humour si particulier dont le cinéma belge est si coutumier. Car si Bonne Conduite est une œuvre très intéressante puisque tournant autour des questions de l'être cher disparu dans un grave accident de voiture, du deuil, de la vengeance ou de l'éducation des automobilistes en infraction avec certains codes de la route, Jonathan ne semble pouvoir s'empêcher de griller toutes les cartouches qui auraient permis à son troisième long-métrage de ne pas être simplement la comédie qu'il est, ponctuée, il est vrai de quelques idées tordues comme celle de faire de Laure Calamy/Pauline Cloarec une tueuse en série se vengeant de la mort de son compagnon. Le duo Grégoire Ludig et David Marsais incarnent deux flics dont l'un vient tout juste de débarquer de Narbonne. Jonathan Barré tente bien de jouer avec certains clichés typiques de la Bretagne où se situe justement l'action mais le fait avec une telle retenue que certaines répliques ne fonctionnent pas vraiment. Au titre des principaux interprètes, n'oublions pas l'acteur Tchéky Karyo qui après une longue et très appréciable carrière incarne ici un substitut du Jean-Claude Convenant de la série Caméra Café qui préférerait le trafic de drogue au porte à porte. Nanti d'une petite moustache ringardisant immédiatement son personnage, à l'image de la toujours impeccable Laure Calamy, il élève un peu le propos même si là encore, le cynisme est insuffisamment exploité. Si l'on ne s'ennuie jamais, quelque chose d'imperceptible manque à Bonne conduite qui semble retenir chacun de ses coups et ne jamais aller vraiment au fond des choses. De fait, Jonathan Barré transforme sa comédie à usage courant pour les amateurs d'humour noir en petite espièglerie sans dangers qui rappelle parfois la sympathique série humoristique créée en 2019 par Igor Gotesman, Family Business même si, évidemment, le sujet n'est pas le même...

 

mardi 5 septembre 2023

Antoinette dans les Cévennes de Caroline Vignal (2020) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Antoinette dans les Cévennes, c'est tout d'abord une histoire originale contée par l'écrivain écossais Robert Louis Stevenson dans son ouvrage Voyage avec un âne dans les Cévenneset que la scénariste et réalisatrice française Caroline Vignal (qui réalise ici son deuxième long-métrage vingt ans après Les Autres Filles en 2000) décide de mettre en scène plus de cent-quarante ans après sa première parution en juin 1879. Antoinette dans les Cévennes, c'est ensuite l'actrice Laure Calamy, qui depuis cinq ou six ans se montre de plus en plus présente dans les salles de cinéma avec, pour le moment, pas moins de trois projets de films pour cette seule année 2021. Et si les titres à eux seuls de Être en mouvement d'Eric Gravel, Une femme du monde de Cécile Ducrocq et L'Origine du mal de Sébastien Marnier semblent la promesse d'une continuité dans l'hétéroclite pour cette charmante actrice capable de jouer dans l'incroyable thriller de Dominik Moll Seules les Bêtes tout en persévérant dans la comédie façon Une Belle Équipe de Mohamed Hamidi, ce sera sans doute désormais ne serait-ce pour sa seule présence que les foules se déplaceront vers les salles de cinéma. Du moins, lorsque celles-ci rouvriront grandes leurs portes...


Ceux qui reprochent à la comédie française de se reposer un peu trop souvent sur ses lauriers vont enfin pouvoir se calmer. Voire se taire religieusement devant cette petite comédie dont le terme de légèreté n'est pour une fois pas à prendre au sens péjoratif. Antoinette dans les Cévennes nous conte l'histoire d'Antoinette (Laure Calamy, donc), institutrice folle amoureuse de Vladimir (Benjamin Lavernhe), son amant, lui-même marié à Eléonore (Olivia Côte) et père de l'une de ses élèves. Alors qu'ils avaient prévu de se retrouver régulièrement en cachette lors de la première semaine des grandes vacances, Vladimir annonce à Antoinette que son épouse a bouleversé leur projets : en effet, il a été décidé que la petite famille partirait dans les Cevennes pour une dizaine de jours sur les traces de Robert Louis Stevenson et de son livre Voyage avec un âne dans les Cévennes. Déçue mais pas complètement abattue pour autant, la jeune institutrice décide d'en faire autant et, sans prévenir Vladimir, la voilà qui réserve une chambre dans un gîte dans l'espoir d'y retrouver Vladimir. Le début d'une aventure hors du commun, entre rencontres, amitiés et déceptions...


Aventure hors du commun en effet puisque Antoinette dans les Cévennes peut s'envisager comme une sorte de road movie campagnard, une randonnée cévenol aux paysages aussi majestueux que féeriques. La photographie de Simon Beaufils insiste d'ailleurs sur ce point en rendant toute leur beauté à certains paysages qui se nimbent alors d'une lumière parfois surréaliste. L’œuvre de Caroline Vignal se base essentiellement sur des rencontres mais aussi sur de grandes séquences lors desquelles le scénario est porté aux nues par une Laure Calamy exemplaire. Si l'on a au départ beaucoup de mal à imaginer la teneur de ce qui va suivre, il faut savoir prendre patience et surtout se laisser aller à ce conte pour grands et petits enfants qui transforme parfois son histoire en jeu de piste amoureux illusoire d'où va naître un étrange mais irrésistible rapport entre l'héroïne et son âne prénommé Patrick. Antoinette dans les Cévennes offre donc de bien belles images et même une certaine forme de poésie que l'on ne rencontre en général que dans les contes. Lorsqu'Antoinette se réveille en pleine nature par exemple, un renard, une chouette ainsi que l'âne Patrick attendant sagement auprès d'elle que la jeune femme se réveille. Laure Calamy a parfaitement su incarner son personnage de jeune femme pétillante et amoureuse. Antoinette dans les Cévennes est une œuvre chaleureuse qui en ces temps troublés fait un bien fou...


 

lundi 15 mai 2023

L'origine du mal de Sébastien Marnier (2022) - ★★★★★★★★☆☆



Depuis qu'il a pris son envol afin de poursuivre une carrière en solitaire, le réalisateur et scénariste français Sébastien Marnier a accouché de trois brillants longs-métrages dans le domaine du thriller. Dans Irréprochable en 2016, il a notamment offert l'un de ses plus grands rôles à l'actrice et ancienne membre de la troupe des Robins des Bois, Marina Foïs. Deux ans plus tard, en 2018, ce fut au tour de Laurent Lafitte de bénéficier du talent de Sébastien Marnier pour l'écriture et la mise en scène puisqu'il interpréta le rôle principal de l'excellent L'heure de la sortie. Il aura fallut attendre quatre ans avant que le réalisateur ne revienne sur le devant de la scène cinématographique hexagonal avec L'origine du mal dont il assure, une fois encore, la mise en scène, la direction d'acteurs ainsi que l'écriture du scénario. Cette fois-ci, c'est au tour de l'actrice Laure Calamy d'être au centre d'un récit formidablement construit autour d'une famille dont la majorité des membres ne se soucie que de l'immense fortune que détient le patriarche (Jacques Weber dans le rôle de Serge). Depuis presque vingt-cinq ans, Laure Calamy enchaîne les tournages avec une régularité de métronome, s'associant parfois à d'authentiques auteurs pour de toutes authentiques pépites. On pense notamment au remarquable Seules les bêtes de Dominik Moll ou au très rafraîchissant Antoinette dans les Cévennes de Caroline Vignal. Concernant le dernier long-métrage de Sébastien Marnier, le ton s'éloigne drastiquement de l’œuvre légère qui mettait deux ans auparavant en scène une Laure Calamy pleine de vie. Dans le contexte de ce thriller parfois très sombre auquel son auteur imprime un cynisme de haute volée, L'origine du mal ressemble parfois au produit d'une idée émergeant dans l'esprit d'un fan d'Agatha Christie et de Whodunit. Sauf qu'ici, les cadavres ne s'empilent pas et que le seul meurtre auquel les spectateurs assisteront délivrera immédiatement l'identité de celui ou celle qui l'aura commis ! Quoique un mystère continuera d'entourer ces quelques gros plans sur des boissons ingurgitées par la future victime et que l'on évaluera rapidement comme étant des poisons dilués dans des cafés avec parcimonie afin de tuer le ''monstre'' à petit feu...


L'intrigue du film se concentre tout d'abord autour de Stéphane qu'interprète donc Laure Calamy. Une jeune femme un brin mythomane amoureuse d'une taularde (Suzanne Clément) à laquelle il reste deux ans de prison à exécuter avant d'être libérée. Employée dans une fabrique de poissons en conserve, Stéphane décide un jour de renouer avec le père qu'elle n'a jamais connu et ainsi faire connaissance avec les autres membres de la belle-famille. L'origine du mal aurait tout aussi bien pu n'être qu'une chronique familiale dramatique mais c'était sans compter sur l'esprit tordu de Sébastien Marnier qui n'arrange rien et va en premier lieu compliquer les rapports entre Stéphane, sa belle-sœur George (Doria Tillier, remarquablement glaçante), sa belle-mère Louise (Dominique Blanc, parfaitement exubérante) ou même la domestique Agnès (Véronique Ruggia Saura qui fut notamment présente sur les tournages des deux précédents longs-métrages du réalisateur). Dans cette ''affaire familiale'' donnant l'impression que tout le monde attend que le vieux Serge passe de vie à trépas afin de pouvoir hériter de sa fortune, Stéphane arrive forcément comme une pièce rapportée relativement gênante puisque en théorie, celle-ci pourrait prétendre à une part du gâteau. Vu de très loin, L'origine du mal peut paraître être d'un classicisme déconcertant. C'est vrai. Quoi de moins original qu'une œuvre mettant en scène les membres d'une riche famille se querellant au sujet de la fortune personnelle du patriarche ? Sauf que le principal atout scénaristique du long-métrage ne réside absolument pas dans ces affrontements qui restent au demeurant absolument jouissifs au niveau des dialogues et des réparties, mais bien autre part. Dans la psychologie du personnage incarné par Laure Calamy et à travers les révélations qui viendront plus tard pointer le bout du nez histoire d'en rajouter une bonne couche dans un scénario déjà pas mal gratiné en matière de cruauté et de cynisme. Le film est surtout remarquablement incarné par une troupe d'interprètes qui se prêtent tous à ce réjouissant jeu de massacre...

samedi 11 avril 2020

Seules les Bêtes de Dominik Moll (2019) - ★★★★★★★★★★



Du Causse Méjean jusqu'à Abidjan, le réalisateur français Dominik Moll, auteur de Harry, un Ami qui vous veut du Bien en 2000, Lemming en 2005 ou Des nouvelles de la Planète Mars en 2016 filme ce qui demeure rien moins que son meilleur film. Une œuvre labyrinthique aux ramifications multiples. Un thriller tendu jusqu'à la corde en milieu paysan et dans les bidonvilles de l'ancienne capitale administrative et politique de Côte d'Ivoire. Une véritable leçon de mise en scène, de montage et d'écriture. Preuve s'il en est que le cinéma français à encore de belles années à vivre devant lui. Seule les Bêtes est d'une subtile concision. Mais quel rapport peut donc entretenir le cadavre d'Evelyne Ducat (l'actrice Valeria Bruni Tedeschi) avec le fermier bourru Joseph Bonnefille (Damien Bonnard), l'éleveur de bétail Michel Farange (Denis Ménochet), la jeune Marion (Nadia Tereszkiewicz) ou encore l'abidjanais Armand (Guy Roger N'Drin) ? C'est cette question (et à tant d'autres) à laquelle tente de répondre le long-métrage de Dominik Moll, et d'expliquer dans quelles circonstances Evelyne est morte. Le cinéaste accouche d'une œuvre absolument remarquable, entre drame rural et Agatha Christie, le spectateur ne sortira pas indemne de ce jeu de rôle maîtrisé de bout en bout.

Difficile d'évoquer le scénario sans livrer les clés du mystère. Disons que le récit tourne autour d'un événement dont l'intervention va avoir sur le reste de l'intrigue des conséquences inattendues de la part des protagonistes. Un effet boule de neige dont personne ne sortira indemne. Le scénario de Dominik Moll et Gilles Marchand s'inspire du roman éponyme de l'écrivain français Colin Niel. Le réalisateur exploite l'austérité de la campagne cévenole plongée dans un hiver glacial pour noyer le poisson et perdre le spectateur dans un doute profond. Bien que certains protagonistes puissent être rapidement écartés des éventuels suspects, trois d'entre eux vont nourrir la suspicion. Pourtant, plutôt que de s'acharner à épaissir son intrigue d'un voile opaque autre que celui causé par les intempéries, Dominik Moll distille au compte-goutte des indices qui laissent entrevoir la terrible réalité. Et pour cela, le réalisateur applique une technique couramment utilisée qui consiste en une série de flash-back dont la particularité est de revenir de manière récurrente sur certaines situations tout en les filmant du point de vue des différents personnages. C'est donc sous des angles inédits que nous sont proposées certaines séquences qui alors, prennent un sens nouveau.

En la matière, Laurent Roüan propose un montage précis respectant un cahier des charges rigoureusement métronomique. Ce qui, chez le spectateur prend concrètement la forme d'une vue de l'esprit qu ne sera étayée que lorsque l'ensemble des pièces du puzzle seront réunies. Autant dire que s'il en manquait une, tout l'édifice s'écroulerait. Ce qui fort heureusement n'est pas le cas. Outre la réalisation et le montage, Seules les Bêtes bénéficie de tout un panel d'efforts alloués à la mise en chantier d'une œuvre entièrement vouée à ses interprètes. En retour, ceux-ci entreprennent tous d'une manière égale et linéaire de donner vie à leur personnage respectif. Qu'il s'agisse de Denis Ménochet, de Laure Calamy (épatante dans le rôle d'Alice Farange, l'épouse de Michel), de Valeria Bruni Tedeschi ou de n'importe quel autre interprète, tous font preuve d'une flamboyante expertise. À titre d'exemple, c'est ainsi que Michel apparaîtra tour à tour inquiétant, puis naïf, allant même jusqu'à en perdre tout son sens du raisonnement. Évoquons également la partition musicale du compositeur allemand Benedikt Schiefer qui après avoir signé une majorité de bandes-son pour certains de ses homologues, compose pour Seules les Bêtes, une partition poétique et envoûtante cernant avec aisance l'atmosphère pesante du film. On peut donc raisonnablement considérer le dernier long-métrage de Dominik Moll comme un authentique chef-d’œuvre du polar français, et du thriller tout court. Un must !

lundi 6 avril 2020

Une Belle Equipe de Mohamed Hamidi (2020) - ★★★★★★★☆☆☆



Après les hommes et la natation synchronisée (Le Grand Bain de Gilles Lellouche), les handicapés et le basket (Chacun Pour Tous de Vianney Lebasque), les homosexuels et le water-polo (Les Crevettes Pailletées de Cédric Le Gallo et Maxime Govare), voici qu'est mise en lumière une discipline qui, il n'y a pas si longtemps, était ''réservée'' aux hommes : le football féminin. Ce sont donc cette fois-ci les femmes qui sont mises à l'honneur avec Une Belle Équipe de Mohamed Hamidi, dont le sympathique Jusqu'ici tout va bien était sortit sur les écrans français début 2019. Du football et des femmes ? Pourquoi pas ! C'est ce que l'on appelle la parité et il n'y a aucune raison pour qu'elles se contentent de laver le short et le maillot de leur conjoint. Par contre, il va bien falloir qu'un jour on cesse d'essorer le sujet jusqu'à ce qu'il n'en demeure plus une goutte ! Parce qu'à force de reprendre toujours le même thème en ne lui accordant qu'une légère variante (pour faire avaler la pilule à un public qui ne se rend apparemment pas encore compte qu'on le prend pour un idiot), le cinéma français va finir par tourner en rond et se mordre la queue. Rien ne nous dit d'ailleurs que l'on ne verra pas très bientôt sur grand écran une équipe de volley-ball exclusivement constituée d'hommes de petite taille, du tir à l'arc pour non voyants, ou un championnat d'haltérophilie réservé aux transgenres. Essayez donc ensuite d'aller défendre la comédie française face à ceux qui la dénigrent quant on ne nous propose plus dans les salles obscures, qu'une succession de ''Copier/coller'' du dernier grand succès comique de l'année (Le Grand Bain en 2018, soit dit en passant).

Faut-il pour autant rejeter en bloc le concept de Une Belle Équipe ? Pas forcément, non. Que l'on soit pour ou contre l’équité, macho ou pas, que l'on aime le foot ou qu'il nous sorte par les yeux, tout ce que l'on est en droit d'attendre du long-métrage de Mohamed Hamidi, c'est qu'il nous fasse rire, ou du moins, nous divertir sans que jamais, nous n'ayons le sentiment de n'être face qu'à un ersatz de l'excellent Le Grand Les Crevettes Pailletées. Peut-être même qu'il conviendra à ces ''nerveux'' qui s'excitent devant leur télé dès que l'on évoque la diffusion du moindre match de football féminin, de découvrir que même leurs épouses pourraient un jour cracher des ''enfoiré !'', ''enculé !'' ou tout autre gracieuseté à un arbitre refusant l'obtention d'un but au profit de leur équipe préférée. D'un point de vue de la mise en scène, le réalisateur se repose sur des acquis instaurés par ceux qui se sont engouffrés dans la brèche les premiers. C'est donc du classique que Mohamed Hamidi nous propose en mettant à l'honneur comme tant d'autres de nos jours, une petite ville du nord pourtant sortie de l'imaginaire des scénaristes Alain-Michel Blanc, Camille Fontaine et Mohamed Hamidi. En effet fictive, le tournage a quand même eu lieu dans une commune française des ''Hauts de France'', à Douai, où ont notamment vu le jour le réalisateur Christian de Challonge et l'humoriste Hugues Duquesne.

''Il faut choisir son camp...''

C'est donc dans la petite commune imaginaire de Clourrières que le réalisateur installe toute son équipe, et notamment un casting riche des présences de Kad Merad, Alban Ivanov (très à la mode actuellement), David Salles, André Wilms ou Guillaume Gouix. Côté femmes, Céline Sallette, Sabrina Ouazani, Laure Calamy ou encore Myra Tyliann, Manika Auxire et Marion Mezadorian viennent le compléter fort logiquement puisque toutes unies, elle feront partie de l'équipe de football féminin de Clourrières et porteront short, maillot et chaussures à crampons. Si le sujet n'est pas neuf, on se surprend tout de même à rire parfois. Et même assez souvent à vrai dire. Manika Auxire fait l'unanimité avec son franc parler, Laure Calamy est jubilatoire dans le rôle de l'épouse se rebellant, Sabrina Ouazani est touchante en reprise de justice et Céline Sallette est épatante en nouvelle directrice du club de foot. Du coté des hommes, Kad Merad fait le taf même s'il reste toujours aussi inexpressif, Alban Ivanov est drôle en Mimil pas très finaud. Quant à Guillaume Gouix, Frédéric Pellegeay et David Salles, ils campent (surtout pour les deux derniers), une belle brochette de connard machos. On a évidemment droit à tous les poncifs du genre. Entre les moqueries de la part de ces messieurs et leur incapacité à s'occuper des enfants lorsque leurs épouses sont à l’entraînement. Après, Une Belle Équipe fonctionne autour d'un scénario ultra-minimaliste et surtout, peu profond. Ce qui n'empêche pas la comédie de Mohamed Hamidi de respirer la bonne humeur. Impossible de s'ennuyer devant cette équipe de foot féminin plutôt réjouissante...

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