Quel étrange film que
Swallowed
de Carter Smith. Il s'agit du premier long-métrage pour ses deux
principaux interprètes Cooper Koch et Jose Colon. Colon... ? Un
patronyme prédestiné pour celui qui dans le rôle de Dom va se
faire extraire les boulettes de drogue d'une nature étonnante que
contenait jusque là son estomac par son compagnon Benjamin. Deux
gravures de mode qui vont connaître la pire soirée et la pire
journée de leur existence. C'est en effet parce que Dom a voulu
aider financièrement son petit ami pour son futur projet que les
deux hommes vont être contraints par arme à feu, à jouer les mules
et ainsi faire passer la frontière, des boulettes renfermant une
drogue d'un genre tout à fait inédit. Si la très belle affiche
force un peu trop sur la connotation sexuelle qui parasite le
long-métrage dans son ensemble (Nous n'avons effectivement pas
obligatoirement besoin d'entrer dans les détails intimes de ce
couple gay), elle donne en outre une indication sur le déroulement
de l'aventure que s'apprêtent à vivre Dom et Benjamin (lequel
espère faire carrière dans le porno-gay !!!). Un titre en forme de
chibre qu'avale le second et dont le prolongement ressemble aux
parasites chers aux Cronenberg père et fils...
La
comparaison s'arrêtera cependant là puisque le talent de
l'américain n'égalant pas celui des canadiens, Swallowed
est
indéniablement inférieur aux œuvres dont il semble parfois
s'inspirer. L'un des gros points noir du long-métrage de Carter
Smith se situe au niveau du rythme. L'on a l'inconfortable impression
que le récit se déroule dans son intégralité en apesanteur. Et ce
ne sont pas les interventions de Jena Malone dans le rôle d'Alice et
de Mark Patton dans celui de Rich qui vont désamorcer cette
impression de flottement qui règne au sein de ce thriller horrifique
relativement mou et dont les quatre-vingt seize minutes auraient
probablement pu être réduites de moitié. Le film fait la part
belle à la communauté lgbtqia2s+
puisqu'à part un redneck hétéro, obèse, violent et dénué de
tout neurone, le film met en scène trois homosexuels et une
lesbienne ! Passées ces considérations qui énerveront les
intégristes de l'hétérosexualité et laisseront indifférents ceux
qui n'accordent comme intérêt au film que son scénario, le film
bénéficie parfois d'une bonne ambiance. Surtout lors des séquences
nocturnes, accompagnées par l’envoûtante partition musicale du
compositeur Christopher Bear...
Interviennent
donc ensuite Alice et Rich qui tout deux ont monté une affaire de
trafic de drogue lucrative. Enfin, surtout pour le
second puisque la première semble être surtout à sa botte.
L'acteur gay Mark Patton assume ici totalement son homosexualité,
trente-sept ans après avoir été le héros de La revanche de
Freddy
dont le contenu implicitement homo-érotique n'était connu ni du
réalisateur Jack Sholder (notamment auteur du génialissime The
Hidden)
ni de l'acteur lui-même. En ''bandit'' ultra-maniéré, au visage
émacié et ''savamment'' abîmé par le temps, le personnage incarné
par Mark Patton délivre un message érotique quasi permanent,
délaissant de manière invraisemblable la question des boulettes de
drogue alors qu'un instant auparavant Rich nous expliquait qu'après
récupération de ces dernières, il lui ne lui restait que vingt
minutes pour les reconditionner ! Carter Smith force le curseur
de telle manière que le sujet indispose davantage dans sa manière
d'évoquer la sexualité de ses personnages que dans l'approche
horrifique ou le thriller. S'éternisant ad
nauseam sur
la manière d'expulser la drogue non pas à l'aide de laxatifs comme
cela est, me semble-t-il, généralement d'usage mais en pratiquant
de longues et pénibles séances de Fist-fucking,
insistant énormément sur l'attirance de Rich pour le sculptural
Benjamin jusqu'à l'inviter à se désaper devant lui avant de se
plonger dans un bain (prétexte fallacieux permettant ainsi de
récupérer la dernière boulette de drogue), Swallowed
évoque avec autant de crudité l'univers et notamment la trilogie
Teenage Apocalypse
Trilogy du
cinéaste américain Gregg Araki. Sauf que dans le cas présent, tout
sent le forcé. Sur un rythme léthargique qui épuisera les moins
patients avant que n'intervienne le générique de fin, Carter Smith
signe une œuvre poussive et artificiellement démonstrative dans son
choix de provoquer le spectateur lors de séquences suggérées se
montrant donc finalement peu transgressives et qui perdurent un peu
trop dans le temps...
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