Depuis qu'il a pris son
envol afin de poursuivre une carrière en solitaire, le réalisateur
et scénariste français Sébastien Marnier a accouché de trois
brillants longs-métrages dans le domaine du thriller. Dans
Irréprochable en
2016, il a notamment offert l'un de ses plus grands rôles à
l'actrice et ancienne membre de la troupe des Robins
des Bois,
Marina Foïs. Deux ans plus tard, en 2018, ce fut au tour de Laurent
Lafitte de bénéficier du talent de Sébastien Marnier pour
l'écriture et la mise en scène puisqu'il interpréta le rôle
principal de l'excellent L'heure de la sortie.
Il aura fallut attendre quatre ans avant que le réalisateur ne
revienne sur le devant de la scène cinématographique hexagonal avec
L'origine du mal
dont il assure, une fois encore, la mise en scène, la direction
d'acteurs ainsi que l'écriture du scénario. Cette fois-ci, c'est au
tour de l'actrice Laure Calamy d'être au centre d'un récit
formidablement construit autour d'une famille dont la majorité des
membres ne se soucie que de l'immense fortune que détient le
patriarche (Jacques Weber dans le rôle de Serge). Depuis presque
vingt-cinq ans, Laure Calamy enchaîne les tournages avec une
régularité de métronome, s'associant parfois à d'authentiques
auteurs pour de toutes authentiques pépites. On pense notamment au
remarquable Seules les bêtes
de Dominik Moll ou au très rafraîchissant
Antoinette dans les Cévennes
de Caroline Vignal. Concernant le dernier long-métrage de Sébastien
Marnier, le ton s'éloigne drastiquement de l’œuvre légère qui
mettait deux ans auparavant en scène une Laure Calamy pleine de vie.
Dans le contexte de ce thriller parfois très sombre auquel son
auteur imprime un cynisme de haute volée, L'origine
du mal
ressemble parfois au produit d'une idée émergeant dans l'esprit
d'un fan d'Agatha Christie et de Whodunit.
Sauf qu'ici, les cadavres ne s'empilent pas et que le seul meurtre
auquel les spectateurs assisteront délivrera immédiatement
l'identité de celui ou celle qui l'aura commis ! Quoique un mystère
continuera d'entourer ces quelques gros plans sur des boissons
ingurgitées par la future victime et que l'on évaluera rapidement
comme étant des poisons dilués dans des cafés avec parcimonie afin
de tuer le ''monstre'' à petit feu...
L'intrigue
du film se concentre tout d'abord autour de Stéphane qu'interprète
donc Laure Calamy. Une jeune femme un brin mythomane amoureuse d'une
taularde (Suzanne Clément) à laquelle il reste deux ans de prison à
exécuter avant d'être libérée. Employée dans une fabrique de
poissons en conserve, Stéphane décide un jour de renouer avec le
père qu'elle n'a jamais connu et ainsi faire connaissance avec les
autres membres de la belle-famille. L'origine du
mal aurait
tout aussi bien pu n'être qu'une chronique familiale dramatique mais
c'était sans compter sur l'esprit tordu de Sébastien Marnier qui
n'arrange rien et va en premier lieu compliquer les rapports entre
Stéphane, sa belle-sœur George (Doria Tillier, remarquablement
glaçante), sa belle-mère Louise (Dominique Blanc, parfaitement
exubérante) ou même la domestique Agnès (Véronique Ruggia Saura
qui fut notamment présente sur les tournages des deux précédents
longs-métrages du réalisateur). Dans cette ''affaire familiale''
donnant l'impression que tout le monde attend que le vieux Serge
passe de vie à trépas afin de pouvoir hériter de sa fortune,
Stéphane arrive forcément comme une pièce rapportée relativement
gênante puisque en théorie, celle-ci pourrait prétendre à une
part du gâteau. Vu de très loin, L'origine du
mal
peut paraître être d'un classicisme déconcertant. C'est vrai. Quoi
de moins original qu'une œuvre mettant en scène les membres d'une
riche famille se querellant au sujet de la fortune personnelle du
patriarche ? Sauf que le principal atout scénaristique du
long-métrage ne réside absolument pas dans ces affrontements qui
restent au demeurant absolument jouissifs au niveau des dialogues et
des réparties, mais bien autre part. Dans la psychologie du
personnage incarné par Laure Calamy et à travers les révélations
qui viendront plus tard pointer le bout du nez histoire d'en rajouter
une bonne couche dans un scénario déjà pas mal gratiné en matière
de cruauté et de cynisme. Le film est surtout remarquablement
incarné par une troupe d'interprètes qui se prêtent tous à ce
réjouissant jeu de massacre...
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